07/02/2017 – 08H40 Nantes (Breizh-info.com) – AI Awards vient de décerner ses prix annuels en intelligence artificielle. Parmi les organisations et personnes distinguées figure un Breton, Jean-Philippe de Lespinay, seul Français de la promotion 2017. Nous l’avons rencontré.
Breizh-info – Jean-Philippe de Lespinay, AI Awards vient de récompenser vos travaux. Pourriez-vous nous en dire plus à propos de ce prix ?
J-Ph. de Lespinay ‑ AI Awards est une organisation américaine à vocation internationale créée par un groupe de médias, Informed.AI, qui gère plusieurs sites web et portails spécialisés en intelligence artificielle et en apprentissage automatique (ou machine learning). Elle organise des congrès et formations sur ces thèmes, et décerne plusieurs récompenses annuelles : prix de la meilleure start-up en I.A., prix de la meilleure application d’I.A. pour le grand public, etc. Cette année, elle m’a attribué le « Special Award for AI achievement » qui récompense trente ans de R&D et surtout une vision très ambitieuse de l’I.A. – une vision que je qualifierais de « brito-française » puisque mes inventions ont été faites à Nantes et testées par des clients le plus souvent bretons.
B.I. ‑ Pourquoi ce prix vous est-il attribué ?
J-Ph.L. ‑ Pour la technologie Maïeutique que j’ai inventée en 1986. Au début c’était une méthode d’extraction des connaissances inconscientes, indispensable en informatique pour automatiser l’écriture des programmes. Par la suite, elle a donné naissance à une technologie unique sur le marché développée dans mon entreprise, Tree-Logic, « l’intelligence artificielle raisonnante ». Celle-ci permet à l’ordinateur de fonctionner par le raisonnement comme vous et moi, et non plus en suivant les instruction des informaticiens. Ainsi, il devient humain, dialogue avec ses utilisateurs dans toutes les langues, partage avec eux ses connaissances et les améliore sans cesse et, surtout, écrit les programmes lui-même sans intervention de développeurs, à toute vitesse ! Cela permet à chacun de faire de l’ordinateur une machine personnalisable à l’infini.
B.I. – Vous avez été un précurseur en matière d’intelligence artificielle. Pourtant, vos méthodes ne se sont jamais imposées sur le marché…
J-Ph.L. ‑ Oui, mes activités sont centrées sur l’I.A. depuis plus de trente ans. Malgré des succès comme le développement du premier système expert bancaire pour la Banque de Bretagne à Rennes en 1986, je n’ai pas réussi à imposer mes vues. Peut-être étais-je un peu en avance sur mon temps. Mais surtout, je n’étais pas un homme du sérail : je suis diplômé d’une école de commerce et non polytechnicien ou docteur en informatique. Des 1986 et mes succès médiatiques (quarante articles de presse sur la Maïeutique dès 1987), je me suis trouvé sans l’avoir voulu en rivalité avec les universitaires. Je me suis alors heurté à une opposition systématique. Je n’ai pu obtenir aucune aide à la recherche, aucune subvention, aucune reconnaissance officielle. Le Special Award for AI achievement est la première reconnaissance officielle et elle n’est pas française… N’est-ce pas le reflet du « système » ? Et dans les entreprises, qui m’ont énormément soutenu, les directions informatiques n’aiment pas ce qui permet à terme de se passer d’une partie de leurs services et freinent les commandes…
B.I. – Peut-être auriez-vous dû vous expatrier ?
J-Ph.L. ‑ La Silicon Valley m’aurait probablement offert d’autres perspectives, la distinction décernée par Awards.AI en témoigne, mais je suis attaché à la Bretagne et à son développement économique. Dans les années, 1980, j’ai d’ailleurs fondé à Nantes une association de chefs d’entreprise bretons, le Cercle de Bretagne, afin de soutenir l’économie de notre région.
B.I. ‑ Vous portez un nom célèbre dans l’histoire de Bretagne…
J-Ph.L. ‑ Le plus connu de mes ancêtres est bien sûr Jean de Lespinay, trésorier et receveur des finances du duché de Bretagne au début du 16e siècle. Originaire de Plessé, il était l’un des conseillers les plus proches de la duchesse Anne. Il a constamment œuvré pour protéger les intérêts bretons, ce qui lui a valu la vindicte des Français, qui ont saisi tous ses biens après sa mort. Mais la famille compte aussi plusieurs autres personnages notables comme le général-baron de Lespinay, qui commandait l’arrière-garde lors de la retraite de Russie et eut la périlleuse responsabilité de protéger le pont sur la Bérézina afin de sauver ce qui restait de l’armée de Napoléon. Ceux qui s’intéressent à son histoire peuvent consulter le blog de la famille Lespinay.
Crédit photo : photo NK, DR
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3 réponses à “Un Breton distingué par un prix international d’intelligence artificielle [Entretien]”
C’est un des problèmes de la France, on n’aime pas les autodidactes, Steve Jobs n’aurait pas réussi à fonder Apple ici !
Oui ! Sauf que « on » est une toute petite minorité, celle qui a le pouvoir en France depuis 40 ans (Giscard) et entend bien le conserver : nos énarques et leur clientèle… Ils sont l’opposition armée aux chefs d’entreprise et aux gens dynamiques dont le pouvoir, lui, est légitime. Les Français aiment la réussite des leurs et la soutiennent.
Félicitation!
Et en plus, il connait et assume la différence entre Bretons et Français…
Ils nous en faudrait d’autres comme lui….!
PS : Merci à Breizh-info pour cette information qui sauf erreur n’est pas parue dans les autres médias libres bretons…!