10/02/2017 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ Relégué en fin de séance, le 35ème point de la prochaine séance du conseil de Nantes Métropole, vendredi 10 février, intrigue les observateurs. Il porte sur la création d’une mission d’information et d’évaluation (MIE) consacrée aux Machines de l’île et au Voyage à Nantes.
Les Machines de l’île ne seraient-elles donc pas aussi consensuelles qu’on le croyait ? Le site des anciens chantiers navals de Nantes est devenu un lieu de promenade apprécié. Il est parcouru par le Grand éléphant, une machine spectaculaire qui amuse les enfants. La plupart des Nantais ignorent que le Grand éléphant et les autres Machines de l’île – la Galerie des machines, le Carrousel des mondes marins et la branche prototype de l’Arbre aux hérons – leur coûtent plus d’un million d’euros de subventions chaque année.
Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes, a annoncé l’an dernier la construction d’une Machine supplémentaire, l’Arbre aux hérons, dans la carrière de Miséry, presque en bord de Loire, au-delà de l’extrémité ouest du quai de la Fosse. L’investissement annoncé est de 35 millions d’euros ; le montant des subventions d’exploitation à prévoir n’a pas été précisé. « Je doute que l’’Arbre aux Hérons” soit vraiment l’équipement touristique dont Nantes a besoin aujourd’hui », a déclaré Blandine Krysmann, élue du Parti chrétien démocrate, dès le conseil métropolitain du 17 octobre 2016. Elle y est revenue lors du conseil métropolitain du 19 décembre en annonçant que le groupe d’opposition UDC (Union de la droite et du centre) allait demander la création d’une MIE sur les Machines de l’île.
C’est donc cette MIE, élargie au Voyage à Nantes (VAN), la société publique locale chargée de la politique du tourisme, qui figure à l’ordre du jour du 10 février.
Un verrouillage efficace
Si cette demande intrigue, c’est que la création d’une MIE n’est pas une simple formalité. Cette possibilité a été ouverte par une loi de 2002, à l’initiative du gouvernement de Lionel Jospin, au nom de la démocratie de proximité. Elle tient en réalité du trompe-l’œil puisque la mission doit être demandée par au moins un sixième des conseillers municipaux et que si elle est acceptée, elle doit respecter la composition politique du conseil municipal et n’a pas de vrai pouvoir d’enquête. Le verrouillage est donc solide, ce qui explique que les MIE soient rarissimes, sauf à Paris.
Contraintes supplémentaires, un conseiller municipal ne peut s’associer qu’à une seule demande de MIE par an et aucune MIE n’est possible après le 1er janvier de l’année précédant la prochaine élection municipale. En pratique, donc, le groupe UDC, avec ses 31 conseillers sur les 118 membres du conseil de Nantes Métropole peut demander au maximum une MIE en 2017 et une autre en 2018.
Or les sujets potentiels ne manquent pas – en particulier la sécurité à Nantes et la construction d’un nouveau CHU sur l’île de Nantes. Si l’opposition a choisi de tirer l’une de ses deux cartouches sur un thème apparemment plus anodin, c’est sans doute qu’elle se dit qu’il y a anguille sous roche. Dans le détail, en effet, les sujets d’interrogation ne manquent pas : Les millions d’euros de subventions consacrés chaque année aux animation du VAN sont-ils des dépenses utiles ? Les bilans présentés par le VAN sont-ils sincères ? Est-il raisonnable que le directeur du VAN partage son temps entre Nantes et Le Havre ? L’Arbre aux hérons offre-t-il d’autres perspectives financières que des déficits supplémentaires ? Est-il raisonnable de fonder la politique municipale du tourisme sur des équipements ludiques ? Est-il sain que les Machines de l’île se fournissent quasi exclusivement auprès de l’association La Machine par des marchés de gré à gré alors que les dirigeants des deux structures sont très proches ?
Même dans une MIE bien contrôlée, laisser ces questions s’exprimer n’irait pas sans risque. Les Nantais attendent donc avec curiosité de savoir si Johanna Rolland acceptera vendredi la demande de son opposition.
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