Michel Gay nous adresse une tribune libre dans laquelle il s’attaque à l’effacement de l’esprit critique concernant les énergies renouvelables. Nous la reproduisons ci-dessous. Rappel : une tribune libre ne reflète pas la ligne éditoriale de la rédaction de Breizh-info.com mais a vocation à susciter le débat.
Michel Gay se définit comme un « citoyen ordinaire, abonné EDF et contribuable. Il a été pilote de chasse dans une vie antérieure. Il est l’auteur du livre « Vive le nucléaire heureux » et anime le site internet http://www.vive-le-nucleaire-heureux.com. Il a reçu en décembre 2016 le prix Yves Chelet décerné par la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN / PACA).»
Sous l’influence de la répétition de slogans, l’intelligence et l’esprit critique finissent par rendre les armes. Le conditionnement s’installe. C’est le théorème du clou. Celui-ci est observable dès qu’on parle d’énergies renouvelables.
Formatée par des messages si inlassablement repris que leur pertinence n’est plus remise en question, l’opinion hexagonale ne doute pas de l’impérieuse nécessité d’implanter massivement éoliennes et panneaux solaires, en substitut d’un nucléaire honni via les mêmes processus répétitifs et anesthésiants.
Dans un énoncé simple, le « théorème du clou » stipule que, frappé sans relâche, un clou ne remonte jamais…
MARTELER SANS CESSE
Ainsi, marteler sans cesse la conscience de nos concitoyens avec les mêmes messages ciblés et manichéens, permet d’y inculquer subrepticement des idées simples et fausses qui servent de repères, voire de bases de raisonnement.
Sous ce processus répétitif, l’intelligence et l’esprit critique finissent par rendre les armes. Le conditionnement s’installe.
Par exemple : « il faut développer les énergies renouvelables ». Ce message répété à l’envi est devenu un tel mantra qu’aucun candidat à une élection ne peut manquer d’y faire non seulement référence, mais allégeance.
Peu en souligne la pertinence, ni les limites. La nécessité de développer les énergies renouvelables pour la production électrique en France, est pourtant, pour le moins, sujette à caution. Pourquoi ? Pour qui ?
POURQUOI DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ?
Pour soutenir ce développement, de nombreuses raisons sont invoquées par les promoteurs des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) : « le remplacement du nucléaire jugé dangereux, la substitution aux combustibles fossiles émetteurs de CO2, la performance économique, l’indépendance énergétique,… «
Pour certains, l’énergie nucléaire serait diabolique et aucun argument ne peut y faire pièce.
Pourtant, il est matériellement impossible de remplacer une énergie programmable et pilotable, telle que le nucléaire, par une énergie aléatoire et intermittente, sans lui adjoindre un moyen de secours souple. Ce dernier, compte tenu de la performance des EnRi et à puissance installée égale, produira à la place de l’éolien les trois quarts du temps, et du solaire les neuf dixièmes du temps !
L’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE EN DANGER
Un tel schéma de réduction du nucléaire en France conduirait à devoir reconstituer un parc de centrales à gaz (voire au charbon). Adieu donc à la belle performance du système électrique actuel qui, à 95%, ne produit pas de gaz à effet de serre.
Même souci pour l’indépendance énergétique et économique. Le gaz et le charbon sont totalement importés, ainsi que les panneaux solaires et les éoliennes.
Réponse du berger renouvelable à la bergère atomique : « le nucléaire est totalement dépendant des importations d’uranium ». C’est vrai, sauf que, largement réparti sur la planète, le risque de déficience des producteurs d’uranium est mince, et que les réserves en combustibles sont de plusieurs années en France.
Par ailleurs, la part du minerai d’uranium est faible dans la quantité d’électricité produite (moins de 100 grammes par Français et par an), et dans son prix de vente (1%).
Pour mémoire, seul un gramme d’uranium est fissionné par Français et par an pour produire 75% de sa consommation d’électricité.
LA QUESTION DU NUCLÉAIRE
Autre antienne incontournable : « Le nucléaire produit des déchets à vie longue dont on ne sait pas se débarrasser ».
