25/03/2017 – 09h00 Nantes (Breizh-Info.com) – Plus de 250 personnes étaient réunies jeudi 23 mars 2017 à 19h45 pour venir écouter Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement En Marche. Si la moyenne d’âge était assez élevée (sans doute aux alentours de 50 ans), de nombreux jeunes étaient présents. Une preuve qu’Emmanuel Macron arrive à mobiliser des militants de tous les âges.
Cette réunion publique de présentation du programme a finalement peu traité… du programme ! Les discours ont plutôt tourné autour de thèmes politiques.
Une équipe militante mobilisée à un mois de l’élection
Une demi-heure avant le début de la réunion publique, il est déjà compliqué de trouver une place autour de la salle festive Nantes nord. De nombreuses personnes sont déjà là afin d’assister à la réunion. Plusieurs dizaines de partisans de l’aéroport sont venus, bardés de leurs autocollants « Oui ».
A l’heure prévue, 19h45, les allocutions commencent. Ce sont d’abord les Jeunes avec Macron, surnommés les « JAM », qui se présentent et décrivent leur mobilisation à moins d’un mois de l’élection.
Vient ensuite Valérie Oppelt de Kerever, référente départementale qui égrène les nombreuses actions militantes effectuées par les militants En Marche sur le département.
Rally citoyen à Nantes, tractage à La Baule, marche des campagnes à Bouvron ou encore mise en place d’une « brigade à vélo », les militants ne chôment apparemment pas.
Très engagée autour de la problématique de l’égalité hommes-femmes, elle présente également l’initiative « Femmes en marche 44 ».
Enfin, elle rappelle les trois axes du projet présidentiel d’Emmanuel Macron : « Libérer, protéger et réconcilier ».
François de Rugy sur En Marche : « Enfin une recomposition politique ! »
C’est au tour de François de Rugy, député nantais, ancien d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et ancien candidat aux primaires de la gauche, de monter à la tribune.
Pendant près d’une demi-heure, le vice-président de l’Assemblée nationale détaille les raisons qui l’ont poussé à rejoindre Emmanuel Macron et En Marche. Il insiste sur la nouveauté de ce mouvement transpartisan : « Enfin une recomposition politique ! La logique des blocs est arrivée au bout. » Il cite comme exemple de l’atrophie politique les amendements pertinents de l’opposition rejetés « par principe » par les députés de la majorité alors même qu’ils sont parfois porteurs d’idées intéressantes.
Concernant le programme d’Emmanuel Macron, il ne cite aucune mesure particulière mais met malgré tout en avant son pragmatisme : « Ce projet part des réalités. J’ai toujours revendiqué d’être réaliste. »
Et, face à la possibilité d’une victoire de Marine Le Pen, François de Rugy s’insurge : « Cette année, je ne souhaite vraiment pas qu’une femme devienne présidente de la France ! » Il n’hésite pas à tacler ceux qui « croient que c’était mieux avant » : « Ce n’est pas vrai que c’était mieux avant. Qui a envie de vivre dans la France des années 70 ou 50 ? » Une petite phrase osée alors même que plus de 300 français sont morts dans des attentats islamistes en 2016 et que la société française est profondément divisée à cause de problématiques identitaires et économiques qui n’existaient pas dans les années 50 et 70.
Richard Ferrand évoque le programme de Macron
Dans un discours de plus de 45 minutes, Richard Ferrand, secrétaire général d’En Marche – au coeur d’une polémique – n’aura finalement abordé le programme que sur les 20 dernières minutes. Pointant avant tout du doigt les « structures politiques des partis » et le manque de « renouvellement », Richard Ferrand a appuyé sur la volonté d’Emmanuel Macron de redonner un nouveau souffle à la politique Française. Saluant la présence dans le mouvement En Marche de nombreux sympathisants et militants de tous les bords il a longuement attaqué les journalistes qui lui répétaient il y a quelques semaines encore qu’Emmanuel Macron n’avait pas de programme. Plutôt que de présenter ce programme pour les contredire, Richard Ferrand a préféré partir dans des considérations politiques et journalistiques un peu floues, dommage.
Reste que, quelques minutes plus tard, il a bien du s’exécuter, c’était l’objet de la réunion après tout !
Il a donc présenté 11 mesures du programme d’Emmanuel Macron.
Politique : Interdiction d’activité de conseil en parallèle à un mandat d’élu, interdiction d’embauche d’un membre de sa famille et obligation d’un casier vierge.
Travail : Suppression du RSI, pas de changement de la durée légale du travail, réforme de l’allocation chômage, augmenter les revenus des smicards de 300 € par an et ouverture du chômage aux démissionnaires.
Economie : Réduction de l’impôt sur les sociétés à environ 25 %.
Education : Réduction du nombre d’élèves à 12 dans certaines classes.
Retraites : Mise en place du dispositif de « points euros » proposé par Thomas Piketty.
Aïcha Boutaleb soulève la question de la laïcité et des discriminations
Aïcha Boutaleb est une personnalité associative nantaise bien connue. Directrice du Centre interculturel de documentation (CID) de Nantes, elle a rejoint Emmanuel Macron. Après l’allocution de Richard Ferrand, elle n’a pas hésité à l’apostropher sur la question de la laïcité évoquant, en creux, la situation des musulmans français face au rejet de la population. Disant sa satisfaction sur les positions d’Emmanuel Macron, elle avertit néanmoins : « Une frange de la population française [les musulmans, nldr], attend des clarifications sur la laïcité. Lutter contre les discriminations et les racisme, c’est faire rempart au Front national ! »
C’est donc par sa bouche que le débat lié à l’identité apparaît pour la première fois lors de cette soirée, jusque là uniquement tournée vers la politique politicienne et l’économie. Richard Ferrand s’empresse de la rassurer : « La question sociale est trop souvent gommée par la question religieuse, c’est une manière de vriller le débat. Pour les quartiers, Emmanuel Macron relancera la police de proximité et a fait le choix de porter la discrimination positive. »
Finalement, après plusieurs questions très (trop ?) techniques et une explication de François de Rugy sur son ralliement à En Marche, la salle se vide.
A noter qu’à la fin de cette soirée, Richard Ferrand a refusé de répondre à nos questions, sans doute trop gênantes…
Nicolas Faure
Photos : Breizh-Info.com
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