08/02/2017 – 10H00 Nantes (Breizh-info.com) – Opposés à la tenue d’une conférence sur l’immigation, les « antifas » avaient manifesté le 3 février dernier à Nantes en usant de leurs moyens habituels : casse, jets de pierres et de projectiles divers sur la police et autres tags. Une dizaine de ces casseurs au front bas avaient été interpellés. Ce lundi, l’un d’entre eux, récidiviste, comparaissait devant le tribunal. Il a été relaxé.
Thomas H. est né le 3 septembre 1997 à Saint-Herblain. Ce futur paysagiste, qui étudie dans un lycée herblinois et travaille en alternance, passe en jugement pour participation à un attroupement armé le visage masqué (avec une capuche et un cache-col), violences volontaires avec arme (des pierres) contre la police (en l’occurrence la BAC) et détention de produits stupéfiants (4 grammes de cannabis). Par ailleurs, il est en récidive légale, car il a déjà été condamné pour les mêmes faits le 26 mai 2016 suite à des violences commises le 17 mars dernier en marge d’une manifestation contre la Loi Travail, à Nantes.
Comme il est d’usage, le juge cite largement le procès-verbal d’ambiance établi par la police. On y apprend que les manifestants partirent de la place Viarme à 19h32 à 150, « dont vingt jeunes grimés et porteurs de valises marron », qu’à 19h46, alors que la manifestation atteint l’angle des rues d’Anjou et du Maine, ils sont déjà 400 selon le service de renseignement intérieur, qu’à 20 heures la BAC est visée par des projectiles vers la station de tram Félix Faure [ils l’ont déjà été près de Saint-Pasquier dix minutes avant], et qu’à 20h22, la police a éclaté la manifestation en trois groupes, rue des Hauts Pavés, rue Paul Bellamy et au niveau du tram à Félix Faure. Elle est complètement dispersée après 21 heures.
Le prévenu a été arrêté avec deux autres par la BAC au rond-point de Rennes, après qu’une horde de casseurs y ait déboulé, détruit un DAB, un panneau publicitaire et une voiture, et lancé des pierres sur la police avant de partir en direction de Michelet. D’après le policier qui l’a arrêté, il l’a «évité des jets de pierre de la part de cet individu » qu’il a identifié, l’a perdu de vue, l’a retrouvé alors qu’il lançait à nouveau des pierres sur la police, l’a fait chuter à terre et l’a interpellé. Dans la chute, son sac s’est ouvert, dévoilant un sac contenant le cannabis.
Le prévenu conteste avoir lancé des pierres. Mais ne conteste pas que « l’objectif, c’était d’aller à la salle Bretagne et empêcher la réunion d’extrême-droite », c’est à dire la conférence. Il affirme qu’il était derrière le cortège, et ne nie pas – contrairement à son audition en garde à vue – avoir vu des jets de pierre sur les forces de l’ordre, qui venaient de l’avant du cortège. Sa condamnation toute récente l’a-t-elle dissuadé ? Il hausse les épaules : « un peu ». Pas beaucoup. Du reste, elle était clémente : 60 jours amende à 5€ (300 € d’amende).
La défense fait comparaître une jeune fille, Mlle S., qui était avec lui dans la manif. Et qui s’avère être sa petite amie. Celle-ci affirme ne pas l’avoir perdu de vue un seul instant, qu’il avait certes le visage couvert mais qu’il n’a rien jeté du tout. Ensuite, quand la police a chargé, ils ont couru ensemble, et elle l’a perdu de vue, puisqu’il s’est fait arrêter. Touchant.
« Le fascisme, ce sont des bandes armées qui forcent ou frappent leurs adversaires politiques car ils ne sont pas d’accord avec eux »
Le procureur, qui embraye, s’appuie sur ce témoignage bancal pour mieux enfoncer le prévenu : « pour simplifier, la petite amie du prévenu vient témoigner alors qu’elle participait à l’attroupement, donc son témoignage ne vaut pas grand chose ». Et s’attire les foudres de l’avocat, qui insiste sur le serment donné par le témoin. L’heure est tardive, coup sur coup le procureur fait une approximation – il affirme que les « engins pyrotechniques » reçus par les policiers étaient des cocktails Molotov alors que c’étaient des mortiers – et un lapsus qui font sourire la salle : « un attroupement, c’est à partir du moment où des violences sont commises par des policiers ».
