Médecine. Une fin d’année 2016 riche en avancées médicales 

09/01/2017 – 06H35 Rennes (Breizh-info.com) – Pour rappel, c’est le professeur Japonais Yoshinori Ohsumi qui a reçu en 2016 le Prix Nobel de Médecine et de Physiologie, pour ses travaux portant sur l’autophagie, le mécanisme cellulaire qui permet aux cellules de s’autodétruire en cas de mauvais fonctionnement.

C’est ce mécanisme qui protège l’organisme de maladies comme celle de Parkinson, Alzheimer ou Huntington. D’autres découvertes médicales ont constellé la fin d’une année 2016 très riche en avancées médicales spectaculaires.

Des greffes d’os à partir de graisse

La greffe d’os est un défi médical clinique, car si les petites fractures se régénèrent facilement, les lésions oseuses plus importantes nécessitent une reconstruction invasive et lourde pour le patient. De plus, les dégénérescences et les infections nécessitent automatiquement une greffe, avec son cortège de risques : rejets tissulaires, mauvaises manipulations chirurgicales, infections… 

La société Israélienne de biotechnologie Bonus Biogroup a développé un procédé à partir des cellules adipeuses prélevées dans le bas ventre du patient, cultivées dans un bioréacteur puis réinjectées comme greffon dans l’os endommagé. Le procédé a été validé dans le cadre des opérations de chirurgie buccale et maxillo-faciale. L’équipe du Dr S. Meretzki travaille désormais sur son application pour tout type d’articulations et, à terme, pour remplacer les prothèses à partir d’une base cellulaire personnelle à chaque patient.

Greffe d‘une main sur un homme né sans

Alors que l’on pensait cette opération impossible dans les cas de malformation congénitale où aucune liaison ne liait le membre manquant à sa représentation située dans le cortex, une équipe de chirurgiens Polonais a réussi avec succès cette gageure. L’homme, né sans main, peut désormais bouger ses doigts après une quinzaine de jours. L’opération a eu lieu mi-décembre à Wroclaw (Pologne) par l’équipe universitaire dirigée par le Pr A. Domanasiewicz

17 maladies et 1 puce

Une puce électronique pour dépister 17 maladies grâce aux composés organiques présents dans l’haleine du patient est un dispositif mis au point par les équipes du Technion à Haïfa (Israël).

Elle détecte dans l’haleine les empreintes moléculaires des maladies suivantes : les cancers du colon, rectum, du cou et de la nuque, des ovaires, de la vessie, de la prostate, du rein, de l’estomac, les adénocarcinomes de l’œsophage, le cancer à la tête, le diabète, la maladie de Crohn, le syndrome de l’intestin irritable, la rectocolite hémorragique, la maladie de Parkinson idiopathique et atypique,  la sclérose en plaques, l’hypertension artérielle pulmonaire, la pré éclampsie et la maladie rénale chronique. On le voit : ce sont principalement des cancers et des maladies inflammatoires qui sont visées par ce dispositif miniaturisé et pour le moins encombrant, invasif ou traumatisant pour le patient. Pour l’instant, après une campagne de test en Israël ou dans les Pays Baltes, les tests présentent une efficacité de l’ordre de 86%.

Les premiers exosquelettes médicaux

Le chercheur Connor Walsh de l’Université de Harvard aux Etats Unis a conçu un exosquelette afin d’aider les 15 millions de victimes d’AVC, ou de sclérose en plaques, à remarcher et à les assister dans les mouvements du quotidien. La combinaison souple est constituée de plusieurs modules de textiles légers, d’une ceinture où se loge une batterie et de détecteurs de mouvements. Cette réalisation médicale a été récompensée par le Prix Rolex 2016.

Décalage horaire : la solution oxygène

L’arythmie circadienne, ou syndrome du décalage horaire (jetlag), est la conséquence d’un voyage rapide à travers plusieurs fuseaux horaires. On connaissait jusqu’à présent aucune solution correcte pour venir à bout des symptômes handicapants d’un décalage pour resynchroniser les fonctions biologiques du corps.

Les docteurs Benjamin Ladeuix et Yaarit Adamovitch, chercheurs à l’Institut Weizmann des Sciences à Tel Aviv, ont décelé que l’apport d’oxygène à certains moments clef, permettait de supprimer les effets jusqu’à 6 heures de décalage. Les expériences ont été élargies aux malades soufrant de traitements handicapants et modifiant leur horloge interne : elles se sont révélées positives. L’équipe scientifique espère nouer un partenariat avec une start-up médicale afin de diffuser leur méthode et un générateur d’oxygène portable.

