05/03/2017 – 10H00 Saint-Brieuc (Breizh-info.com) – C’est à une scène assez surréaliste que les passants de la zone commerciale de Langueux , dans la périphérie de Saint Brieuc, ont pu assister vendredi 3 mars aux alentours de midi : des dizaines de personnes faisant la queue dans l’attente de l’ouverture d’un restaurant de la chaîne de fast-food Burger King.
Il s’agit de la cinquième vitrine de la marque en Bretagne, après Brest, Rennes, Nantes et Saint-Nazaire. Une «rareté » relative en comparaison de ses deux concurrents directs, McDonald’s et Quick, qui explique en partie le succès de l’enseigne qui ne compte pas moins de 13 000 lieux de vente dans 88 pays, dont les deux tiers aux États-Unis. La marque, qui avait fermé ses restaurants français en 1997 faute de rentabilité, n’est de retour en hexagone que depuis 2014. Une absence qui a largement contribué au « buzz » lors de la réimplantation de Burger King.
Ainsi, patientant dehors en file indienne, ils étaient nombreux, majoritairement adolescents ou étudiants, à attendre l’ouverture des portes de l’établissement. Mais le caractère évènementiel de cette ouverture n’est pas propre à Saint-Brieuc. Le même phénomène de foule s’est déjà produit lors de l’ouverture d’établissements Burger King en France.
La raison ? Un calendrier marketing maîtrisé de bout en bout par le géant américain qui a bénéficié de plusieurs conditions favorables : une lassitude des enseignes McDonald’s et Quick qui font désormais parties de la routine des consommateurs mais aussi un jeu de rumeurs et d’absence de communication sur le retour de la marque au début des années 2010 qui a fait monter l’attente. De plus, la nostalgie de certains trentenaires ayant connu les burgers de la chaîne américaine durant leur enfance n’est pas étrangère à ce succès. Le point d’orgue de ce qui ressemble à une pièce de théâtre des temps modernes sera la mise en place d’une pétition sur internet réclamant le retour de Burger King en France. Pétition qui récoltera plusieurs dizaines de milliers de signatures.
Cependant, cet engouement semble être en contraste flagrant avec une autre tendance grandissante chez les consommateurs bretons et français : le retour à une nourriture saine et issue des circuits courts. Un phénomène conforté par l’augmentation régulière des ventes de produits biologiques et une défiance vis-à-vis de la nourriture industrielle.
Un clivage se dessinerait-il entre deux profils de consommateurs dont la vision de l’alimentation est pour le moins opposée ? Les amateurs de « junk food » mondialisée n’ont, semble-t-il, pas les mêmes aspirations que les partisans de la cuisine saine et enracinée.
Vincent Loarer
Crédit photo : Wikipedia (cc) (©Billy Hicks 2007)
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Une réponse à “Saint Brieuc. L’ouverture d’un Burger King attire la foule”
Vous parlez des trentenaires dans votre article : ceux-ci aspirent à manger plus sain, passés trente ans, que dans leur vingtaine ; ça va avec l’apparition de problèmes de santé (surpoids, acidose…), avec la sensibilité tant écologique qu’identitaire ou avec la construction d’une famille. Mais aussi des revenus qui leur permettent souvent de mieux manger entre la Biocoop et les restaurants plus traditionnels et gastronomiques.
Mais les moins de trente ans ne jurent que par les restaurants dits de « fast food » parmi lesquels les enseignes américaines — ou assimilées — ou les kebabs. Faute d’argent et influencés par la publicité ou les clips de rap. Mais c’est un vrai problème : l’américanisation et l’islamisation passent par là.
Quand un jeune va au McDo, il goûte à l’american way of life des classe moyennes étatsuniennes. Quand un jeune va dans un kebab, il sait que c’est hallal et il entend souvent des mots arabes.
Sans parler de la mentalité de merde qui va avec ce genre de restauration : avoir tout tout de suite, vulgarité de présentation, règne du sucre et du gras contre le raffinement…
Rares sont ceux qui ont une sensibilité gustative bretonne ou française chez les jeunes. C’est un vrai problème comme celui de la musique qu’ils écoutent ou les habits qu’ils portent. Ça relève de la philosophie esthétique et l’on se demande s’il restera de vrais Européens d’esprit dans vingt ou trente ans.