21/03/2017 – 08H00 Carhaix (Breizh-info.com) – Mardi 6 mars 2017. Christian Troadec (régionaliste, divers gauche), maire et conseiller départemental de Carhaix, était candidat à l’élection présidentielle. Mais, après avoir constaté qu’il ne parviendrait pas à recueillir les cinq cents parrainages, il décide de se « retirer de la course aux signatures ». A l’entendre, son abandon est la conséquence des «effets pervers de la nouvelle réglementation rendant publiques les signatures », expliquant que « certains des signataires en faveur de sa candidature ont eu à affronter des «reproches» de la part d’autres élus de leur famille politique ».
La vérité est que, dès l’annonce de sa candidature (08 avril 2016), Troadec était confronté à mission impossible. Faute de disposer de l’appui de partis régionalistes solidement structurés, faute d’avoir le soutien d’un réseau d’élus, faute de bénéficier d’une poussée médiatique, l’opération était vouée à l’échec. En effet, dans la course aux parrainages, seuls les candidats du Système (Fillon, Macron, Hamon) ou bien les candidats « en mission » (François Asselineau) peuvent régler la question facilement. Les autres rament. C’est l’expérience qu’a vécue à ses dépens Troadec.
Le vendredi 10 mars 2017, le site du Conseil constitutionnel indiquait disposer de 49 parrainages validés en faveur du maire de Carhaix. Dans ce petit contingent, seules dix-sept signatures étaient le fait d’élus bretons. Un coup de chapeau à ces courageux.
Quatorze maires : Dominique Cogen ( Plévin), Paul Divanach (Plonévez-Porzay), Jean-Paul Gérard (Brécé), Jean-Luc Grandin (Billio), Yann Jondot (Langoëlan), Hélène Le Ny (Le Saint), Gérard Leroy (Saint-Allouestre), René Tréguer (Trémargat), Jean-Louis Le Masle (Inguiniel), Patrick Nocot (Collorec), Jean-René Cornic (Langolen), Christian Derrien (Langonnet), Yannick Robin ((Plouguerneau), Gilbert Le Gall (Duault). Et trois conseillers départementaux : Thierry Mavic (Pont-l’Abbé), Corinne Nicol (Carhaix-Plouguer) et Yvan Moullec (landerneau). Maigre bilan.
Certes, nul n’est prophète en son pays. Mais cette explication ne suffit pas. Bien entendu, il faut compter sur la jalousie des maires qu’indispose la réussite de Troadec à Carhaix. La forte personnalité du personnage lui vaut également de nombreux ennemis à droite et à gauche – surtout du côté du PS. Malheureusement, il faut bien constater que la relation des élus bretons avec les machines parisiennes (PS, UMP-LR) est plus forte que le sentiment d’appartenance. Les notions de « droite » et de « gauche » l’emportent sur celle d’enracinement. Si bien que les maires ne raisonnent pas « breton » et ne voient pas l’intérêt de signer pour Troadec. Il faudra sans doute attendre un changement de génération pour que les élus aient le bon réflexe.
Le maire de Carhaix se concentre désormais sur la préparation des élections législatives. (11 et 18 juin). Evidemment il sera candidat contre son ennemi préféré, Richard Ferrand, député sortant (moitié Macron, moitié PS).
Depuis qu’il est devenu une personnalité nationale – secrétaire général d’En Marche ! – Ferrand ne doit pas avoir beaucoup de temps à consacrer à sa circonscription. Davantage à Paris qu’à Carhaix, il est contraint de négliger ses électeurs. Ce qui pourrait faire les affaires de Troadec.
Bernard Morvan
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