Les dits du sans culotte Henriquez (suite)

Notre sans-culotte Henriquez semble en avoir surpris plus d’un. Les sans-culotte n’ont pas forcément bonne réputation. Captés par l’extrême-gauche, on leur a fait la réputation d’égalitaristes forcenés, de coupeurs de tête, d’égorgeurs des prisons, de massacreurs de « brigands » vendéens.

Ce qui fut le cas pour un bon nombre, les pires et les plus voyants de l’espèce. Mais tous, loin de là, n’usaient pas de cette férocité. Ce n’étaient pas des prolétaires, encore moins du « lumpenprolétariat » mais des artisans, des ouvriers très qualifiés, des boutiquiers et des employés de bureau. Une classe moyenne, urbaine, à Paris et dans les plus grandes villes. Ils étaient plus rares dans les petites villes.

Leur idéologie était courte. Ils se battaient pour la liberté avec une exigence d’égalité mal définie. Leur culture procédait du catéchisme dont ils avaient retenu le Décalogue et peut-être le Sermon sur la montagne. Dans les petites écoles et, pour certains, au collège, ils avaient retenu des faits mémorables puisés dans l’Antiquité. Les sans-culotte « bouffaient «  du curé et surtout du moine ; ils pratiquaient un paganisme trivial, sans nom.

Henriquez procède de la strate supérieure de la sans-culotterie. C’est un professeur, un pédagogue et aussi un petit écrivain. Il veut édifier la génération montante. Il croit à l’exemplarité des actes du passé. En voici un exemple puisé dans l’histoire grecque :

« En ce temps-là, Léonidas, général macédonien, croyant que la victoire dépendait de son courage et de l’intrépidité de ses soldats, en choisit trois cents, et marcha avec eux à l’ennemi. On vint lui dire que les troupes de celui-ci étaient en nombre incalculable, et que cette armée ressemblait à une forêt de piques. Tant mieux, dit le brave spartiate, nous combattrons à l’ombre. Après cela, il marcha à l’ennemi avec ses intrépides guerriers. Ils se battirent longtemps, et, par leur mort, ils assurèrent la victoire, à Lacédémone. Un seul soldat resta pour y en porter la nouvelle. »

Les Thermopyles eurent lieu en 480 avant notre ère. Ils sauvèrent les cités grecques de l’invasion perse. Hérodote rapporte les derniers mots de Léonidas : « Etranger, annonce aux Lacédémoniens, que nous gisons ici, ayant obéi à leurs lois. »

Toute l’histoire de l’Europe est parcourue de « Thermopyles ». Du 18 au 20 juin 1940, 2500 hommes dont 500 cadets de Saumur se sacrifièrent pour retarder le passage de la Loire par 40 000 Allemands, lourdement armés. Le général Feldt en avait fait 200 prisonniers, il les relâcha aussitôt en reconnaissance de leur bravoure. Comment les oublier et ne pas s’en inspirer ?

Jean Heurtin

Crédit photo  : DR
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