MAJ 12h20 : Paul Salort a été condamné ce matin par le tribunal de Bastia à 70 heures de travaux d’intérêts généraux pour « dégradation de bien public ».
15/03/2017 – 07H05 Bastia (Breizh-info.com) – Ce mercredi 9 mars, à 9h, Paul Salort, président de la Ghjuventù Indipendentista, la jeunesse nationaliste corse, sera jugé au palais de justice de Bastia. Interpellé le 9 mai 2016 à l’occasion d’une manifestation en soutien à un étudiant et supporteur du club de football de Bastia éborgné par le tir de flashball d’ un policier, il sera jugé pour « dégradation de bien public », une accusation dont il se défend.
Placé sous contrôle judiciaire depuis un an, il a interdiction de participer à tout rassemblement sur la voie publique – ce qui constitue un « assassinat politique » pour le leader d’un mouvement comme le sien. Il est également obligé, chaque semaine, de pointer au commissariat de Corte, ville où il étudie.
A quelques heures de son procès, nous l’avons interrogé, sur son engagement, sur les faits qui lui sont reprochés, et plus globalement, sur la situation politique en Corse.
Breizh-info.com : Qu’est ce qui vous a amené à l’engagement aux côtés et en première ligne au sein du mouvement nationaliste corse ?
Paul Salort : La décision de m’engager au sein de la Lutte de libération nationale corse est le fruit d’une prise de conscience de l’attitude de la France vis-à-vis de mon pays. J’ai, dès l’adolescence, ressenti le besoin de militer au sein du seul mouvement de jeunesse portant clairement le discours de l’indépendance : la Ghjuventù Indipendentista.
Il y a également une prise de conscience de ce que nous sommes, en tant que peuple, de par notre histoire. La nation corse indépendante de Pasquale Paoli a inspiré de nombreux pays, la constitution américaine par exemple a été inspirée par la constitution corse. Voir cette nation à laquelle j’appartiens reléguée au rang de deux pauvres départements français est inconcevable.
Mon engagement traduit enfin une volonté d’émancipation pour un avenir meilleur sur notre terre. Cet avenir, j’en suis convaincu, sera marqué du sceau de l’accession à l’indépendance nationale.
Breizh-info.com : Vous allez être jugé, ce mercredi 15 mars, pour dégradation de bien public. Pouvez vous revenir sur cette affaire ?
Paul Salort : Cette affaire, ou plutôt cette non-affaire ! La dégradation dont on m’accuse est d’avoir secoué le portail de la gendarmerie de Corti lors d’un rassemblement de soutien à Maxime Beux, étudiant de notre université ayant perdu un œil suite au tir de flashball d’un policier.
Mon arrestation et le placement sous contrôle judiciaire qui s’en est suivi sont simplement une volonté de l’État de mettre la pression sur le mouvement que je préside et de me juger pour les idées que je porte.
La GI et le mouvement national ont toujours subi une répression féroce de la part des autorités françaises. Les prisonniers et recherchés politiques en sont l’exemple le plus frappant.
Breizh-info.com : Parlez nous de votre mouvement, Ghjuventù Indipendentista – GI . Quelle est sa genèse ? Quel poids pèse-t-il aujourd’hui en Corse ?
Paul Salort : La Ghjuventù Indipendentista est un mouvement politique de jeunesse indépendantiste corse. Nous comptons une centaine de militants répartis sur toute l’île ce qui fait de nous le premier mouvement de jeunes en Corse. Les militants étudiant à Corti forment le syndicat étudiant appartenant au mouvement, syndicat qui réalise d’ailleurs des résultats spectaculaires lors des élections universitaires.
La GI a été fondée en 1999. Au cours des années 2000, elle a fusionné avec le syndicat étudiant CSC créant ainsi la CGC, entendez Cunsulta di a Ghjuventù Corsa. En 2012, une scission au sein de la CGC entraîne la récréation de la GI. Les militants refondateurs ont alors décidé de ne pas se limiter au rôle de syndicat étudiant à l’Université mais de devenir un mouvement politique de jeunesse au sein de la Lutte de Libération Nationale. Ce choix risqué s’est avéré payant.
Breizh-info.com : Quelles sont vos principales revendications ?
Paul Salort : Notre revendication principale est bien entendu l’indépendance nationale de la Corse.
À court terme, nous réclamons la reconnaissance de notre langue comme langue officielle en Corse, un statut de résident pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière, un statut fiscal et social spécifique aux particularismes de notre île et enfin l’amnistie de tous les prisonniers et recherchés politiques.
Breizh-info.com : Quelle est la situation politique aujourd’hui en Corse ? Il semblerait que les tensions renaissent alors que dans le même temps, les nationalistes dirigent l’île . Comment cela se fait-il ? Comment expliquez vous la répression ?
