13/01/2017 – 10H00 Lorient (Breizh-info.com) – Gwendal Rouillard (PS), député de Lorient, est un « bébé Le Drian ». Il débute assistant parlementaire de ce dernier et premier secrétaire fédéral du PS dans le Morbihan. Puis il devient suppléant de la remplaçante de Le Drian, Françoise Olivier-Coupeau, lorque le « boss » est élu président du conseil régional de Bretagne. Enfin, il arrive lui-même député après le décès de cette dernière en mai 2011.
On sait qu’à Lorient, Jean-Yves Le Drian, lorsqu’il était député-maire, devait d’avantage son assise politique à con côté institutionnel qu’à son étiquette PS. Il représentait la personnalité locale pour laquelle on votait sans tenir compte du clivage gauche/droite. C’était en particulier le cas du patronat local qui ne jurait que par « Jean-Yves ». Donc la conjonction de différents électorats assurait le succès de Le Drian qui incarnait, de ce fait, la ville et le port de Lorient.
Fidèle héritier du fonds de commerce, Gwendal Rouillard pouvait terminer le premier tour des élections législatives de 2012 (10 juin) avec un socle confortable dans la ville de Lorient : 45,71% des exprimés. Il ne lui restait plus qu’à confirmer au second : 65,14%. Alors qu’un mois plus tôt, sur la même ville de Lorient, François Hollande avait dû se contenter à la présidentielle d’un score plus modeste : 34,20% au premier tour et 59,82% au second. On peut donc en déduire que l’image « Le Drian » apporte un bonus de six à dix points.
Intégrer cette réalité locale est indispensable à qui veut comprendre une récente déclaration du sieur Rouillard : « Nous avons commis des erreurs. Sur la recherche universitaire, le soutien aux entreprises, nous aurions dû faire plus vite, plus fort. Mais je pense que le moment est venu pour la France d’avoir un gouvernement centre-gauche, centre-droit. Je n’en suis pas au stade des alliances, car il faut que ces propos soient partagés par les centristes. Mais sur l’Europe, la lutte contre le terrorisme, le soutien aux entreprises…nous avons de nombreux points d’accord et je souhaite qu’on puisse gouverner ensemble. Je regrette d’ailleurs que François Hollande n’ait pas saisi la main tendue de François Bayrou lors de la dernière présidentielle. » (Ouest-France, 14/09/2016).
Traduction : pour les prochaines élections législatives, sa réélection serait grandement facilitée s’il pouvait additionner les électeurs centre-gauche et centre-droit de la circonscription. Car la montée de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen ainsi que l’affaiblissement de l’impact de Le Drian vont lui compliquer la tâche. Or il tient à être réélu, car c’est son casse-croûte qui est en jeu ! Par conséquent, ses amis et lui sont prêts à négocier avec les centristes un bon accord…
Pour mener à bien cette manœuvre, Rouillard a besoin d’avoir les mains libres. Un(e) suppléant(e) possédant des convictions fortes serait donc une gêne. Ceci pourrait être le cas avec un élu ou un militant. D’où l’astuce qui consiste à prendre comme future suppléante Emilie Chatard qui n’est autre que son assistante parlementaire. Argument avancé par Rouillard : « Elle appartient à la filiation Jean-Yves Le Drian et Norbert métairie. On sait d’où elle vient. ». Explication plus réaliste : si des négociations avec les centristes devaient conduire à leur céder la place de suppléant, il serait plus facile d’obtenir le retrait immédiat d’Émilie Chatard – une professionnelle de la politique capable de comprendre l’intérêt de l’opération – que d’un « militant » qui croit aux « valeurs », au respect des grands principes le la « gauche » et à la fidélité envers des électeurs qui permettent au système Le Drian de tenir Lorient depuis 1981.
On l’aura compris, l’objectif de Rouillard est de continuer à exercer la profession de député. Pour ce faire, il a besoin d’être réélu en juin 2017. Les contingences électorales étant ce qu’elles sont aujourd’hui, il lui faudra faire preuve de souplesse et d’habileté. La contorsion dans le discours s’impose donc : « Je suis socialiste. Mais un socialiste du XXIe siècle. Et un social démocrate assumé. Ma filiation, c’est Jacques Delors. » (Ouest-France, 14/09/2016). Il ne faudra pas compter sur lui pour nationaliser les banques !
Bernard Morvan
Photo : XIIIfromTOKYO/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Lorient. La petite entreprise de Gwendal Rouillard (PS) ne craint pas la crise”
Il suffit de consulter ses présences à la À.N. pour voir que ce type est un pantin, fonctionnaire jusqu’à la lie.