19/04/2017 – 07H30 Nantes (Breizh-info.com) – Valérie Fayet dirige le chœur de l’ONPL (Orchestre National des Pays de la Loire) dans le Requiem allemand de Johannes Brahms. De belles soirées en perspective, pour les mélomanes de Batz-sur-mer le 29 avril, d’Angers le 3 mai, et de Nantes le 4 mai.
Achevé par Brahms en 1868, trois ans après la mort de sa mère, ce Requiem, contrairement à ceux de Berlioz (1837) ou de Verdi (1874), ne comprend aucun texte latin, ni aucune partie du rituel catholique, seulement des textes piochés par le compositeur dans la traduction luthérienne de la Bible. D’où son titre de Requiem allemand.
La version avec orchestre fut longtemps la plus fréquemment exécutée, toujours avec succès, et souvent avec des effectifs instrumentaux ou vocaux abusivement démultipliés. Restée longtemps méconnue, voire inconnue, celle avec piano à quatre mains, offerte par le compositeur lui-même à Clara Schumann, revient en force dans les concerts depuis quelques années. C’est celle choisie par Valérie Fayet. Outre qu’elle évite les soirées à budget trop lourd, elle permet aussi d’entendre dans les parties vocales tout un travail de nuances harmoniques très colorées qui, sans être intimistes, se trouvent souvent couvertes par l’orchestre. Voici donc une version pour chœur accompagné, qui laisse discerner une œuvre différente de celle pour chœur et orchestre symphonique : l’écriture vocale, donnée presque à découvert, y occupe tout le premier plan.
Nombre de critiques, à l’occasion de tel enregistrement de cette dernière version, ont regretté une certaine perte de puissance, voire de virulence salutaire, autorisée seulement par la confrontation du chœur et de l’orchestre. Voilà qui rappelle une vieille histoire, celle de l’Hallelujah du Messie de Haendel que les pompes de l’empire britannique firent exécuter dans des stades par des ensembles allant jusqu’à cinq cents instrumentistes et quatre mille choristes. Au point que l’écrivain et humoriste George Bernard Shaw demanda en 1913 qu’une loi fut votée au Parlement, menaçant de punir de mort toute personne faisant exécuter l’œuvre par plus de quatre-vingts interprètes.
Les concerts du chœur de l’ONPL vont permettre de dire si la prudence de Shaw ne mérite pas d’être appliquée au Requiem de Brahms qui a, lui aussi, souffert d’exécutions boursouflées d’effets et d’emphases que la musique n’appelait pas nécessairement. L’art de Brahms, très souvent, est logé dans la conduite subtile des parties intermédiaires ou médianes, les plus difficiles à mettre en évidence, et les plus faciles à écraser.
Jean-François Gautier
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