23/03/2017 – 07H10 Paris (Breizh-info.com) – Suite au débat présidentiel qui s’est déroulé lundi soir sur TF1 avec la moitié seulement des candidats à l’élection, nous avons interrogé Alain de Benoist, intellectuel, philosophe et politologue pour recueillir ses impressions.
Breizh-info.com : Qu’avez-vous pensé du « débat » organisé le lundi 20 mars sur TF-1 ? Pourriez-vous, candidat par candidat, définir ce que vous avez ressenti chez eux ?
Je n’en ai pas pensé grand-chose. Il était assez soporifique et les questions essentielles n’y ont pratiquement pas été évoquées. Jean-Luc Mélenchon, à mon avis, a nettement dominé les autres candidats.
En joignant le lyrisme aux arguments raisonnés, il a une fois de plus démontré qu’il est un véritable tribun. Emmanuel Macron a comme d’habitude parlé pour ne rien dire. François Fillon a défendu de façon un peu raide le point de vue ordo-libéral.
Marine Le Pen a été assez inégale, et Benoît Hamon ressemble de plus en plus à un Schtroumpf.
Breizh-info.com : Est-il normal, selon vous, que TF-1 n’ait sélectionné que 5 des 11 candidats à l’élection ? Sommes-nous encore dans un cadre démocratique ?
Ce n’est évidemment pas normal. L’argument selon lequel, avec les onze candidats, l’émission aurait duré plus de six heures ne vaut rien. Il était parfaitement possible d’organiser une série de débats regroupant « petits » et « grands » candidats par groupes de trois ou quatre.
C’est de toute évidence une violation flagrante de la règle d’égalité entre les candidats.
Breizh-info.com : Les sondages montrent une adhésion forte des Français aux propositions du FN sur les questions, notamment, de sécurité ou d’immigration. La position anti-euro et anti-UE prise par Marine Le Pen ne pourrait-elle pas lui coûter finalement l’élection ?
Les questions d’immigration et d’insécurité sont fondamentales, mais ce serait une erreur de croire que l’électorat du FN n’est motivé que par elles. Tous les sondages montrent que le chômage et le pouvoir d’achat viennent en tête des préoccupations des Français.
En ce qui concerne l’euro et l’Union européenne, Marine Le Pen a fait connaître ses préférences, et certains de ses électeurs potentiels ne les partagent sans doute pas, mais je doute que l’Europe et la monnaie unique soient au centre de leurs préoccupations.
Cela montre au moins que la présidente du FN est moins démagogue qu’on ne le dit. Marine Le Pen, par ailleurs, a dit aussi qu’en cas de victoire ce n’est pas elle qui déciderait en la matière, mais le peuple français par le moyen du référendum. Cela me paraît de nature à faire tomber certaines préventions.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui ne vous plaît pas chez Emmanuel Macron ?
La personne d’Emmanuel Macron ne m’intéresse pas. Ce qui me déplaît chez lui, c’est ce qu’il représente, en l’occurrence le regroupement des élites dirigeantes acquises à la mondialisation, qui ont compris qu’il leur fallait s’unir pour faire face au « populisme du peuple ».
J’ai déjà eu l’occasion de le dire : Macron, héritier de Tony Blair (et clone de Justin Trudeau), c’est la mondialisation tous azimuts, la suppression des frontières, la précarisation pour tous et le pouvoir sans partage des puissances financières.
Face à lui, Marine Le Pen ne peut avoir de chances de l’emporter qu’en faisant comprendre que le second tour de la présidentielle ne sera pas un vote pour ou contre le Front national, mais un référendum sur la mondialisation.
Propos recueillis par Yann Vallerie
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5 réponses à “Alain de Benoist : « Macron – Le Pen, un référendum sur la mondialisation » [Interview]”
Le choix fondamental, enjeu essentiel de la présidentielle, que voulons nous être? Des assimilés esclaves des pompes à fric, qui ne pourront plus aspirer à exercer des métiers indépendants ou des citoyens libres, qui pourront encore construire un avenir à leurs enfants?
En tout cas que ce soit l’un ou l’autre un choix fondamental est absent : celui des peuples souches enracinés. Élections françaises = abstention bretonne !
Il n’y aura pas d’abstention plus élevée en Bretagne que dans la France entière et il semble, selon un sondage récent, que 25% des Bretons voteront pour Marine Le Pen; c’est un pourcentage voisin de ceux des estimations nationales. Rappelons que les nationalistes Bretons n’ont obtenu que 1,1% aux dernières élections régionales (deux candidats, un de droite et un de gauche); autant dire que cette petite frange ne pèsera pas sur cette élection.
Vous avez une boule de crystal? Moi pas, on verra bien! Nombre d’actions pour la sauvegarde de notre pays, Breizh, ne passent pas par les urnes. Le monde n’est pas né avec le suffrage universel. Je vais aussi vous faire une confidence: 1%, 10%, 20% tout est bon à prendre mais au fond les résultas électoraux dans un système aussi vicié que le système français il faut les prendre avec des pincettes! Et je ne pense pas être le seul à le penser ! La vraie question est ailleurs. C’est de savoir se battre pour ce qu’on pense être vrai et juste. Et moi je pense que Breizh c’est quelque chose de beau et que notre liberté est juste et que la France n’a rien à faire chez nous. Je pense que la république bretonne mérite qu’on se batte pour elle. Courrir après le plus fort – ou supposé tel – ne serait que de la lâcheté. Notre devise dit: plutôt la mort que la souillure. J’y souscris. Mais je suis plus optmiste car c’est la France qui est moribonde, alors j’ai envie de dire: plutôt la vie que la souillure!
[…] Entretien par sur Breizh Info […]