Il poursuit : « je ne sais pas si c’est Marx ou Engels qui disait que l’Histoire se répète deux fois : la première fois c’est une tragédie, la seconde, une farce. Le fascisme, ce sont des bandes armées qui forcent ou frappent leurs adversaires politiques car ils ne sont pas d’accord avec eux. Qui revendiquent l’usage de la violence en politique. Ces adolescents qui jouent aux résistants antifas, c’est une farce ».
Une farce violente qui défigure la ville de Nantes. « Comme avocat de la République, je représente les habitants du centre-ville, que l’assistance peut qualifier de petits-bourgeois, qui sont indisposés de voir (…) pourrir le centre-ville semaine après semaine Je représente les policiers, qui n’ont pas à subir cette violence, je représente l’Institution républicaine que l’on attaque ». Il brocarde un peu plus loin « une guérilla urbaine pratiquée depuis des mois dans l’agglomération de Nantes ».
Et dans ses réquisitions, après avoir écarté diverses peines, il écarte le sursis mise à l’épreuve, « car il faut que celui-ci puisse le comprendre, que ceux-là [l’assistance, composée d’une quarantaine de jeunes présents dans la manifestation, dont plusieurs ont été condamnés pour des faits similaires entre mars et juin dernier] puissent le comprendre, que les habitants puissent le comprendre, que les édiles puissent le comprendre. Personne ne peut le comprendre, car dans la presse, ça devient un sursis [simple], et la mise à l’épreuve passe à l’as ».
Il se rassoit après avoir requis 6 mois ferme, sans mandat de dépôt. Et avec un dernier conseil : « ça lui ferait du bien d’aller voir un juge d’application des peines. Le fascisme, si tant est qu’il existât, ne se combat pas avec des jets de pierre, mais avec des lectures ».
« Au moins, on voit de quel côté sont les juges. Rien d’étonnant à ce que les violences continuent ! »
L’avocat se lève, et prononce une longue plaidoirie où il s’attache à divers détails de procédure. La manifestation aurait été, selon lui, autorisée, et ce n’est donc pas un attroupement armé – en fait, le rassemblement place Viarme était autorisé, pas la manifestation. Même si à Nantes il existe une telle culture de la non-déclaration de manifestation que cela n’a que peu d’importance. Ensuite, « des violences sans ITT ne sont pas possibles avec deux circonstances aggravantes », s’adresse-t-il aux juges, qu’il somme de « choisir entre l’arme et la qualité de la personne dépositaire de l’autorité publique ». Comme il n’y a pas eu de sommations, affirme-t-il, il laisse entendre qu’il n’y a pas eu d’infraction. Et s’appuyant sur le témoignage de la petite amie, il plaide carrément la relaxe.
Les juges le suivent, et le relaxent au bénéfice du doute, en ce qui concerne les violences volontaires contre la police. Pour avoir dissimulé son visage, il reçoit une contravention de 5e classe (500 € d’amende). Il devra effectuer à ses frais un stage de sensibilisation pour ce qui concerne la détention de stupéfiants.
Un verdict qui risque de ne pas être très bien compris par l’opinion. Un riverain, qui nettoie laborieusement sa maison taguée, est pantois : « au moins, on voit de quel côté sont les juges. Rien d’étonnant à ce que les violences continuent ! ». D’autres sont attendues le 26 février et les jours précédents, alors que les antifas entendent s’opposer, par la force s’il le faut, au meeting de Marine le Pen à Nantes. Dans le même quartier, un artisan qui efface d’autres dégradations causées par la manifestation du 3 février est lui aussi indigné : « la justice, ça ne veut plus rien dire ! C’est elle qui nous condamne quand on a le malheur de travailler, qui nous assaille de normes toutes plus lourdes et inapplicables les unes que les autres, qui nous pique notre fric parce qu’on n’en paye jamais assez à l’État – pour ce à quoi ça sert ! En revanche les fils à papa qui cassent tout sont protégés par le système et leurs parents irresponsables ne sont jamais invités à payer les dégâts ! Inutile de me demander pour qui je vais voter, et où je serai le 26 février ! ».
Louis Moulin
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