21/02/2017 – 08H00 Quimperlé (Breizh-info.com) – Certains ne savent plus quoi inventer pour faire passer l’idée à ses lecteurs qu’il faut accepter de toute urgence, les migrants et les vagues d’immigration qui déferlent sur l’Europe. Dernier exemple en date avec cette conférence à Quimperlé, samedi 18 février 2017, sur …la pomme.
Une conférence sur la pomme a en effet réuni un public de quelques dizaines de personnes, conférence relayée avec plaisir par Ouest-France, quotidien subventionné de Bretagne, qui n’a de cesse d’oeuvrer en faveur de l’immigration et de dénoncer ceux qui s’y opposent.
Le titre de l’article évoquant la conférence sur la pomme se passe d’ailleurs de tout commentaire : « Quimperlé. Les pommes sont arrivées grâce aux migrants ».
La raison de ce titre : les élucubrations du conférencier, Jean-Pierre Roullaud qui, évoquant le berceau de la pomme explique : « La pomme vient d’Asie. Je vous le dis : 75 % des pommes que nous avons dans notre verger à Arzano viennent, à l’origine d’Asie. (…). Les pommes n’ont rien d’européen ou de breton. C’est grâce aux migrants et aux migrations, tout au long des siècles passés, que les pommes sont arrivées chez nous. Les pommes ont suivi les hommes ».
Petit décodage de ce message aux accents très politique – et particulièrement agressif vis à vis de participants qui venaient entendre une histoire de la pomme, et pas un plaidoyer en faveur de l’immigration aujourd’hui.
Effectivement, une forêt de pommiers de plus de 65 millions d’années a été découverte en 1929 par le biologiste soviétique Nikolaï Vavilov dans la région d’Almaty, au pied du massif du Tian Shan proche de la frontière chinoise. En, 2010, le séquençage de la pomme domestique a permis de découvrir que la pomme kazakh, baptisée Malus sieversii, était l’ancêtre de toutes les pommes actuelles. La pomme originelle serait donc née au Kazakhstan, avant même que l’homme ne naisse.
Concernant l’arrivée de la pomme en Europe, là aussi, cela remonte : les archéologues ont démontré que les pommes étaient déjà connues au néolithique avec l’expansion de l’agriculture. Des fossiles de pommes carbonisées ont été mis au jour sur le site de fouilles du lac de Chalain. Ces fossiles remontent à près de cinq mille ans.
Par ailleurs, ce n’est pas « grâce aux migrants et aux migrations » – c’est à dire bien souvent dans l’histoire aux invasions humaines d’un territoire par un autre – que les pommes sont arrivées chez nous, mais grâce aux commerçants, et à l’emprunt de la Route de la Soie, durant l’Antiquité.
D’autre part, la culture de la pomme n’a débuté que durant l’Antiquité, une fois arrivée en Grèce, c’est à dire en Europe, avant que cela ne se développe sur tout le contour méditerranéen.
Trois siècles avant notre ère, dans son Histoire des plantes, Théophraste distinguait six variétés de pommes que L’Odyssée d’Homère évoque sous le terme flatteur de « beaux fruits » : « les agrestes ou sauvages, les printanières ou précoces, les sérotines ou tardives, les mélimèles ou douces, les épirotiques venues de l’Epire et enfin les urbaines ou… cultivées ».
Six différents types de variétés que les Romains portèrent quant à eux à une bonne trentaine, jusqu’à ce que la pomologie, consacrée comme véritable science à la fin du 16ème siècle, en dénombre plus de cent, rien qu’en France.
Jean-Pierre Roullaud est fondateur du verger conservatoire Arborépom, d’Arzano. Il sait parfaitement transmettre la passion de l’étude et de la culture des variétés de ce fruit.
Mais il y perd les pinceaux quand il veut faire de la pomme un outil de propagande politique, avec la complicité du quotidien le plus lu en France. « Vous comprenez pourquoi on se désabonne ? » nous adresse le lecteur qui nous a transmis le lien vers l’article en premier.
« Il n y a pas un jour où ils ne trouvent pas le moyen de relier une actualité aussi particulière soit-elle aux migrants . C’est de la manipulation des masses, ni plus, ni moins. A quand un article pour nous expliquer que la cornemuse puise sa richesse dans sa longue histoire commune avec les instruments des Peuls de l’ouest du Sahel ? ».