Retard de croissance : une solution naturelle

Le lien entre nutrition et déficit de croissance ( taille et poids) est connu, et touche au moins 10% des enfants de chaque classe d’âge dans les pays même dits développés. Des endocrinologues de Petha Tikva et de la biotech Israélienne NGS+ ont mis au point une « formule magique » naturelle, sans hormones de croissance et sans traitements médicamenteux, en associant des protéines lactiques, des acides aminés, des vitamines et des minéraux. Elle est efficace, sans effet secondaire remarqué,  à condition d’être accompagnée d’un apport calorique stable en parallèle. Présentée sous forme de poudre à mélanger avec de l’eau ou du lait, elle est actuellement distribuée en Inde.

Sclérose en plaques : la forme des lipides de la gaine de myéline en question

Avancée majeure sur cette terrible maladie qui touche 2 millions et demi d’individus et qui est sans remède : l’hypothèse officielle présentait jusqu’ici la dérégulation du système immunitaire comme la cause principale, avec des phénomènes environnementaux, de l’apparition des lésions touchant les neurones.

Selon l’équipe de Pr. Beck de l’Université de Tel Aviv, ce sont des lipides, les briques qui forment la gaine de myéline protégeant les neurones, qui peuvent avoir des formes différentes et provoquer une instabilité de la paroi protectrice : les irrégularités provoqueraient dans ce cas une attaque du système immunitaire contre ses propres cellules. Une nouvelle voie vers des thérapies de la sclérose en plaques peut s’ouvrir.

La peau de Tilipia à la rescousse des brûlés

Le Tilapia est un poisson d’eau douce Brésilien dont la peau a la caractéristique de favoriser la guérison des zones gravement brûlées de la peau humaine : sa contenance en collagène et humidité, sa flexibilité permettent d’épargner aux victimes le douloureux moment du changement de bandage et de crème cicatrisante. Autre avantage : le prix très faible de la peau de Tilapia qui n’a rien à voir avec le prix des banques de peau humaine. L’équipe de chirurgie plastique, du Dr E. Maciel, qui a développé le procédé est basée à Fortaleza (Brésil) au Frota Institute Burns Unit.

L’Archéologie moléculaire pour mieux connaître les effets du tabac

Selon Ludmil Alexandrov de l’Université de Los Alamos aux Etats Unis, le consommateur d’un paquet chaque jour présente un nombre de mutations annuelles induites par le tabac de l’ordre de 97 dans les cellules du larynx, 39 dans celles du pharynx, 23 dans la cavité buccale, 18 dans la vessie et 6 dans le foie. Soit 150 mutations induites par la consommation quotidienne d’un paquet de cigarettes. En étudiant les génomes de 5243 individus, et en décortiquant les atteintes de l’ADN et leurs manifestations, les équipes internationales qu’il a dirigées, ont avancé dans la description moléculaire de la formation des cancers chez les fumeurs comme les non fumeurs. Ces avancées vont permettre de déterminer les signatures moléculaires prévenant de l’arrivée d’un cancer comme l’adénocarcinome du poumon et de ceux favorisés par le tabagisme.

Parkinson et Alzheimer : deux test sanguins de dépistage

Une avancée spectaculaire dans le diagnostic de la maladie de Parkinson : le laboratoire de Bioshai, Tel Aviv, va mettre sur le marché, en 2017, un test de dépistage sanguin à très faible coût. Les équipes de chercheur du Technion de Haïfa ont isolé un biomarqueur issu de l’expression de cinq gènes spécifiques, à l’origine du processus pathologique.  Le dépistage, jusqu’alors possible entre 5 et 10 ans après l’apparition des premiers dommages, rend la maladie difficile à traiter, voire irréversible.

Concernant Alzheimer, c’est un groupe pluridisciplinaire et international ( Italie, Tchéquie, Israël) qui a publié dans la revue Transnational Psychiatry une étude montrant qu’un marqueur présent dans le sang, celui du gène RGS2, permet un diagnostic précoce et une prise en charge rapide des effets de la maladie. Elle montre également qu’il permet de différencier les patients atteints de déclin cognitif pathologique de ceux qui présentent un déclin cognitif non pathologique. C’est donc la première étape dans le traitement de la maladie : il permet de pouvoir prévoir en attente d’un médicament préventif issu de l’étude du gène RGS2.

Crédit photo : DR
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