« En ce temps-là, un sans-culotte disait à d’autres sans-culottes : En vérité, en vérité, je vous le dis : j’ai toujours vu avec peine les menées des intrigans qui jouent le patriotisme, mais qui, au fond, se raillent de la liberté.
Je gémis de voir adorer des scélérats qui trompent leurs adorateurs. Est-il possible que des hommes nés pour la liberté se prostituent en quelque sorte à tel ou tel parti.
N’avons-nous pas juré l’unité, l’indivisibilité de la république ? D’où vient donc que les républicains se trouvent séparés d’opinion ?
Je me rappellerai toute ma vie de cette parole d’un sans-culotte comme nous : je ne me bats point pour un parti, je me bats pour moi. Je fais partie du souverain, ce n’est donc que pour le souverain que je dois agir. Ce souverain est le peuple.
Loin de nous ces perfides, qui, sous le manteau du patriotisme, cachent une aristocratie gangrenée, pérorent sans cesse, dénoncent continuellement, et n’ont pour tout, dans toute leur conduite, que la réussite à nous extorquer notre confiance.
Je préfère le patriotisme tout uni et de bonne foi, à ces orateurs pompeux. Il ne faut aux Français que de l’éloquence dans les bras, tant que les tyrans voudront disputer l’univers à la liberté. »
Extrait d’un opuscule (125 x 75, 88 p.) imprimé chez Valère Cailleau, rue de Bièvre, n° 37, Paris, An ll de la République
L’auteur est Louis-Marin Henriquez (1765-1815) professeur à Blois et auteur dramatique. Inscrit pendant la Terreur (1793-1794) à la section du Panthéon-Français, milice révolutionnaire organisée en quartier.
On donnera, avant les élections du printemps d’autres extraits de ce catéchisme fort lu à l’époque et qui peut toujours inciter à réfléchir.
L. H.
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2 réponses à “Exclusif. Les épîtres et évangiles du républicain Henriquez l’an deuxième de la République”
Ca, c’est du lourd! Continuez, avec carrément un petit extrait du Tartufe ; ce cher Molière a presque tout dit, avant Edmond Rostand et son Cyrano! Les pharisiens sont de toutes les époques!
Excellent !