25/01/2017 – 09H30 Nantes (Breizh-info.com) – Dimanche 22 janvier vers 23 h 30, une altercation a dégénéré sur le quai de la station de tramway Chêne des Anglais, dans le quartier « sensible » du même nom au nord de Nantes. Alors que l’un des protagonistes prenait le tram, un autre jeune homme lui a tiré dessus à plusieurs reprises, au niveau du thorax et de la cuisse. Il a été transporté au CHU Hôtel-Dieu et ses jours ne sont pas en danger. L’agresseur a pris la fuite. L’affaire a généré une certaine émotion au sein des syndicats de la SEMITAN, qui tirent la sonnette d’alarme.
Le contexte de l’agression demeure flou, tout comme les rapports entre la victime et son agresseur. Cependant, d’après nos informations, la victime est connue des services de police. Son agresseur graviterait dans le même milieu. La source du conflit serait liée aux juteux trafics de produits stupéfiants qui se sont appropriés le quartier. Quant à l’agresseur, il était cagoulé, ce qui complique évidemment son identification. Il est cependant activement recherché par la police.
Le Chêne des Anglais fait bien moins la Une que Malakoff, Bellevue ou la Bottière, où coups de feu et rixes sont plus fréquents. Pourtant l’économie de la drogue y a tissé aussi sa toile. Il y a plusieurs précédents, en matière de coups de feu. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2016, des coups de feu ont retenti rue du Honduras ; l’un des projectiles s’était fiché dans la cuisine d’un habitant. Le lendemain, un véhicule avait été la cible de tirs route de la Chapelle-sur-Erdre. Le 6 novembre 2015, un homme a tiré sur une voiture au niveau du rond-point près de l’arrêt de tramway Santos Dumont vers 14 h. Il n’y a pas eu de blessé. Enfin le 2 juillet 2015 vers 22h, une course poursuite s’est engagée entre 3 voitures, l’une d’elles a été interceptée par la police et ses occupants interpellés. Des coups de feu avaient été tirés à cette occasion avant que la police n’arrive.
Pis, au Chêne des Anglais il existe des conflits entre bandes pour contrôler les points de vente de stupéfiants, comme nous le révélait un CRS nantais le mois dernier. Et le directeur zonal adjoint des CRS de la zone de défense ouest, Alain Jeuland, confirmait dans nos colonnes que les CRS ont bien été mis à disposition de la police nationale pour une opération anti-stupéfiants dans les quartiers nord de Nantes le 8 décembre dernier. Celle-ci a permis d’arrêter 25 suspects dont 8 pour des infractions liées aux stupéfiants. Mais la nature a horreur du vide…
L’agression survenue au Chêne des Anglais n’a pour l’heure pas provoqué de réactions politiques, en-dehors de celle d’Arnaud de Rigné, secrétaire départemental du FNJ, l’organisation de jeunesse du Front National, en Loire-Atlantique. Il y a un mois celui-ci interpellait dans un communiqué madame le maire de Nantes sur l’insécurité, sans qu’elle ne réagisse. « L’insécurité à Nantes ne cesse de se développer, et la situation devient insoutenable, notamment pour les agents de la TAN qui en font les frais pendant leur service », assène-t-il. « Force est de constater que rien n’a été fait pour que la situation change, puisque hormis des mesurettes sans effet quelconque, aucun projet n’a été dessiné pour diminuer l’insécurité à Nantes, une ville où il fait prétendument bon vivre ». Après cela, le FNJ réclame dans son communiqué l’armement de la police municipale et la sécurisation des transports en commun, « avec la présence d’un agent de sécurité par rame ».
Les syndicats de la SEMITAN ont aussi réagi et se sont indignés suite à l’agression qui a eu lieu dans le tram au Chêne des Anglais. La CGT a affirmé « Nous ne pouvons continuer à travailler dans de telles conditions et demandons aux services de l’état, que la sécurité publique soit une priorité et non pas des effets d’annonces comme ces dernières années » et demandé à rencontrer la direction et la Préfecture. La CFDT et SUD ont aussi fait des démarches pour relayer leur indignation et demander plus de sécurité sur le réseau.
Rappelons que le 26 décembre dernier, l’intersyndicale CFDT-CGT-SUD se fendait d’une lettre commune à la maire de Nantes et au préfet. Une lettre qui se passe de commentaires : « Nos agents ne descendent plus à Place des Lauriers depuis février 2001, à Souillarderie et Chêne des Anglais depuis 6 mois au moins. Quant à Commerce, le personnel de la S.E.M.I.T.A.N. est menacé en permanence par les dealers et les pickpockets. A cette liste s’ajoute le pôle d’échange de Pirmil.
Les agents de la S.E.M.I.T.A.N. ont peur ! Peur en montant ou descendant du bus et du tramway pour prendre, changer et quitter leur service. Peur d’aller aux toilettes. Peur pour prendre leur pause à Commerce. Peur pour aller se restaurer. Dégradations sur nos véhicules, propos désobligeants et grossiers, insultes, menaces sur les personnes sont le lot quotidien des personnels qui ne font que leur travail et qui veulent continuer à le faire » . Rien n’a changé depuis.
Les agents de la SEMITAN ont fait état de la montée de la délinquance à plusieurs reprises. En juin 2016, dans nos colonnes, ils s’inquiétaient déjà de l’emprise des deals de drogue à la Souillarderie (Bottière / Nantes-est), place du Commerce – ou le deal continue et s’étend aux rues avoisinantes – mais aussi à Nantes-nord et notamment au Chêne des Anglais. Depuis le début de l’année 2016 des tensions récurrentes opposent agents de la TAN et dealers place du Commerce, au cœur de Nantes, et les violences ne cessent de s’accroître et de se banaliser sur le réseau depuis 2015. Sans que le pouvoir politique ne s’en émeuve. Faudra-t-il vraiment qu’il y ait un mort pour que ceux qui ont le pouvoir d’agir le fassent ?
Louis-Benoit Greffe
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