17/02/2017 – 05h20 Paris (Breizh-Info.com) – Centre de déradicalisation, individu radicalisé, lutte contre la radicalisation sur internet… la “radicalisation” semble avoir connu son âge d’or en 2016 et paraît même promis à de belles heures pour 2017. Analystes, journalistes, politiques de droite comme de gauche, plus qu’un seul ennemi : la radicalisation.
Cela mérite bien de s’attarder un petit peu sur un terme passe partout qui permet d’éviter de parler d’islamiste lorsqu’un attentat est perpétré sur le sol européen.
Mot jusqu’alors peu utilisé et venu en renfort du défunt “loup solitaire” qui semble-t-il avait fait son temps, la radicalisation comme tous les mots de novlangue avait pour avantage de nier la réalité, remplacée par une notion abstraite et fausse.
Un individu converti à la religion musulmane et prônant une pratique rigoriste de l’islam n’est alors plus défini comme un musulman mais comme une personne radicalisée. Comme si l’individu avait contracté un virus de radicalité, faisant de lui une sorte de victime.
Et pour faire face au phénomène de radicalisation, le gouvernement n’a pas hésité à recourir à des “centres de déradicalisation”, sorte de foyers pour apprentis djihadistes, regroupés entre eux et qui doivent s’abreuver quotidiennement des bonnes paroles républicaines de tolérance et de respect de l’autre.
Une démarche qui peut paraître bien légère contre le développement du terrorisme. L’échec de ces espaces est d’ailleurs complètement avéré puisque le dernier “centre de déradicalisation” est complètement vide d’occupant mais fonctionne encore…
Le recours à ce mot cache-sexe pour ne pas heurter l’électorat musulman est aussi inutile que dangereux car il met sur un pied d’égalité des formes de radicalité bien différentes : ainsi l’adhésion à des idées radicales ou la marginalisation sociale sont mises sur un pied d’égalité avec le recours à des actes terroristes.
Exit donc l’islamisation ou l’intégrisme islamique et bonjour la radicalisation. Radicalisation qui a bien vite fait de se retourner contre d’autres communautés dont les membres ne sont pourtant pas vraiment des terroriste. Ainsi des titres comme Le Monde, Les Echos ou Médiapart mais aussi l’AFP se font tous l’écho d’une prétendue radicalisation des catholiques.
De son côté, le journaliste franco-américain Franz-Olivier Giesberg n’hésite pas à déclarer que la “France est soumise aujourd’hui à deux menaces qui, pour être différentes, n’en mettent pas moins en péril son intégrité : Daech et la CGT”.
Pour cet employé du service public, l’exercice du droit de grève par un syndicat est donc à mettre sur un pied d’égalité avec la fomentation d’attentats terroristes.
La radicalisation, notion réductrice et simplificatrice, a donc de beaux jours devant elle. Elle permet d’éviter de s’attaquer aux individus réellement dangereux, d’imposer un état d’urgence sans frais et participe à la confusion générale.
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