31/01/2017 – 07h45 Paris (Breizh-Info.com) – Avec le second tour des primaires de la « Belle alliance », l’autre fait marquant de l’actualité du week-end était le meeting de François Fillon, le candidat de la droite et du centre à l’élection présidentielle, qui se tenait dimanche 29 janvier dans la salle parisienne de la Villette. Retour sur le discours de l’ancien Premier ministre.
Des cadres qui font bonne figure en pleine tempête
La salle de la Villette semblait bien remplie dimanche après-midi puisque, selon les sources, entre 10 000 et 13 000 militants et sympathisants des Républicains avaient fait le déplacement pour voir François Fillon tenter de reprendre la main dans ce qui semble être la pire séquence politique de sa carrière. Après la semaine qui a vu éclater l’affaire de la rémunération de son épouse, Pénélope Fillon, de nouvelles révélations sur une sombre histoire de caisses occultes de sénateurs de feu l’UMP sont apparues ce dimanche dans les colonnes du JDD. Une sorte de deuxième coup porté « à terre » tandis que le candidat sarthois peine à se relever de la première attaque.
C’est donc dans ce contexte inédit et complexe à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle que l’avant-garde du parti Les Républicains est apparue solidaire de son favori. Alain Juppé, Bruno Retailleau, Gérard Larcher, Valérie Pécresse… Les cadres étaient comme prévu au premier rang de l’assistance, entourant une Pénélope Fillon qui a brutalement découvert l’impitoyable rudesse du combat politique.
Un discours combatif, pas transcendant
Laissant les médias conventionnels commenter les aspects psychologiques du discours et les émotions du couple Fillon, nous préférons nous intéresser davantage au fond du propos.
Après les prises de paroles des principaux ténors LR, et de celle qui a la rude tâche d’être la porte-parole du candidat, Florence Portelli, François Fillon a pris le micro pour un plaidoyer d’une heure en faveur d’une « France libre », son slogan du jour. Mais malgré les haussements de ton et une détermination palpable, l’alchimie semble avoir bien du mal à prendre en dehors de la sphère des militants Républicains. Et on sait qu’une élection ne se gagne pas uniquement avec les voix des adhérents du parti.
Un ton offensif envers la concurrence
Considérant probablement que la meilleure des défenses était l’attaque, François Fillon est passé à l’offensive face à des concurrents qui guettent du coin de l’œil le moindre trébuchement.
Emmanuel Macron a ainsi été qualifié par ses soins de « prototype des élites qui ne connaissent rien à la réalité profonde de notre pays ! », assurant par ailleurs que l’ancien ministre des finances était « le bilan de Hollande ». Mélenchon est quant à lui gratifié du titre de « Fidel Castro de YouTube ».
Le candidat Fillon termine son passage en revue par le Front national : « Le programme du FN, c’est de la dépense publique à n’en plus finir, c’est le programme du parti communiste des années 70 ou celui du Front de gauche ! Pendant des années le FN a dit qu’il fallait préférer l’original à la copie. Eh bien, aujourd’hui, l’original c’est Jean-Luc Mélenchon et la copie c’est Marine Le Pen ! ».
Une ligne sociale assouplie
En proie aux critiques, y compris de son propre camp, sur son programme économique et social jugé trop «radical», François Fillon a profité de ce meeting parisien pour envoyer des signaux à un électorat populaire d’ouvriers et d’employés dont tout laisse à croire qu’ils finiront dans les bras du Front national en avril prochain compte tenu des propositions du Sarthois.
Reprenant en version 2017 le slogan de son « collaborateur » Nicolas Sarkozy – qui avait fait tant parler dix ans plus tôt – François Fillon affirme qu’il faut « travailler tous pour produire plus et gagner plus ». Ajoutant par ailleurs que « la meilleure politique sociale, c’est celle qui donne du boulot ».
Rassurer sur les retraites pour un électorat décisif
« Nous vivrons tous plus longtemps, en moyenne au-delà de 80 ans, il est donc raisonnable de cotiser un peu plus longtemps pour assurer nos vieux jours ». Sans revenir sur son diagnostic, François Fillon a cherché à rassurer les seniors des classes moyennes et populaires, comprenant un peu tard que cette masse de voix, qui fluctue entre les vestiges des promesses sarkozystes et le programme social-conservateur de Marine Le Pen, était relativement déconcertée par les annonces « chocs » de l’ancien Premier ministre à l’automne dernier.
