15/03/2017 – 08h30 Nantes (Breizh-Info.com) – Le 13 mars, le PCD 44 (Parti chrétien-démocrate) présentait ses candidats aux législatives 2017, en présence de leur président Jean-Frédéric Poisson, qui s’est livré ensuite à un discours sur la situation actuelle (lire plus bas). Ce dernier vient d’être reconduit pour trois nouvelles années à la tête du mouvement qu’il dirige depuis trois ans déjà.
C’est l’occasion pour nous de présenter les six candidats qui ont été désignés cette année ; en 2012 le candidat, qui affirme viser « le bien commun de la France, et non une notoriété temporaire », en avait présenté trois. Une soixantaine de personnes étaient présentes sous la charpente en bois de la Manufacture.
Dans la 1ère circonscription (Nantes-Orvault) se présente Blandine Krysmann, conseillère municipale d’opposition à la mairie de Nantes et à la métropole. Mariée et mère de quatre enfants, elle était déjà candidate en 2012 pour le PCD, elle recommence : « le député sortant, c’est de Rugy, qui n’a eu de cesse de vouloir rejoindre le gouvernement de Hollande, qui s’est présenté aux primaires où il a proposé la PMA pour toutes, la GPA, le suicide assisté et le cannabis », bref, le diable pour le PCD, c’est lui. Et il s’est mis « En marche » pour Macron à présent.
Dans la 2e circonscription (Nantes-centre), le PCD soutient Sébastien Pilard, qui se présente sous l’étiquette UMP/LR. Sans se poser de questions. Par exemple sur ses votes peu courageux au conseil régional… et très éloignés de ce qu’il avait promis à ses électeurs.
Dans la 3e circonscription (Nantes/Saint-Herblain/Indre/Saint-Etienne de Montluc), fief socialiste, c’est Pierre Sabattier qui s’y colle. Ce chef d’une TPE dans le commerce alimentaire s’était déjà présenté aux législatives, sous les couleurs d’une alliance divers-droite (MPF, CNIP etc.)… en Eureet-Loire en 2012. Il se définit comme catholique pratiquant.
Dans la 4e circonscription (Nantes-Rezé), « circonscription à dominante socialiste, donc on n’est jamais à l’abri d’un succès », se présente Bernard Rineau, avocat en droit des affaires, marié et père de quatre enfants. Ce natif de Clisson a déjà été candidat aux municipales 2014 puis aux cantonales suivantes, sur le canton de Nantes-2, sur les listes « la chance pour Nantes », de Sophie Van Goethem. Il avait fait 5,32% aux cantonales avec son binôme Anne Jacquet.
Dans la 6e circonscription (Ancenis/Châteaubriant/Blain/Saint-Nicolas de Redon) le PCD présente Nathalie Poirier, adjointe au maire d’Ancenis et conseillère régionale, qui en a « marre des girouettes ». Il y a de quoi : son maire, longtemps pilier du centre-droit local, se tenait tranquille après avoir été condamné pour prise illégale d’intérêt dans le dossier de la maison médicale de la commune, alors qu’il y exerce comme médecin généraliste. Il n’a pas supporté que la droite locale lui préfère le maire de Châteaubriant pour l’investiture aux législatives, et a rejoint Macron. Elle était déjà candidate pour le PCD en 2012 et s’en était sortie avec un fort honorable 5.55%, et même 15.5% dans sa bonne ville d’Ancenis.
Aux dissensions politiques nationales s’ajoutent les règlements de comptes locaux : après avoir espéré succéder à Tobie à la mairie d’Ancenis, Nathalie Poirier a été élue au conseil régional en 2015, pour tout lot de consolation. Elle a été épinglée par la presse locale – en l’occurrence par BreizhJournal en 2013 – pour avoir bénéficié, avec son mari, d’une subvention municipale de 10.000 € pour un ravalement de façade. Le maire avait essayé de faire les choses discrètement : ladite décision n’était pas listée dans les décisions du maire (contrairement à d’autres subventions pour le même motif) et ne paraissait pas sur les comptes-rendus, pourtant exemplaires, du conseil municipal. Mais on pouvait la retrouver dans la version détaillée du budget. A l’époque, le professeur d’anglais avait répondu : « Je gagne moins en tant qu’élue que ce que j’avais comme prof », ce qui est toujours représentatif d’un certain état d’esprit.
Dans la 9e circonscription (Pays de Retz) le PCD présente Xavier Coupry, consultant et conseiller municipal d’opposition à la Montagne. Il était absent ce soir. Ancien responsable logistique, puis du service achat pour DCNS, il est spécialisé dans le conseil en management et organisation d’équipes. Conseiller municipal de la Montagne depuis 2005, il est membre du Forum des républicains sociaux (ancien nom du PCD) depuis 2007 au moins. Il s’est présenté aux municipales en 2008 et 2014 à la Montagne, où il n’a pas été élu maire – la commune est très fermement ancrée à gauche, notamment grâce à sa proximité historique avec les anciens arsenaux d’Indret (site DCNS) ainsi qu’aux cantonales 2008 sur le canton du Pellerin où il avait été investi par l’UMP ; il y fait 32.35% au second tour et est sèchement battu.
