19/03/2017 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Après deux semaines des tensions, l’affaire Fillon laisse une droite locale profondément divisée, tant en Bretagne qu’en Pays de Loire. En façade du moins, l’UDI a rejoint à nouveau le candidat, avec il est vrai des conditions royales : 96 circonscriptions au lieu de 68 à l’origine, plus 42 où l’UDI pourra présenter un candidat contre celui qui a été investi par l’UMP/LR. Mais le Parti radical, qui regroupe 70% des adhérents de l’UDI et l’essentiel de ses moyens financiers lorgne de moins en moins discrètement vers Macron, en Bretagne historique aussi.
« Macron c’est soi-disant le candidat du renouveau, la figure télégénique et jeune qui commence d’une page blanche, et qui de ce fait n’aurait besoin ni de programme, ni de cohérence, ni de bilan. Mais avec tous les vieux birbes qui l’ont rejoint, Bergé, Cohn-Bendit, Cavada, Minc, Bayrou etc. et bientôt les éléphants perdus du socialisme [le Drian peut-être] il va avoir de plus en plus de mal à raconter ces salades à ses électeurs », ricane un homme politique de droite de Loire-Atlantique. Surtout lorsque le Parti radical – qui est le plus vieux parti de France – l’aura rejoint avec ses cadres, ses moyens d’influence et son trésor de guerre.
Hervé Grélard (UDI) a déjà franchi le pas. « Et j’ai bien fait de ne pas participer à la primaire de droite », nous précise-t-il en pleine affaire Fillon, qui est à son sens un « spectacle regrettable pour la démocratie ». Pourtant, au sein de son nouveau parti En Marche !, il est en conflit avec de Rugy – qui a rejoint aussi Macron mais était précédemment investi par le PS et EELV – pour la 1e circonscription (Nantes-Orvault). Qu’à cela ne tienne : le maire d’Orvault Joseph Parpaillon, politiquement difficile à suivre, et qui lui aussi a rejoint Macron, ne soutient pas de Rugy pour la circonscription mais… Grélard, accointances de droite oblige. Foire d’empoigne à suivre pour la première circonscription au sein d’En Marche !.
L’avocat nantais Jean-Michel Pollono n’a pas franchi le pas officiellement. Mais a pris sa carte chez En Marche !. « Nous sommes plusieurs membres du Parti radical à l’avoir fait, avec l’autorisation de nos instances nationales », nous explique-t-il. Celui qui trouve l’attitude de Fillon « inqualifiable » est assez perplexe pour la suite de la campagne : « on ne se maintient pas quand on a une gamelle au cul, même si lui seul connaît la vérité. Dans la mesure où il prône la rigueur, il doit commencer par donner l’exemple lui-même. Certes, c’est un bon catholique qui sait que charité ordonnée commence par soi-même, mais pas sur le dos de l’État », se fend-il d’une pique. Pour lui, s’ajoute à tout cela « l’irrespect de la parole donnée » puisqu’il avait promis de se retirer s’il était mis en examen, ce qui n’est pas le cas.
Concernant le maintien de Fillon, faute de solution de rechange, par la droite, il le trouve « scandaleux. Fillon exploite la peur du FN et le ras-le-bol des électeurs face à la gauche. En vérité il est dans la même galère judiciaire que Marine le Pen et a la même ligne politique qu’elle sur à peu près tous les sujets, sauf l’Europe ». Dans ces conditions, le fait que des centristes, de plus en plus nombreux, aient choisi Macron, Jean-Michel Pollono le « comprend très bien. Ce n’est pas le bordel, c’est le centre. Nous on prend les bonnes idées de gauche et de droite pour sauver la France ».
Et prévient : « si Fillon se maintient les radicaux soutiendront Macron qui est le plus proche de nos idées ». Le poids et l’influence du Parti radical pourraient être incontournables pour Macron : « dans l’UDI, c’est nous [le PR] qui avons le pognon et les adhérents. On représente 70% des adhérents de l’UDI et le seul des partis de la confédération qui ait des ressources propres ». Pour ce radical, « Macron aura besoin de nous et de nos moyens. Ses militants sont invisibles et n’ont jamais fait campagne. Les nôtres sont rompus à l’exercice. C’est important : quand on voit la mobilisation derrière Fillon au Trocadéro, c’est qu’il y a derrière cela encore une petite partie de l’ancien appareil du RPR qui travaille, mobilise des militants, ce qui permet d’avoir 100-120.000 personnes qui répondent à l’appel pour le candidat, dans des délais très courts ».
L’un des points faibles de Macron – notamment en vue des futures législatives – c’est le manque de cadres et de structures de son mouvement. Cela ne l’empêchera pas d’espérer des succès électoraux – aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders, « parti d’un seul homme », cartonne d’élections en élections bien qu’il ne compte qu’un seul membre, son leader. Mais cette lacune est rédhibitoire s’il veut gouverner. Le ralliement du Parti radical pourrait changer la donne.
Louis-Benoît Greffe
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Une réponse à “Présidentielle. A gauche de l’UDI le Parti radical lorgne aussi vers Macron”
En marche ! de micron n’ est pas un parti écologique. Il ramasse toutes les poubelles non triées.