Ainsi, il ajoute : « Mais il n’est pas possible qu’en France nos anciens les plus modestes en soient à renoncer à leurs repas pour payer leurs factures ». Mettant des chiffres sur les mots, François Fillon veut mettre en place « une revalorisation de plus de 300 euros pour les pensions de moins de 1000 euros et d’au moins 600 euros pour les petites pensions de réversion ». Un virage à la hâte censé éviter une sortie de piste prématurée.
Une constance sur l’identité et l’immigration
François Fillon avait fait le choix dès les primaires de se positionner assez clairement sur les sujets de l’identité et de l’immigration. Sujets qui, bien que délaissés par toute une partie du spectre politique, risquent très certainement d’influencer fortement le résultat de l’élection présidentielle. Ce dimanche, il a maintenu sa ligne sur ces thématiques, prônant « une Europe des Nations, unies pour défendre la civilisation européenne ». « Je milite pour une Europe qui tient ses frontières, pas une Europe passoire » ajoute-il enfin.
Sur la question migratoire précisément, François Fillon a semble-t-il bien saisi l’air du temps dans l’électorat de droite, et paradoxalement (voir plus bas), émet un discours assez proche des positions de Donald Trump. Il assure ainsi vouloir « réduire l’immigration à un strict minimum, en l’organisant par quotas, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration ».
Le ton reste ferme sur la problématique des réfugiés : « Aux vrais réfugiés politiques, l’honneur commande que la France tende sa main. Mais avec les clandestins, elle doit être intransigeante car le droit de l’asile est sacré ».
Quant aux problèmes d’intégrations causés par certaines pratiques de l’islam, « ma vision des choses est très claire : la religion musulmane doit accepter sans condition tout ce que les autres religions ont accepté par le passé ! », affirme François Fillon.
Une détermination verbale qui ne demande plus qu’à être validée par des actes et des mesures appropriées en cas de victoire au second tour.
Indépendance au plan international et défiance envers Trump
Faisant l’enchaînement entre les problèmes causés par le djihadisme en France et la situation au Moyen-Orient, François Fillon assure vouloir « une France libre de combattre le totalitarisme islamique avec tous les États volontaires sans aucune exclusive. Une France libre de dire non aux États-Unis quand ils imposent leurs lois au mépris du droit international à nos entreprises. Libre de parler avec la Russie avec franchise.»
Au sujet de la Russie, le candidat LR hiérarchise les choses : « Oui le président Russe a commis des fautes, et ces fautes ne sont pas excusables, mais il ne finance pas les djihadistes qui tuent nos enfants et ne nourrit pas le projet d’imposer la charia au reste du monde dans un califat de cauchemar ».
Quant à la tornade Trump qui souffle depuis quelques jours outre-Atlantique, François Fillon se montre pour le moins réservé : « Les Américains sont nos alliés et nos amis, mais la France n’est la vassale de personne et il est temps que l’Europe se réveille pour redevenir une puissance indépendante et souveraine. »
Une volonté et une crédibilité fragilisées par les affaires
En définitive, malgré le ton déterminé du discours filloniste de ce dimanche, l’engouement nécessaire à une campagne électorale victorieuse à trois mois de l’échéance ne paraît pas avoir lieu. Il sera donc être intéressant de voir comment le candidat, dont le critère de différenciation dans la primaire de la droite était la probité, compte aller gagner la confiance de l’électorat de droite déjà échaudé par les affaires à répétitions de l’ancienne UMP. Aller chercher les voix, comme l’entend François Fillon, des paysans en difficultés, des artisans et plus généralement de ce que l’on nomme « le peuple de droite » va relever d’un véritable numéro d’équilibriste au vu des révélations de ces derniers jours concernant son épouse.
Alors que la victoire semblait s’annoncer pour François Fillon et les siens, la course à l’Élysée prend donc aujourd’hui un tour inattendu.
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Une réponse à “François Fillon en meeting à Paris : « Réduire l’immigration à un strict minimum »”
Fillon est toujours dans l’ambiguïté, c’est sa nature profonde. Il est partisan d’une immigration limitée à des quotas conformes aux besoins économiques. C’est exactement le discours tenu par le patronat allemand et Merkel; il est incapable de s’extraire de l’économisme. Avec un tel discours, il pourra toujours nous raconter, s’il est élu, que les besoins économiques exigent de nouveaux immigrés. C’est de l’enfumage !