Enfin dans la 10e circonscription (Vignoble) le PCD présente Christine Trimoreau, professeur d’anglais et élue municipale à Château-Thébaud ; elle était candidate sur une liste d’opposition en 2014. Elle s’occupe des jeunes qui préparent leur profession de foi à la paroisse (diocésaine) de Vertou, dont dépend Château-Thébaud. Le village compte aussi un lieu de célébration de la messe traditionnelle, correspondant à l’école-collège de la Placelière (FSSPX).
Une fois les députés présentés, Jean-Frédéric Poisson a pris la parole pour louer « l’esprit d’indépendance par rapport au reste de la France qui flotte toujours sur Nantes ». Mais aussi pour faire un point, pas très optimiste mais pas dénué de réalisme, sur la situation de la droite en général et de la droite chrétienne en particulier. Nombre de récriminations dans la salle ont fusé quant à l’attitude de l’UMP – notamment vis-à-vis de Xavier Lemoine, soutenu par le PCD et l’UMP-93 mais plombé par l’UDI et les instances nationales de l’UMP, ou des rejets et reniements successifs des grands mamamouchis de l’UMP quant aux engagements de la droite chrétienne. « Du reste, la droite catho qui vote UMP, ça rappelle un proverbe slave », ricane un catholique nantais, qui a décidé de voter FN après l’affaire Fillon, « les souris pleuraient, se piquaient, mais continuaient à bouffer le cactus ».
« Je suis inquiet », a affirmé Jean-Frédéric Poisson à la salle. « Au lendemain de la primaire, j’ai vu Fillon une heure dans son bureau à l’Assemblée. Nous avons signé un accord politique qui portait sur un certain nombre de sujets » et sur un projet politique dont la cohérence semble se déliter sous l’action de divers facteurs. Des annonces de Fillon lui-même par exemple, comme l’économie de 100 milliards d’euros en cinq ans. Irréalisable, pour le leader du PCD, selon lequel « le PS a voté une loi de finances avec des bombes à retardement à toutes les lignes, notamment des crédits d’impôts et autres dispositifs invisibles dans le budget 2017, mais qui vont engager 15 milliards d’euros du budget 2018 » ; à cela s’ajoutent deux années électorales, 2017 et 2022, et il ne reste que « deux ans, deux ans et demi », pour faire les économies annoncées, sur les seules dépenses qui peuvent être évitées.
Sous l’effet aussi de « l’appareil des LR [qui] est en train de reprendre la main sur le candidat Fillon ». Pour Jean-Frédéric Poisson, « on n’organisera plus de primaires en France avant très longtemps : toutes trois [PS, EELV et UMP/LR] elles ont élu des gens qui étaient minoritaires dans leur parti, et nettement plus à gauche, pour les deux premiers, et à droite pour le dernier, que la ligne officielle ». Ainsi, c’est sans doute l’appareil du parti qui a imposé Chatel à Fillon, alors que le père de la circulaire sur la théorie du gender et de son enseignement au lycée est honni de l’électorat catholique, noyau dur des proches de Fillon. C’est en effet un ministre de l’Enseignement de la droite, et non de gauche, qui a ouvert les portes de l’école de la République à la théorie du genre. Il se trouve qu’ un certain Fillon était alors Premier ministre, et qu’il a laissé faire, à l’insu de son plein gré évidemment.
Sous l’effet des centristes, aussi, auxquels l’UMP/LR a tout abandonné, sans décourager les plus à gauche d’entre eux – et notamment le Parti radical qui tient la caisse et le gros des troupes militantes, d’aller voir discrètement si l’herbe est plus verte chez Macron. Ils auront la bagatelle de 96 circonscription, plus 42 où ils pourront présenter leur candidat au premier tour contre celui investi par l’UMP/LR. Bref, « on abandonne la possibilité d’avoir seuls la majorité aux prochaines législatives », et donc la droite s’obligera à aller chercher leur soutien sur toutes les dispositions du projet Fillon qui les font grincer, comme le rétablissement des frontières, la fin du droit du sol, l’identité chrétienne de la France etc. Justement les dispositions qui expliquent que le PCD continue mordicus à soutenir Fillon.
Par ailleurs, Jean-Frédéric Poisson s’est aussi intéressé à la future majorité législative qui gouvernera la France. « Si Marine le Pen est élue, elle n’aura pas de majorité », a-t-il pronostiqué. « Il est impossible de faire sortir de terre au moins 300 personnes dotées de suffisamment d’expérience ». Et pour lui, Macron non plus n’aura pas sa majorité – sauf s’il s’allie à de vieux partis centristes qui ne savent où aller, ou à une partie de la gauche. Bref, il leur faudra « composer, avec la perspective d’un 49-3 toutes les six semaines ». La seule solution pour Poisson : « assurer la victoire de Fillon », car lui est assuré d’avoir une majorité relativement solide (malgré ou avec les centristes). « Entre une politique chaotique (Macron) et le blocage institutionnel (le Pen), entre le grand n’importe quoi et le tout est impossible, il n’y a pas d’autre solution ».
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Une réponse à “Législatives : qui sont les candidats du Parti chrétien-démocrate en Loire-Atlantique ?”
C’est un peu comme avec les chasseurs. Le lobby officiel (CPNT) vote Fillon, mais l’écrasante majorité des chasseurs vont voter FN.