12/04/2017 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Tous les soutiens de Benoît Hamon s’étaient donnés rendez-vous le 7 avril à Rezé (44) pour écouter Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux et « guest star » de la soirée.
Côté participation, cette réunion ne fut pas un échec : 1 300 personnes environ qui veulent encore y croire malgré les mauvais sondages (moins de 10 % pour le candidat du PS et des écolos) – ils n’iront pas toutefois jusqu’à scander « on va gagner » !
Le premier intervenant, Gérard Allard, maire de Rezé – fief socialiste depuis 1959 – a pour mission de chauffer la salle. Il va significativement y réussir lorsqu’il vantera l’action de sa municipalité pour l’accueil et l’intégration des Roms : « c’est ça une ville de gauche et un avenir multiculturel ». Après la longue et soporifique intervention d’une responsable écologiste, la maire de Nantes, Johanna Rolland, tente d’éveiller la salle en fustigeant « la vieille droite, celle qui a le pire des programmes, celle de Sens commun et de la Manif pour tous, la plus violente, la plus réac… », avant de vanter une « ville d’ouverture et de tolérance dont les quartiers populaires fourmillent d’énergies et de talents ».
Longuement acclamée par les militants, Madame Taubira va énumérer et faire applaudir tous les élus, députés, sénateurs et maires présents, avant de faire le panégyrique de Nantes « ville de courage qui a su la première faire face à son histoire en organisant en 1992 l’exposition sur les Anneaux de la mémoire ». Elle cite le nom de Jean-Marc Ayrault dans un silence aussi glacial que révélateur.
Ancienne élue de Guyane, Christiane Taubira était attendue sur ce dossier d’actualité brûlante. Elle l’aborda par le lien entre Nantes et les territoires d’outre-mer, mais se contenta d’un long développement sur le potentiel de la France qui pourrait devenir grâce à eux la deuxième puissance maritime du monde. Un discours paradoxalement proche de celui de Marine Le Pen sur le même sujet.
« Nous c’est les idées et on est orphelin dans cette campagne »
Abordant l’élection présidentielle, l’ancienne ministre se fit plus virulente en dénonçant une campagne électorale « n’ayant ni sens ni dignité, aux stratégies foireuses et diversions minables », un François Fillon « arrogant et aux idées moisies ». Se faisant historienne, Christine Taubira voit chez Marine Le Pen une filiation « avec le boulangisme antiparlementaire et les ligues factieuses », avant d’ajouter que celle-ci est « l’héritière de Maurras, Drieu la Rochelle et Brasillach ». Pire, prévient-elle : « elle vient piquer, elle chaparde les figures de gauche comme Jaurès… Elle ment, elle manipule, désigne des boucs émissaires dans une mixture de haine ». Avant de conclure sa diatribe par un « nous c’est les idées et on est orphelin dans cette campagne ».
Un autre candidat « énerve » plus encore Taubira : Macron l’homme du « ni, ni, de, de, celui qui se veut ni de gauche ni, de droite et de gauche et de droite ». Un homme qui a osé « jeter dans le même panier le 10 mai 81 et le 6 février 34 » et là Taubira rage : « ce n’est plus de l’ignorance, c’est une injure ». Et de citer une nouvelle fois Robert Brasillach, le romancier et poète fusillé pour Collaboration le 6 février 1945 qui est manifestement à ses yeux la figure du mal par excellence.
Mais on est en campagne électorale et il faut faire vibrer le public aux souvenirs de la révolution de 1848, des victoires de 1936, de 1981, de 1997 (avec Jospin pour ceux qui ont la mémoire courte) et de 2012 même si « à la fin c’est les loups » (sic). Mais les militants ne lui en veulent pas de cette remarque amère. Extatiques, ils l’applaudissent à tout rompre. Ah oui, deux mots encore, Hamon président !
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