21/03/2017 – 07H35 Nantes (Breizh-info.com) – Constatant que les noms de rues consacrés aux femmes étaient minoritaires à Nantes, Johanna Rolland, maire (PS) de la ville, avait fait état de sa volonté de rattraper le coup. Résultat : ce sont surtout les héroïnes socialistes (voire communistes), anti-racistes, féministes et mondialistes qui sont à l’honneur. Les femmes remarquables locales, ou tout au moins bretonnes, restent ignorées.
Et pourtant, ça commençait bien. Nous avons exhumé la délibération n°27 du conseil municipal du 7 octobre 2016, qui introduisait plusieurs noms de rues féminins pour de nouvelles voiries. Le conseil municipal mettait l’accent sur le « besoin impératif de visibilité du rôle des femmes dans l’histoire » et souhaitait « entrer en résonance avec l’histoire du territoire et des aménagements urbains », c’est à dire faire des nominations qui soient en accord avec les équipements publics construits ou prévus, et l’histoire locale.
Un exemple réussi : l’inventrice du beurre blanc à l’honneur devant la future école hôtelière
La délibération du 7 octobre 2016 crée une place Clémence Lefeuvre près du futur emplacement de l’école hôtelière Vatel. Née le 20 mai 1860 et décédée le 5 novembre 1932, Clémence Lefeuvre, née Praud, est à l’origine de la sauce au beurre blanc, inventée à la buvette de la Marine, à la Chebuette, où elle tenait un restaurant avec sa mère. La sauce au beurre blanc, spécialité culinaire iconique et locale, à l’honneur devant une future école hôtelière, quoi de plus logique ?
Ratage total et occasion manquée pour les artistes locaux : les voiries autour de la future école des Beaux Arts
Mais quelques rues plus tard, les vieux démons – socialistes et féministes – reprennent possession des cerveaux des services et élus municipaux. Ainsi, pour les trois voiries de desserte de la future Ecole des Beaux Arts de Nantes Métropole (ESBANM), ce sont les noms de Frida Kalho, Niki de Saint-Phalle et Louise Bourgeois qui sont proposés et adoptés. La première est une artiste-peintre mexicaine, la seconde, une artiste et réalisatrice française, la troisième une artiste féministe parisienne. Aucune n’a de rapport direct avec Nantes. Pour « entrer en résonance » avec l’histoire locale, c’est complètement raté.
Pourtant, si la municipalité avait un peu de culture, elle aurait pu conjuguer volonté de rendre justice aux femmes et promotion de l’histoire de l’art locale. Le mouvement des Seiz Breur a joué un rôle clé dans l’art breton de la première moitié du XXe siècle, même si son monument nantais le plus emblématique est à l’image de l’identité bretonne de Nantes : en friche depuis de nombreuses années. Ce mouvement d’artistes locaux a été inspiré par plusieurs femmes, dont l’illustratrice, peintre et graveuse Jeanne Malivel et la céramiste Suzanne Creston. Elles auraient eu toute leur place près de l’école des Beaux-Arts… si seulement la prise en compte de l’identité historique de Nantes ne se limitait pas pour la mairie à la traduction de quelques plaques de rues et à la distribution de subventions aux associations culturelles !
Il y a bien d’autres artistes peintres bretonnes – notamment nantaises – assez pour que le musée du Faouët consacre une énorme exposition qui réunit les œuvres de 80 femmes artistes bretonnes. Une source d’inspiration illimitée pour le conseil municipal nantais et Johanna Rolland en particulier.
Féminisation de rues : les personnalités locales ont la portion congrue
Le conseil municipal du 9 décembre 2016 attribue trois noms de rue à des personnalités locales. Ainsi, Philomène Cadoret (1892-1923), chanteuse, poétesse et couturière bretonne, remarquée par Anatole le Braz et publiée dans la revue Kroaz ar Vretoned (La Croix des Bretons), est la seule concession faite par la mairie de Nantes à l’identité bretonne de la ville.
Fanny de Bégon, alias Madame de Stolz, auteur de nombreux romans dans la seconde moitié du XIXe (1820-1898), ainsi que l’artiste peintre, et infirmière de la Croix-Rouge Anne Mandeville (1915-2011), sont deux autres femmes locales mises à l’honneur. Avec Clémence Lefeuvre, il n’y a que quatre dénominations qui font la part belle à l’histoire locale, sur une trentaine. C’est peu.
Les icones très mondialistes des rues nantaises : l’uniformisation de l’Histoire est en marche
Nombre de nouvelles voiries sont consacrées à des personnes qui n’ont aucun rapport avec Nantes. Et si elles « entrent en résonance » avec quelque chose, c’est surtout avec les idéologies de la municipalité.