Prétendre qu’il n’y a pas de solution est inexact, et la quantité de déchets est particulièrement faible au regard de l’énergie produite. Les opposants devraient plutôt dire qu’ils n’acceptent pas les solutions proposées, car c’est leur ôter un argument contre le nucléaire.
Une autre affirmation contestable: « Le nucléaire est de plus en plus cher quand les prix des renouvelables baissent chaque jour ». Cette assertion ne compare pas le même service électrique rendu.
Le nouveau nucléaire et le durcissement des normes a effectivement conduit à faire évoluer certains des équipements existants et à en ajouter d’autres qui ont accru le coût de la production nucléaire.
Le coût du kW installé éolien baisse, à cause de l’augmentation des puissances unitaires et celui du solaire PV à cause de la performance des capteurs. Mais les limites basses sont presque atteintes.
Mais surtout, le coût de production de ces EnRi doit inclure celui du soutien « thermique » nécessaire pour pallier leur intermittence, ainsi que celui des multiples raccordements aux réseaux existants.
Globalement, le kWh nucléaire, même grevé de toutes ses servitudes de l’amont et de l’aval, reste largement compétitif.
L’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE AU REGARD DES BESOINS
Toutefois, le plus important est de considérer l’énergie électrique effectivement produite par les EnRi au regard des besoins. Durant les mois de novembre et décembre 2016, la couverture par les EnRi (éolien + solaire) a été de moins de 4% des besoins. Cette contre performance n’a pas empêché leurs partisans de présenter cette contribution comme ayant évité le black-out du réseau. Ceci est parfaitement inexact, les apports se faisant au bon gré du soleil et du vent et non en fonction des besoins. Par contre, il est juste de dire que l’énergie produite alors, a permis d’économiser, en proportion, gaz, charbon et fioul. Mais à quel prix ?
Quant au démantèlement des réacteurs et des usines du cycle, l’opinion est désormais convaincue : « qu’il s’agit d’un exercice technique extrêmement délicat et d’une bombe financière à retardement». Nos politiques ont affirmé qu’en fermant Fessenheim, les tâches de démantèlement des installations pourraient occuper une force de travail équivalente à celle des personnels du site, préservant ainsi l’emploi local.
Rien n’est vrai dans une telle présentation.
Il est étonnant qu’à l’ère où l’esprit critique est célébré, « des idées toutes faites » continuent leur chemin sans être remises en cause. Les méfaits du « théorème du clou » se répandent.
Malheureusement, cette passivité est fort dommageable pour les Français puisqu’elle permet l’avancée d’options qui malmènent l’économie et l’écologie.
Michel Gay
Photo : DR
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7 réponses à “Tribune libre. Les énergies renouvelables et le théorème du clou”
Hélas pour le nucléaire, dont je suis partisan, Science et Vie vient de publier dans son numéro de février (pages 43 à 58) un article accablant sur les défauts des réacteurs français, les coûts faramineux d’entretien, les mensonges et dissimulations d’EDF, les dangers réels et immédiats pour les populations environnantes… Je viens même d’apprendre que l’Etat, bien conscient de l’impossibilité de mettre le parc nucléaire aux normes de sismicité, triche pour mettre les centrales en zone sismique 2 alors que toute la région est en zone 3.
J’aimerais votre avis là-dessus, M. Gay.
Bonjour,
Je ne me substitue pas aux autorités compétentes pour savoir ce qui est juste ou non. Je dis simplement que les énergies renouvelables ne sont pas en mesure de remplacer les énergies fossiles, et que le nucléaire est la principale solution pour la production d’électricité pour le siècle à venir pour succéder aux énergies fossiles. Il faudra s’en donner les moyens comme la France l’a déjà fait dans le passé en construisant 58 réacteurs en moins de 30 ans pour fournir une électricité décarbonée et compétitive, et ne pas raisonner faussement sur une base émotionnelle.
je me souviens d’une conférence de GUNTHER SCHWAB
(dit
– …
http://www.voltairenet.org/article178055.html
3 avr. 2013 – L’usage du thorium comme combustible alimentant les centrales … sur les anciens travaux du physicien français Edgard Nazare, des savants …
La centrale aérothermique d’Edgar Nazare : 250 à 4.000 Mégawatts d …
http://www.agoravox.fr › Tribune Libre
21 mars 2013 – 6 messages – 5 auteursCette centrale peut produire un kilowatt d’électricité au tiers du prix du … et génial, tout comme l’était son inventeur Français, Edgar Nazare.
