Quand Lutte Ouvrière appelle à combattre l’Islam

24/01/2017 – 06H15 Paris (Breizh-info.com) –  Contrairement au chemin pris par une large partie de l’extrême gauche en France, Lutte ouvrière n’entend pas céder le moindre pouce à l’ensemble des religions, et particulièrement à l’Islam. C’est ce qu’on peut lire dans un article du magazine « Lutte des classes », 181ème du nom, (février 2017) intitulé « le piège de la lutte contre l’islamophobie ».

Un article qui commence à faire de sérieux remous au sein de l’extrême gauche.

« Une politique de construction de fronts pour « lutter contre l’islamophobie » est de plus en plus défendue par une partie de l’extrême gauche. Au point de perdre tout repère de classe, et d’user de démagogie vis-à-vis de l’islam politique.» peut-on lire dans cet article, qui analyse les compromissions et les concessions que font plusieurs partis ou association à propos de l’Islam.

« Depuis les attentats de 2015 et 2016, cette question a pris de l’ampleur. » expliquent les rédacteurs de l’article. « Par exemple, le lamentable épisode de l’affaire du burkini a remis en lumière, l’été dernier, la façon dont les politiciens de droite comme de gauche sont prêts à faire feu de tout bois pour détourner l’attention de l’opinion des problèmes essentiels du moment, par démagogie électorale. Cette récupération de la question du voile, de la burqa ou du burkini par des politiciens qui se moquent de l’oppression des femmes et ne sont laïcs que lorsqu’ils parlent de l’islam, est choquante. C’est une campagne raciste. Pour autant, en tant que militants communistes, nous sommes aussi des adversaires résolus de toutes les religions et de toute oppression, et l’actuelle campagne ne doit pas faire perdre aux révolutionnaires toute boussole.»

S’en suit une analyse de la « galaxie anti-islamophobie » – évoquant tour à tour l’UOIF, le CCIF (collectif contre l’islamophobie), le PSM (Participation et spiritualité musulmane)et les différentes initiatives menées contre les attaques faites à l’Islam. « Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.»

Contre le « féminisme blanc »

Dénonçant la collaboration de ces « camarades » avec les organisations musulmanes, le journal de Lutte Ouvrière dresse le portrait de Marwan Muhammad leader du CCIF, et rappelle également qui est l’UOIF  tout en s’attaquant également aux Partis des Indigènes de la République (PIR) accusé de vouloir racialiser le débat politique et social en France. Invoquant plusieurs déclarations ou écrits de ce parti, Lutte Ouvrière explique que « ces propos devraient suffire, lorsque l’on est communiste révolutionnaire, à s’interdire de faire tribune commune avec ceux qui les profèrent et qui sont pour nous ni plus ni moins que des ennemis politiques.».

Puis la rédaction du journal fustige le « féminisme blanc » : « Les femmes qui interviennent dans les meetings que nous avons mentionnés se disent toutes féministes, mais d’un féminisme islamo-compatible, qui consiste à dire : « Je suis une femme, donc je fais ce que je veux, et si j’ai envie de me cacher derrière un voile cela ne regarde que moi. ». C’est une nouvelle variante du relativisme culturel, qui affirme depuis bien longtemps déjà que, européens et impérialistes que nous sommes, nous n’aurions pas à juger des pratiques « culturelles » des autres pays, en particulier ceux qui ont été colonisés. Nous nous sommes déjà exprimés sur le paternalisme que sous-tend cette pseudo-théorie, lorsqu’elle est défendue par des militants de gauche ou d’extrême gauche européens : le port du voile, par exemple, leur serait insupportable, à eux. Mais ils l’estiment assez bon pour des femmes musulmanes. Pourquoi ? Parce qu’ils les estiment moins évoluées qu’eux ?»

Et le journal de mettre les militants d’extrême gauche devant leurs contradictions : « Les militantes comme Nargesse Bibimoune ou Houria Bouteldja choisissent donc d’être des esclaves volontaires de dieu ou des hommes. Tant pis pour elles. Mais nous, militants communistes et révolutionnaires, nous pouvons aussi choisir notre camp : dans l’affaire du voile, puis celle du burkini, des dizaines de féministes algériennes, turques, marocaines se sont exprimées pour dire leur rage devant la complaisance de l’extrême gauche française face à ces symboles d’oppression, elles qui risquent tous les jours leur vie à les refuser. C’est à elles que vont notre solidarité et notre respect.».

