Fillon à Nantes : un discours national-libéral

28/03/2017/ – 07H40 Nantes (Breizh-info.com) – A Nantes, au parc des Expositions, ils sont venus nombreux pour soutenir François Fillon, le candidat qui défend, dans les conditions que l’on sait, les couleurs de la droite et du centre. Près de 5 000 militants de Vendée, de Maine et Loire, de la Mayenne, de la Sarthe et, bien sûr, de Loire-Atlantique avaient fait le déplacement. Un public enthousiaste, mais, électorat et horaire (18 h) obligent, les retraités composent une bonne majorité de l’assistance. En apparence, les classes bourgeoises fournissent le gros des troupes, au détriment des classes populaires…

Parmi les militants, le regard se porte sur une curiosité : un admirateur de De Gaulle qui porte un kilt écossais et tient fièrement un drapeau breton ! Il se souvient que sa flamme est née en1968, lorsque, dit-il, tant d’enfants de bonne famille ont voulu faire la révolution. Il a amené sa fille avec lui, sans doute dans l’espoir de lui transmette sa flamme ! On aurait aimé l’interroger sur le gaullisme aujourd’hui : est-il davantage défendu par Fillon, par Le Pen ou par Dupont-Aignan ? Mais le temps manquait pour approfondir la discussion avec ce curieux militant celto-gaulliste.

Car dès 18 heures, le chauffeur de salle lance des chants repris par une partie du public : « on va gagner », « Fillon président » ainsi que « la Marseillaise ». Puis, une musique techno aidant, l’atmosphère se réchauffe.

Président de la fédération LR de Loire-Atlantique, François Pinte tente, malgré sa voix qui semble cassée, d’exciter la foule. Il fait siffler Christine Angot, particulièrement agressive envers Fillon lors de l’émission politique jeudi dernier. Le public exulte. Il fait également siffler Macron, qui a osé dire que la France n’a pas de culture. Il regrette « une France qui s’écroule sur son identité car elle refuse de demander aux immigrés de respecter nos us et nos coutumes ».

Puis Bruno Retailleau, président de la Région Pays de la Loire, prend la relève. Souvent présenté comme un catholique conservateur, ce soutien indéfectible de François Fillon remercie les militants : « merci pour la force que vous lui donnez ». Il dénonce le bilan calamiteux de Hollande, fait siffler Christiane Taubira et critique, sans entrer dans le détail, le programme économique de Marine Le Pen. En effet, ses critiques les plus virulentes sont réservées à Emmanuel Macron, qu’il appelle « le dauphin, le fils héritier » parce qu’il reconstitue en ce moment, par ses soutiens, le gouvernement de Hollande. Il rappelle que Macron a scandaleusement qualifié la colonisation de crime contre l’humanité, à ses yeux pour « obtenir un vote communautariste ».

Sa dernière flèche est une boutade : « Macron, c’est Woodstock et Wallstreet à la fois ».

Très attendu du public, François Fillon monte sur scène détendu et souriant. Il énonce tout de suite que « les français sont en colère contre ceux qui veulent leur voler l’élection ».

Il commence par dire ce qu’il pense de ses principaux concurrents. Sa critique de Marine Le Pen est plutôt légère : « on dirait une poupée russe : vous choisissez Madame Le Pen, vous soulevez et c’est Monsieur Macron qui sort ». A l’inverse, il égratigne le monde médiatique, qui « déroule pour Macron un tapis rouge avec une telle complaisance ». Car selon lui, la gauche doit perdre cette élection, « cette gauche plurielle qui est devenue une gauche plus rien ».

Puis François Fillon évoque l’Edit de Nantes, « symbole de la tolérance et de la concorde entre tous les français », car « il ne faut pas laisser revenir le spectre des guerres de religion ». Il se garde toutefois d’expliciter un quelconque parallèle avec l’islam.

C’est alors qu’il revient sur « les affaires » et se plaint du traitement qui lui est réservé : « on décortique ma vie dans tous les sens ». Une fois de plus, il demande à être excusé : « j’ai fait des erreurs, mais qui n’en a pas fait ». Le public semble fatigué de ces justifications et attend un Fillon plus offensif.

C’est alors que François Fillon expose, enfin, une partie de son programme. Il commence par rappeler le poids de la dette publique « que nous trainons comme un boulet » et dévoile son double objectif : « parvenir au plein emploi et faire de la France en dix ans la première puissance en Europe ». Pour ce faire, il martèle que « la meilleure politique sociale, c’est celle du travail ». Il revendique son attachement aux idées libérales : « la liberté est économiquement efficace ». Il précise certaines mesures : réduire de 40 milliards les charges sociales des entreprises, supprimer les 35 heures et réformer le RSI (régime social des indépendants). Tout ceci provoque la joie du public, composé sans doute de nombreux commerçants et entrepreneurs. Il présente également son programme sur l’économie maritime, moins connu.

Il conclut son discours par une thématique déjà développée par Sarkozy lors de sa campagne victorieuse de 2007 : l’identité. Il affirme que « je ne sais pas si notre identité est heureuse ou malheureuse, je sais qu’elle est menacée ». Il s’adresse même aux « abandonnés de l’Europe, de la mondialisation et du système ». Il leur annonce qu’il veut « réformer l’Europe, réguler la mondialisation et éradiquer l’islamisme ». Mais il n’énonce aucune mesure précise et n’évoque pas l’immigration. Sans doute le temps manquait-il.

Pour conclure, aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité, il dit vouloir ajouter ceux d’autorité, de transmission et de souveraineté. Il demande alors aux militants de brandir « l’étendard de la France » et chante avec eux La Marseillaise.

En sortant du meeting, le public est gonflé à bloc. Fillon dégage en effet, comme à la télévision, une sérénité rassurante. Les militants avaient besoin de le voir. Ils se remontent le moral : « les sondages se plantent souvent », « la gauche est dans les choux », « Macron va se dégonfler »…

Mais viendra peut-être pour eux le temps du choix difficile si, le soir du premier tour, leur candidat est éliminé. Ils se demanderont alors si, de ce discours national-libéral, ils retiennent l’aspect libéral (et votent Macron) ou l’aspect national (et votent Le Pen)…

Pascal Marie

Crédit photo : Breizh-info.com
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Une réponse à “Fillon à Nantes : un discours national-libéral”

  1. TITUS dit :

    Discours sympathique, mais aseptisé qui ne livre aucune mesure concrète susceptible de préserver notre identité qu’il dit menacée. Car là est le sujet N°1 qu’aucun candidat n’a le courage d’aborder. Ce faisant ils donnent tous raison à ZEMMOUR, de VILLIERS, HOUELLEBECQ, et ONFRAY avec son dernier livre remarquable « Décadence ». Hélas !

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