01/02/2017 – 07H45 Rennes (Breizh-info.com) – Le géophysicien nord finistérien Jean-Pierre Le Gorgeu a toujours eu une ligne claire : le membre de « Sauvons le Climat » a toujours critiqué les objectifs du Grenelle de l’Environnement, la surévaluation de l’éolien dans le Pacte électrique breton et la sous évaluation des énergies alternatives comme la géothermie. Pourtant, le Pacte est censé assurer l’avenir électrique de la Bretagne.
Les auteurs de l’article « Analyse du Pacte électrique breton », H. Flocard et J.-P. Le Gorgeu résument leur propos ainsi : « Partant de données de productions éolienne, solaire, hydraulique et EnR thermiques bretonnes publiées par RTE pour les années 2013 et 2014, nous construisons un modèle à maille horaire de la production électrique à partir d’énergies renouvelables telle qu’elle est définie par le Pacte Electrique Breton. Ensuite, par comparaison avec la consommation régionale, nous calculons la production d’énergie pilotable qu’il reste nécessaire d’apporter en complément du PEB. Celle-ci montre que le Pacte est encore très loin de conduire la région Bretagne à l’équilibre énergétique et la sécurisation de son système électrique, pourtant annoncés comme étant ses objectifs majeurs”.
Les analyses présentées sont très fines : elles démontrent s’il le fallait encore l’intermittence et la complexité du mix énergétique basé sur des renouvelables. Elles illustrent parfaitement la variabilité de la demande au cours d’une année et d’une journée, jours fériés inclus. Elles ont le mérite de démontrer la thermo-sensibilité de la consommation : “en période hivernale l’évolution de la consommation ne dépend pas uniquement des tendances régulières de l’activité économique. Il s’y superpose l’effet de la température extérieure qui peut induire de fortes variations du besoin en chauffage ; celui des logements ou bureaux conçus pour être chauffés électriquement mais aussi, lors des grandes vagues de froid, celui des radiateurs électriques d’appoint compensant les insuffisances ou déficiences de chauffages thermiques mal adaptés.”
Les courbes de l’énergie nécessaire tout au long de l’année pour compenser la différence entre production et consommation sont instructives : tel quel, le Pacte Electrique Breton n’est pas suffisant pour assurer les objectifs annoncés. L’illustration suivante présente la distribution des heures en fonction du taux de couverture pilotable à fournir à la Bretagne en complément de sa production.
On voit ainsi que la Bretagne du Pacte électrique breton exporte de l’électricité les jours fériés en journée principalement et on observe les optima autour de 80-90%, soit des taux de couverture importants.
Cette analyse amène les auteurs à pointer les effets néfastes d’une politique homogène et centralisée sur l’ensemble du territoire national : comment exporter alors que les voisins ont la même politique en production électrique et se retrouvent dans les mêmes configurations de production ?
Là se situe une importante faille du Pacte électrique breton et de ses analyses, oubliant et sous dimensionnant les principaux gisements en terme de production d’électricité : les énergies marines et sous marines, le biocarburant et sa conversion en électricité. La force électrique de la Bretagne réside dans son caractère marin.
Reste la critique principale de ce type d’analyse : quid du stockage électrique ? En 2017, il n’est plus possible de séparer production électrique et capacités de stockage quelle que soit l’échelle d’analyse envisagée.
Maelys Lecor
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