On objectera à ce lecteur que pour Jean-Pierre Roullaud, les pommes, cultivées depuis l’Antiquité en Europe, c’est à dire depuis plusieurs milliers d’années, n’ont « rien d’européen ou de breton ». Les « migrants » débarquant aujourd’hui sur les côtes européennes peuvent donc prendre leur mal en patience …
Crédit Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
4 réponses à “Quimperlé. Quand la pomme devient un fruit de désinformation en faveur de l’immigration”
qu’il vienne faire un tour en Normandie et les normands lui causeront du pays – et des pommes ….
je me demande parfois si ce n’était le désert par ici ?
Vous semblez confondre pomme sauvage et pomme domestique. Or la pomme qui est cultivée en Bretagne, comme toute les autres variétés domestiques, est issue de la pomme sauvage du Kazakhstan, avec quelques inclusions génétiques locales. Ce n’est donc pas une espèce endémique.
Quelques imprécisions dans votre réaction :
La culture de la pomme domestique n’a pas commencé en Grèce (Europe) avant de se répandre le long du littoral méditerranéen, mais quelque part en Asie Centrale, et s’est répandue vers l’Ouest en passant par le Levant. La dernière étape étant sans doute l’introduction de la pomme domestique en Europe du Nord-Ouest par les colons romains suite à l’invasion romaine.
Des milliers d’années se sont écoulés entre la domestication de la pomme kazakh et l’arrivée de sa descendante, malus domestica (la pomme domestique) en Europe de l’Ouest. Un laps de temps durant lequel le fruit a pu transité suite à des mouvements de population, par voie commerciale (sauf dans les époques les plus hautes ou l’activité commerciale était concentrée sur des biens précieux : ivoire, tourmaline, lapis-lazzuli), ou bien encore par hasard, et très probablement par une combinaison de ces trois facteurs. Pas de quoi en faire un flan.
Eh! oui les pommes ont suivi les hommes, les migrations indo-eurpéennes ont atteint nos territoires vers – 700 avant Jésus Christ. Ces migrations sont estimées à 2km par année par les scientifiques, je laisse aux bretons et aux normands »pur souche » calculer le nombre d’années qu’il a fallu à ces populations pour atteindre l’Europe sachant qu’elles sont parties d’Asie.
Dans nos recherches, nous découvrons que la grande diversité des variétés est due principalement au déplacement des hommes. Ce cher normand qui veut me parler de pommes semble oublier que l’apport au 16ème siècle de variétés provenant de Biscaye est à l’origine des meilleures variétés normandes. M Dursus, gentihomme basque, devenu comte de l’Estre doit se retourner dans sa tombe, lui qui à tant oeuvrer à l’amélioration des variétés de pommes normandes.
Sait-il que la Normandie était une province viticole avant de devenir cidricole?
Eh! ben oui, je persiste, sans les déplacements des hommes, nous aurions vraisemblablement en Bretagne et en Normandie que du malus sylvestris donnant des fruits d’une acidité à rebuter les nationalistes gastronomes. Je suis surpris que des bretons et normands ignorent leur origine celtique venant à l’origine d’Asie, matinée par des apports normands venant des contrées septentrionales sans oublier tous les hommes venant de tous horizons , romains, africains, etc…. J’ai d’ailleurs un ancêtre du port de Nantes, il a oublié de me dire d’où il venait.
Sur un site archéologique d’Inguiniel dans le Morbihan, une perle en verre de Bavière a été découverte, les hommes ont toujours bougés pour des raisons de curiosités, de commerce, de conflits et de famine.
Je pars dans les jours à venir vers l’Andalousie et le Portugal, région où la présence arabe et juive est incontournable, découvrir, avec des passionnés sans oeillères, les richesses fruitières de ces régions. Je compte bien revenir avec quelques greffons, pour contribuer à ma modeste façon, à la diversité génétique future de la Bretagne.
J’imagine le festival de surprises si tous les hommes de ce pays réalisaient leur empreinte génétique. Quel beau voyage en perspective de l’Europe à l’Afrique, des pays nordiques à Rome en passant par les Amériques et l’Asie. Nous sommes tous uniques, mais notre diversité génétique nous rend égaux.
Notre maison est dans un village, qui est dans une pays, qui est dans une nation, qui est dans une communauté (pour nous l’Europe), qui est dans hémisphère, qui est sur Terre, qui est dans une constellation, qui est dans le cosmos, qui est dans l’infini. Face à cette dimension, la modestie m’amène a éviter de m’irriter le nombril et à respecter la philosophie de chacun tant qu’elle respecte la dignité humaine.
Tout homme qui se déplace amène avec lui sa culture, qui nous enrichie.
Je ne suis qu’un humaniste, attachée au respect de la nature à tout endroit de cette Terre.
Excellent article qui nous apprend beaucoup sur la pomme, mais moins sur le calvados !