Ainsi, pour le 7 octobre, Lucy Stone, féministe abolitionniste des USA, première femme américaine à avoir conservé son nom de jeune fille après le mariage (1818-1893). Rapport avec Nantes ? Aucun.
Le conseil municipal du 9 décembre gratifie Nantes d’une allée Miriam Makeba (surnommée Mama Afrika), née à Johannesburg en Afrique du sud, citoyenne guinéenne en 1960, algérienne en 1972, citoyenne d’honneur française en 1992, sous Mitterrand – rien d’étonnant. Aucun rapport avec Nantes, mais elle symbolise l’identité-monde, l’effacement des états-nations, l’universalisme culturel. Cela suffit pour Johanna Rolland.
Il y aura aussi une rue Ruth First (1925-1982), chercheuse sud-africaine. Fille de Julius et Mathilda First, fondateurs du parti communiste sud-africain, elle épouse en 1949 celui qui en deviendra le premier secrétaire dans les années 1980, Joe Slovo. De l’art de faire les affaires en famille – ce qui s’appelle du népotisme, du moins pour ceux qui ne sont pas dans le camp du bien. Les communistes, eux, ont le droit, ils font partie de la majorité municipale.
La même délibération gratifie Nantes de rues Susan Brownell Anthony (1820-1906), suffragette américaine, Lucretia Mott (1793-1880), abolitionniste et prédicatrice quaker américaine – les quakers sont un mouvement dissident de l’anglicanisme ; on ose imaginer le tollé parmi les bien-pensants, l’oxymorique Libre Pensée en tête, si c’est une catholique prosélyte que la mairie de Nantes eût osé mettre à l’honneur – Maya Angelou (1928-2014), poétesse afro-américaine, Joséphine Baker (1906-1975), danseuse afro-américaine et française, et enfin Oum Kalthoum (1898-1975), certes considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe, mais qui n’a pas plus de rapport avec Nantes et la Bretagne que les précédentes. S’y ajoute le peintre animalier Rosa Bonheur (1822-1899), mise à l’honneur non pour sa peinture, mais pour sa vie associée au mouvement féministe, et qui n’a aussi qu’un rapport très lointain avec Nantes.
On comprend mieux pourquoi, dans les colonnes de nos confrères, la mairie de Nantes ne communique guère que sur Anne Mandeville ou Clémence Lefeuvre, préférant de loin la sauce au beurre blanc au gloubi-boulga mondialiste, gauchiste et anti-raciste. Il n’en reste pas moins que la féminisation des rues de Nantes ne profite pas du tout à la mise en valeur des femmes remarquables de l’histoire locale. Un comble.
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : DR
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4 réponses à “Féminisme et mondialisme à l’assaut des noms de rues nantaises”
Toujours cette idéologie totalitaire, en butte à la réalité, ne tenant aucun compte des aspirations du peuple.
Je pense qu’ il aurait fallu associer les Nantais à ces baptêmes. Mais demander l’ avis du peuple quand on est certain de savoir ce qui est bon pour lui, ce serait s’ abaisser sans doute en plus de risquer une déconvenue.
Confier une parcelle de pouvoir à ces gens là, c’ est s’ abandonner pieds et poings liés à leurs fantasmes et renoncer à toute parcelle d’ intelligence dans la gouvernance.
Frida Kahlo (et non Kalho) semble devenue la coqueluche d’une petite coterie nantaise qui l’exhume chaque fois que l’occasion s’en présente. Sous deux prétextes.
L’un est qu’elle a brièvement fréquenté André Breton, qui lui-même a brièvement séjourné à Nantes. Breton devait lui organiser une exposition à Paris et a salopé le coup, mais ça, on se garde bien de le rappeler.
L’autre est que Frida Kahlo a été mariée au machiste et infidèle Diego Rivera, lui aussi objet d’un engouement nantais depuis un voyage au Mexique de Jean-Marc Ayrault en compagnie de Royal de Luxe qui en a ramené un mur « mexicain » (exposé près du CHU de Nantes mais aujourd’hui extrêmement dégradé), inspiré des fresques de Diego Rivera.
Ainsi, la notoriété nantaise de Frida Kahlo est le sous-produit de celui de deux hommes, Breton et Rivera. Ce n’est pas un exemple de féminisme mais tout le contraire.
tant qu’il n’y a pas de rue taubira, houria bouteldja ou sofia aram…
Vu l’ambiance qui règne à Nantes, on pourrait nommer une rue, Hélène Jégado et une autre, Marion du Faouët..une tueuse et une voleuse … bon je plaisante, mais par contre rue Angela Duval c’est Top… mais peut être existe t-elle déjà…