Vide-greniers : attention aux revendeurs de biens volés !

28/03/2017 – 09h00 Nantes (Breizh-Info.com) –  Le printemps arrive, et avec lui les vide-greniers. Il y en avait bien une demi-douzaine ce dimanche 26 mars dans l’agglomération nantaise, dont deux à Nantes et deux à Rezé. Avec eux revient le risque – tant pour les organisateurs que les clients – d’acheter des biens volés, car certains trafiquants ou receleurs (fourgues) profitent de ces occasions pour écouler des produits de vols commis dans le département.

« Il y a eu de nombreux vols commis dans le département où les gens se faisaient voler des vêtements ; ensuite leurs auteurs, souvent issus de populations itinérantes d’origine française ou européenne, les revendaient dans les vide-greniers où il y a de faibles moyens de contrôle et où les gens ne font guère attention à ce qu’ils achètent », commente une source policière.

Normalement, il y a une réglementation stricte. L’organisateur doit faire établir un registre des vendeurs, coté et paraphé par le commissaire de police ou le maire du département (articles R 310-9 du code du Commerce et 321-7 du Code Pénal), avec les noms, prénoms, qualités et domicile de la personne, ainsi que le nom, le numéro et l’autorité qui a délivré sa pièce d’identité. Il doit aussi y avoir une attestation sur l’honneur de non-participation à deux événements de même nature au cours de l’année civile, pour les participants non-professionnels. Pour les personnes morales, il faut sa dénomination, son siège et les coordonnées de son représentant – de la même façon que pour une personne physique. Les professionnels doivent, eux, tenir un registre d’inventaire qui permette l’identification des objets et des personnes qui les ont achetées. Par ailleurs, la police a pris l’habitude de passer, au moins rapidement, lors des vide-greniers.

Cependant ces règles strictes sont peu voire mal respectées dans la réalité. Confirmation dans un vide-grenier de l’agglomération nantaise, où nous passons le 26 mars, en compagnie d’un brocanteur professionnel. Celui-ci s’arrête devant deux étals, l’un tenu par un jeune homme issu, à son accent, du Caucase russe, l’autre, par une jeune femme en jupe longue colorée. On y trouve des outils – planqués discrètement au fond, près des camions, dans des sacs et des bâches, des bijoux, des téléphones dans des bacs, un tas de chargeurs téléphoniques, et des vêtements de tailles diverses, en tas.

« La, ce sont des étals qui sont suspects », explique le brocanteur. « Par exemple, pour les téléphones ; combien on va en avoir, dans une famille. Pas vingt quand même ? Idem pour les chargeurs, on en a un par appareil, éventuellement un ou deux qui marchent pour tout, ça fait cinq six par famille. Un tas de 100 et quelques chargeurs empilés par terre, c’est suspect ». Il tique sur les outils – notamment un compresseur et de l’électro-portatif – à moitié planqué dans des bâches et des sacs. «Des gars qui vendent des outils, ça existe sur les vide-greniers. Soit ils en ont quelques uns et ils débarrassent les doublons de l’atelier familial, soit c’est un peu leur  »niche », ce sont des pros, ils n’ont rien à cacher et ils les mettent devant eux sur une bâche. Là, dans des sacs, prêts à être planqués à la première alerte, c’est bizarre, bizarre ».

Pour le client de ces étals, la probabilité est grande qu’ils achètent un bien volé – bref, qu’ils fassent l’infraction de « recel ». Même si la bonne foi se présume, il est difficile de prouver qu’on ignorait l’origine illégale du bien – s’il n’est pas remballé et accompagné de fausses factures par exemple, ce qui n’arrive que très rarement sur les brocantes. Si l’acheteur est reconnu de bonne foi, le propriétaire légitime peut réclamer son bien s’il a été volé il y a moins de 3 ans, en remboursant l’acheteur. S’il est reconnu de mauvaise foi – donc receleur – aucun délai ni remboursement ne s’applique.

Membre de l’organisation d’un vide-grenier dans l’agglomération nantaise, Myriam trouve que « parfois on a des doutes, mais on peut difficilement faire quelque chose. Déjà, avec certains, quand on veut aller encaisser le prix de l’emplacement, faut s’y prendre à plusieurs reprises et on se fait traiter de tous les noms. On a surtout des problèmes avec ceux qui viennent avec des camions, au point que l’an prochain, c’est fini, on interdira les camions, en espérant que ça les découragera de venir ».

Cela dit, dans la mesure où la structure organisatrice du vide-grenier a pris la peine de faire un règlement intérieur, elle peut prohiber la vente de certains objets (objets neufs, téléphones, armes, etc.) et faire quitter les lieux, sans remboursement du prix des emplacements, aux exposants qui seraient suspects de vendre des objets volés ou interdits par le règlement intérieur.

Membre d’un comité des fêtes dans la campagne nantaise, Bruno a une autre solution : faire évoluer à la hausse le prix des emplacements. « La première année, on a mis le prix de l’emplacement à 15 euros. On a eu tout un tas de soucis – vente d’objets clairement volés, un type qui a essayé de vendre des munitions non neutralisées, d’autres qui ne voulaient pas payer. On a du faire appel à la gendarmerie et faire dégager plusieurs exposants dans la matinée, manu militari ».

Du coup, à partir de l’année suivante, le prix de l’emplacement a été remonté de façon drastique. « Maintenant, c’est 40 euros. Ça les vaut, on a l’affluence qui va avec, et chaque année on refuse beaucoup de monde – ce qui permet de choisir, et de varier, d’ailleurs, pour ne pas avoir que des vêtements ou des jeux pour enfants. Mais ça a aussi comme conséquence collatérale de dégager toute une population de semi-professionnels qui confondent brocante et fourgue. Pour eux, c’est cher, et ils voient aussi qu’on surveille et qu’on est vigilants, donc à la première infraction, c’est dehors et ils en sont exclus à vie ».

Louis Moulin

Crédit Photos : breizh-info.com
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2 réponses à “Vide-greniers : attention aux revendeurs de biens volés !”

  1. Ligom dit :

    S’il n’y avait qu’un soucis au niveau des biens…
    En ouvrant les yeux (et les oreilles) deux secondes… La faune est parfois pour le moins loin de faire « couleur locale »…

  2. xerer dit :

    ça tient plus de la récup en déchetterie l’exemple donné ici

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