Le NPA (et précédemment la LCR) est au centre des attaques de Lutte Ouvrière – qui dénonce de vieilles traditions d’une partie du mouvement trotskiste :  « Cela n’a rien de fortuit, de la part d’un courant qui a pour habitude d’épouser les idées d’autres courants, dans l’espoir de gagner l’oreille de telle ou telle fraction de la jeunesse, de la petite bourgeoisie intellectuelle ou du monde du travail. Autrement dit : tentons d’attirer les jeunes des banlieues à nous… en nous rangeant derrière des organisations qui, elles, disent ce que ces jeunes veulent entendre, quelque réactionnaires que soient leurs idées ».

Collusion entre divers groupe d’extrême gauche et islam politique

La rédaction de « Lutte des classes » va plus loin par la suite, en s’attaquant directement à l’Islam : « Pour justifier leur indulgence pour l’islam politique, les divers groupes d’extrême gauche qui gravitent dans ce mouvement cherchent des justifications théoriques. La religion musulmane, expliquent-ils d’abord, serait, en France, une religion d’opprimés et, à ce titre, non comparable aux autres religions qui, elles, seraient du côté des oppresseurs. Que l’islam soit en France en religion majoritairement pratiquée par des opprimés, c’est-à-dire des prolétaires, c’est une certitude. Mais faire ce constat doit-il mener à se montrer conciliant avec cette religion ? Bien au contraire ! Davantage encore, justement parce que ceux qui sont touchés par cette religion sont les nôtres, nous devons la combattre !».

Reprenant certaines analyses de Karl Marx, les militants du parti anciennement dirigé par Arlette Laguillier explique qu’il est possible « de lutter à la fois contre les discriminations racistes et contre la religion.(…) Nous rejetons et combattons les discriminations qui peuvent s’exercer à l’encontre des musulmans, parce que nous sommes pour la liberté de culte. Mais nous sommes athées, opposés à toutes les religions. Et l’équation, imposée par les islamistes et leurs amis, selon laquelle lutter contre la religion musulmane signifierait être raciste, est une escroquerie.»

Et les rédacteurs de conclure : « notre rôle, en tant que communistes, de dénoncer l’emprise de la religion musulmane sur la jeunesse d’origine immigrée ; de nous battre, de militer pour essayer d’arracher celle-ci au « brouillard de la religion », comme écrivait Marx, pour lui ouvrir les yeux, lui faire comprendre que son émancipation ne se fera pas par la soumission à des principes religieux d’un autre âge, mais dans l’union de classe avec le reste du prolétariat. Notre tâche de révolutionnaires n’est pas de conforter les travailleurs dans leurs préjugés religieux, mais de les combattre. (…) C’est notre rôle d’expliquer aussi que, si les musulmans sont victimes de discriminations, c’est aussi un résultat de la politique des groupes djihadistes eux-mêmes, dont le caractère aveugle des attentats vise précisément et consciemment à provoquer des réactions de rejet contre les musulmans chez les Français non issus de l’immigration.»

Avec en ouverture, une référence à l’histoire et à la révolution russe : « Car les actuelles attaques islamophobes ne sont rien à côté de ce qu’était l’antisémitisme dans la Russie tsariste, qui prenait la forme de pogromes et de massacres de masse. Les militants bolcheviks, dans ce contexte, n’ont pas choisi la démagogie vis-à-vis du nationalisme juif, et encore moins de la religion, mais ont lutté inlassablement pour arracher les opprimés juifs à cette influence, et les intégrer dans le combat général mené par le prolétariat. Le rôle des militants juifs dans le Parti bolchevik et dans la Révolution russe montre à quel point ils ont réussi.».

Lors de l’élection présidentielle de 2017, Lutte Ouvrière devrait être représenté – si le mouvement obtient les parrainages suffisants – par Nathalie Arthaud , « pour faire entendre le camp des travailleurs ». 

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine 

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