06/01/2017 – 09h15 Loudéac(Breizh-Info.com) – Reconstruire les forêts, notamment à Loudéac et à Coetquen, après les attaques de dendroctones : c’est la mission que ce fixe l’ONF, l’Office National des forêts. En effet, Les épicéas de sitka sont victimes d’un insecte ravageur, le dendroctone. Un tiers des forêts d’épicéa de sitka est touchée. Une fois les bois infestés purgés, les forestiers s’attachent à la reconstitution de la forêt. Les premiers plants ont été mis en terre en 2015 et 2016 en forêt de Coetquen et Loudéac. Début Janvier, les opérations se poursuivent sur la forêt de Loudéac.
« Afin de ne pas perdre les bois, l’ONF décide de leur récolte complètement désséchée. Le bois d’épicéa de sitka est récolté pour être valorisé dans la filière bois afin de produire des palettes, ou d’être utilisé dans la construction. Si les arbres des parcelles dépérissantes ne sont pas exploités rapidement, la qualité du bois se déprécie et il devient impossible de le transformer. Les exploitations sont menées rapidement mais ont un impact important sur le paysage.» expliquent les responsables locaux de l’ONF.
Les coupes sont programmées grâce à des plans de gestion qui tiennent compte de tous les enjeux de la forêt dont le paysage afin de garantir une gestion durable des massifs forestiers. « Mais le dendroctone n’a que faire des choix paysagers de ces documents et les sylviculteurs doivent s’adapter dans l’urgence afin de contenir le développement de l’insecte ravageur, avec pour conséquence un effet sur le paysage. La forêt mettra du temps à cicatriser, 30 ans seront nécessaires pour retrouver une ambiance forestière mais la forêt aura été sauvée.» poursuit l’ONF.
Les premiers plants seront mis en terre deux à trois ans après l’exploitation des épicéas. Les parcelles concernées gardent majoritairement un objectif de production de bois d’oeuvre résineux et les essences principales de reboisement utilisées sont les pins sylvestre et maritime, le douglas. Une place est gardée pour l’épicéa de sitka. Le chêne sessile est implanté sur les meilleurs sols.
En forêt domaniale de Loudéac 15 000 plants de pins sylvestre ont été plantés en 2015 et 20 000 douglas en 2016. En janvier 2017, 25 000 douglas seront replantés.
Le dendroctone, un insecte ravageur
Le dendoctrone, ou hylésine géant de l’épicéa, est un scolyte ravageur des épicéas commun et de sitka. D’origine eurosibérienne, il a petit à petit colonisé les pessières d’Europe de l’Ouest depuis la fin du siècle dernier. Il a été repéré en Bretagne suite aux premiers dégâts en 2007-2008.
Depuis le dendroctone poursuit sa colonisation avec des dépérissements importants sur toute la région. Les forêts gérées par l’ONF les plus touchées sont les forêts de Paimpont, Montauban, Pontcalleck, Loudéac, La Hunaudaie, Coetquen, Québriac, Langonnet, Inguiniel … Les mesures de lutte y sont donc plus avancées. L’épicéa de sitka est très sensible aux attaques de dendroctone, dès que la population d’insectes augmente, un nombre important d’arbres meurt rapidement.
Lutte préventive
Une lutte biologique contre cet insecte peut être mise en oeuvre dans les peuplements récemment colonisés, en y introduisant le coléoptère Rhizophagus grandis qui est un prédateur spécifique du dendroctone. Les sylviculteurs bretons dont les agents de l’Office National des Forêts, aidés par la département de la santé des forêts et la direction régionale de l’agriculture et de la forêt, ont procédé à des lâchers de Rhizophagus grandis produits par des chercheurs de l’Université Libre de Bruxelles. Des élevages bretons ont également été mis en place à l’ONF avec l’aide précieuse du CRPF ( Centre Régional de la Propriété Forestière ), et du syndicat des sylviculteurs.
Ces lâchers permettent de limiter l’impact du dendroctone à moyen terme. Mais les dégâts restent importants dans les peuplements déjà fortement atteints.
La lutte curative
Les peuplements les plus touchés ont dû être traités spécifiquement. Un réseau de placettes de suivi des dégâts a été mis en place. La fréquence de passage des agents sur les placettes est de 2 fois par an minimum. Suite à ces passages, si la mortalité est jugée importante et l’attaque virulente, il est décidé d’abattre les arbres des zones infestées. Cette opération est en cours sur le massif forestier de Loudéac.
La Pologne a été confrontée récemment aux mêmes problèmes : toutefois, des scientifiques locaux ou des organisations comme Greenpeace, estiment qu’abattre les arbres infestés ferait plus de mal que de bien ; pour ces derniers, cet abattage qui va en s’intensifiant répond davantage à des intérêts économiques qu’à un authentique souci de gestion des ressources forestières. Concernant la plus vieille forêt d’Europe, en Pologne, le professeur Tomasz Wesołowski, qui a étudié les oiseaux de Bialowieza pendant plus de 30 ans, a indiqué qu’abattre plus d’arbres serait un désastre, car couper et replanter changerait totalement les caractéristiques de cette forêt et menacerait même son statut de site classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Photo : wikipedia (cc)
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Une réponse à “Loudéac. L’ONF réagit après les attaques de dendroctones sur les bois”
On ne peut pas comparer la forêt polonaise avec les forêts bretonnes : il s’agit ici de plantations artificielles dans d’anciennes landes le plus souvent et non d’une forêt naturelle. Les épicéas plantés en Bretagne côtoient d’autres espèces par souci de diversification des essences, même si pour des raisons de productivité lors de l’exploitation, ils se retrouvent concentrés sur des sites homogènes.