Le professeur Edgard Nazare n’était pas physicien, mais ingénieur en aéronautique – pour en savoir plu
s à son sujet, lire le livre de Pierre Lance – « savants maudits – chercheurs exclus » –
concernant l’uranium – je crois qu’au Gabon par exemple, les pauvres mineurs africains sont restés dans un triste état – …… Lire également « tête de turc » – il est dit que les ouvriers turcs qui allaient nettoyer les réacteurs recevaient une grosse prime et retour au pays – et l’on savait que 5 ans plus tard ils développeraient un cancer.
dito pour certaines belles roses que vous achetez venant d’Afrique – les pauvres travailleurs doivent souffrir rdes produits chimiques nécessaires pour la conservation.
à suivre ……
http://www.ventdecolere.org/
Il en faut des tonnes de bétons dans le sol …..
On tourne en rond ça fait biclou… Les pour et les contre
Le nucléaire suscite bien des débats, il y a les « pour » et les « contres »
avec des avis bien tranchés et certains de détenir la vérité. Mais en réalité
il y a surtout les attentistes qui représentent le plus grand nombre et qui ne
savent pas. Ils se posent des questions et aimeraient bien comprendre le
problème.
Or s’il n’y avait que le problème de l’utilisation
des uraniums, des strontiums, des plutoniums … ( :->) ce serait facile
à expliquer. Mais pour le domaine dans lequel j’ai travaillé, c’est-à-dire l’électricité,
il faut prendre de la hauteur et analyser
la solution dans son ensemble. Petit mot en passant avant de continuer, il y a
aussi du nucléaire dans l’armée, dans les hôpitaux et dans l’industrie mais de cela
personne n’en parle et les déchets se promènent parfois dans la nature. Sans
parler que l’homme était un peu en retard sur la nature dans le domaine du nucléaire
car il y a deux milliards d’années, au Gabon à Oklo, il y a eu une explosion
nucléaire naturelle https://fr.wikipedia.org/:
Réacteur nucléaire naturel d’Oklo…
Revenons au cœur de la réaction
L’ensemble du problème électrique est la production, le
transport et la distribution de l’électricité en équilibre avec la
consommation, en permanence et au moindre coût. Voilà le résultat à atteindre.
Prenons l’homme de Cro-Magnon, Consommation électrique =0 d’où Distribution d’électricité =0 ce qui
entraîne un Transport = 0 et une Production= 0 intégrée sur une année cela fait
0 : Bilan cout = 0€.
Maintenant l’homme du XXI siècle Consommation électrique =
des Gigas Wh, je vous passe les formules mais on arrive toujours au même
résultat : Électricité trop chère.
Quand on a compris les deux équations, on a cerné le
problème mais pour le décortiquer ce sont des années d’études et d’expérience
qu’il faut car c’est un immense puzzle en n dimensions de très petites pièces
où chacune a son importance. Le nucléaire n’étant qu’un motif du tableau.
Hélas, la communication dans ce domaine est biaisée tant par
l’ignorance de ce qui se disent « connaisseurs » sans réellement
connaître et qui racontent des âneries et les véritables experts qui ont une
tendance à la rétention d’information voir à la dissimulation. Et pour
expliquer tout cela il faut être pédagogue… Ce qui n’est pas donné à tout le monde.
La seule vérité que je connaisse dans ce domaine c’est que
les « Pour» et les « Contre » font preuve de la même bêtise. On
peut être favorable ou défavorable mais on ne peut être que dans la nuance aux
vues des énormes enjeux de société qu’il y a derrière.
L’éolien est une gigantesque arnaque, qui s’appuie sur la désinformation et le saupoudrage des subventions.