10/03/2017 – 20h30 Corte (Breizh-Info.com) – En Corse, une vingtaine de jeunes nationalistes a été interpellée le 7 mars 2017 lors d’un vaste coup de filet. En cause, une série d’incidents à Corte en 2016. Ils ont été remis en liberté dans la journée même, ce qui démontre la volonté d’un « coup de force » de la part des autorités plutôt que de réelles charges contre ces nationalistes Corses.
Ces 19 jeunes corses ont été interpellés à Bastia, Corte et Ajaccio ; ils appartiennent au syndicat étudiant Ghjuventu indipendista, jeunesse indépendantiste. Ces interpellations ont suscité l’indignation auprès notamment du conseil d’administration de l’Université de Corse, mais également des présidents de l’exécutif de la Collectivité territoriale, Gilles Simeoni, et de l’assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.
La jeunesse indépendantiste a réagi via un communiqué adressé à la presse :
Cette nouvelle rafle est une provocation grave de la part de l’État français à l’encontre de la jeunesse de notre pays. Depuis 1 an, près de 70 jeunes ont été interpellés à leur domicile. S’en sont suivies des mises en examen, placements sous contrôle judiciaire et procès pour des motifs plus ridicules les uns que les autres.
Le procureur Nicolas Bessone est à la tête de ces véritables vagues répressives. En bon laquait de l’État, son seul objectif est de faire taire une jeunesse engagée et libre.
La situation actuelle dénote également d’une réelle volonté de déstabiliser la Ghjuventù Indipendentista. Nous saurons y répondre avec force et détermination.
Nous apportons notre soutien fraternel à l’ensemble de nos militants recherchés à l’heure actuelle ainsi qu’à tous les gardés-à-vue.
Nous appelons la jeunesse et le peuple corse à se tenir prêts à des rassemblements massifs. Nous communiquerons le détail de ces mobilisations dans les heures à venir.
A nostra cuscenza hè resistenza !
Ce coup de filet semble largement démesuré au vue du motif invoqué. En effet, les autorités évoquaient d’abord la possession et la confection d’explosifs artisanaux qui auraient pu servir lors de manifestations, avant d’évoquer la volonté d’en savoir plus sur l’engagement de ces jeunes, et de prélever pour certains leur ADN.
Les nationalistes dénoncent un acharnement policier. La tension est actuellement vive sur l’île.
Alors que le FLNC, le Front de libération Nationale Corse a déposé les armes en 2014 afin de laisser place au dialogue avec l’Etat, les discussions paraissent délicates.
Le 2 mars dernier, l’actuel président de la République avait pourtant débuté son discours en affirmant que le débat public a supplanté les actes de violence et qu’une page s’était tournée sur l’île de beauté.
Cette défiance a dépassé un niveau avec la venue de Benoît Hamon et les provocations de ce dernier. La veille de ces interpellations, le candidat socialiste avait en effet annoncé ses “2 plans pour la Corse”…. l’écologie et la jeunesse.
De son côté le président de l’assemblée corse, Jean-Guy Talamoni, a dénoncé l’hypothèse d’une stratégie de la tension destinée à déstabiliser la situation politique. Le président de Ghjuventu independista y voit pour sa part une déclaration de guerre.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, comme en guise de représailles, des voitures de police ont été visées par des jets de coktails molotov à Ajaccio. Une dizaine d’individus masqués a lancé des objets incendiaires en direction de 3 véhicules qui rentraient de patrouille. Il n’y a pas eu de blessés mais l’une des voitures a été sérieusement endommagée et une interpellation a été effectuée.
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