Paul Salort : La Corse est engagée, avec l’accession aux responsabilités de la majorité nationaliste, dans un processus d’émancipation nationale qui ne peut être stoppé.
En face, Paris oppose une fin de non-recevoir à une grande partie de nos revendications votées, je le rappelle, à de très larges majorités à l’Assemblée de Corse.
L’État panique et sent bien que la jeunesse est tout particulièrement concernée par cette volonté d’émancipation et de liberté. La France fait alors ce qu’elle sait faire de mieux en Corse : réprimer fortement tout ce qui est, de près ou de loin, rattaché au nationalisme. 20 jeunes nationalistes ont d’ailleurs été interpellés au petit matin à Corti la semaine dernière. Plus de 90 interpellations ont eu lieu en l’espace d’un an au sein de la jeunesse ! Face à cette attitude clairement irresponsable de l’État français, nous répondons avec une détermination sereine car nous savons que tôt ou tard nos idées triompherons.
Breizh-info.com : Vu de Bretagne, le mouvement nationaliste Corse est difficile à situer sur l’échiquier politique traditionnel. Comment vous définissez vous à ce niveau là ?
Paul Salort : Nous ne nous inscrivons pas dans le prisme politicien français qui veut coller une étiquette droite-gauche sur tout mouvement politique. Nous sommes engagés au sein d’une lutte de libération. Le nationalisme corse n’a rien à voir avec le nationalisme français représenté par le FN. Nous nous inscrivons dans une démarche d’ouverture sur le Monde et sur la Méditerranée, tournant ainsi le dos à une liaison exclusive avec la France.
Breizh-info.com : Avec les évènements de Siscu , mais aussi d’Ajacciu, la Corse a semblé elle aussi, comme dans de nombreux autres endroits en Europe, confronté aux problèmes liées à l’immigration, ou à l’islam pour le cas de Siscu. Qu’en est-il réellement en Corse ? Quelles sont les relations entre le peuple corse et une population immigrée qui, si l’on regarde quelques statistiques, occupe une place de plus en plus importante ?
Paul Salort : La Corse est confrontée, comme partout en Europe, à des tensions liées au communautarisme et au racisme.
Les événements des Jardins de l’Empereur ou de Siscu ont démarré suite à des provocations venues d’une minorité communautariste que nous ne saurions confondre avec l’immense majorité des corses de confession musulmane qui sont eux bien intégrés et avec qui il n’y a pas de problèmes.
Je note d’ailleurs que la réaction des présidents Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni a permis de désamorcer des situations tendues et a été exemplaire. Très peu de responsables politiques français seraient capables d’en faire autant.
Breizh-info.com : Quelles relations entretiennent votre mouvement avec d’autres mouvements nationalistes en Europe ? Quel regard portez vous sur la Bretagne et sur le combat régionaliste chez nous ?
Paul Salort : Nous sommes très proches des mouvements indépendantistes de jeunesse basques, catalans, écossais, sardes, siciliens et irlandais. Nous sommes en contact permanent avec eux et nous suivons de très près l’évolution de la situation dans leur Nation respective.
En ce qui concerne la Bretagne, nous avons également des contacts auprès de jeunes indépendantistes bretons conscients que leur pays n’appartient pas à la France. Vous êtes confrontés à un État jacobin que nous subissons aussi. Nous serons toujours à vos côtés lorsque vous porterez un discours d’émancipation vis-à-vis de la France.
Breizh-info.com : En tant qu’organisation étudiante et de jeunesse, quels sont les grands évènements que vous organisez dans l’année ?
Paul Salort : Nous organisons chaque année en février i Scontri Internaziunali di a Ghjuventù in Lotta à Corti.
À cette occasion nous recevons des délégations venues du monde entier comme les Kanaks, les Basques, les Sardes, les Catalans, les Écossais, les Irlandais, les Kurdes et les Palestiniens. C’est un temps fort de l’année universitaire à Corti. Ces trois journées mêlent la politique, à travers des débats et conférences, à l’esprit festif des soirées culturelles sous chapiteau ou les plus grands groupes corses viennent se produire.
Propos recueillis par Yann Vallerie
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2 réponses à “Corse. Paul Salort, président de la Ghjuventù Indipendentista, jugé ce 15 mars [Interview]”
Pendant que les Bretons votent jacobin (FN et Socialiste) pour sauver la France et la Nation Artificielle, les jeunes Corses votent Corses pour sauver la Corse et la Nation réelle!
Pas difficile d’imaginer de quel coté sera l’avenir!
Indécence de l’in-« justice » jacobine de la raie publique des étrons…!