Voitures brûlées en Bretagne lors des fêtes de fin d’année : les chiffres que Bruno Leroux aurait bien voulu cacher

05/01/2017 – 06H30 Rennes (Breizh-info.com) – Une fois de plus, le Réveillon en France aura été animé. Trop peut-être, au point de pousser le ministre de l’Intérieur Bruno le Roux à mentir, en donnant seulement le chiffre des voitures qui ont été mises à feu par les délinquants, et non pas celles qui ont brûlé par propagation. La différence est minime : à peine 300 voitures. Près de 650 « mises à feu directes », et 945 en tout si on compte celles qui ont brûlé par propagation.

Cela dit, le bidouillage des statistiques ne date pas d’hier, et se fait à tous les niveaux : arrêter le compteur des voitures brûlées du 31 au lever du jour, oublier les voitures brûlées par propagation, regrouper en un seul fait constaté l’incendie, dans le même quartier, d’une voiture et de poubelles, ainsi qu’un caillassage, les méthodes pour améliorer les statistiques sont multiples et largement utilisées. En outre, dans bien des endroits, le pouvoir bénéficie de la complicité passive des médias qui renoncent à faire leur travail, et à aller chercher les chiffres quand même.

Cependant depuis plusieurs années, les délinquants n’attendent pas le Réveillon pour s’attaquer aux voitures, et brûler tout ce qui est possible. Le pic d’incendies et de délinquance sur voie publique commence peu avant Noël. Et ce, sans compter le reste – poubelles brûlées, rixes, agressions diverses, courses-poursuites. Nous avons décidé de faire l’inventaire sur les cinq départements bretons depuis le 24 décembre 2016 au 2 janvier 2017. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était chaud. Un peu partout en Bretagne historique, les « sauvageons » encensés par Cazeneuve s’en sont donnés à cœur joie.

Côtes d’Armor : un meurtre pour le jour de l’An à Saint-Brieuc

Un homme de 29 ans a tué vers 20 h le 31 décembre un quadragénaire d’origine étrangère, Yessef Reda (41 ans), dans le quartier de la Ville-Bastard, à l’angle du boulevard de la Manche, de la rue du Havre et de la rue de Saint-Malo. Les coups ont été portés à mains nues et ont été d’une extrême violence. L’auteur (présumé) des coups reprochait à la victime d’avoir dégradé sa voiture, l’a attendu et l’a roué de coups devant une entrée de parking. Il n’a pas de casier judiciaire et encourt 30 ans de réclusion criminelle.

Par ailleurs, deux poubelles ont brûlé dans la nuit du 29 au 30 décembre dans la cité Waron, rue Célestin Bougle. Le problème est récurrent dans cette cité briochine, où les poubelles ont déjà brûlé dans deux rues voisines en octobre dernier. Les incendiaires courent toujours.

Finistère : 18 voitures brûlées à Brest lors du Réveillon

Le 27 décembre, dans le quartier « sensible » de Bellevue à Brest, un feu de poubelles s’est déclaré au n°1, rue de Flandres.
Le 31 décembre, 18 voitures ont brûlé à Brest – dont neuf dans dans le garage Renault de la route de Paris suite à un jet de pétard, quatre à Pontanezen (dont un fourgon), trois à Lambézellec vers 6 h du matin le 1er janvier, une autre rue du Spernot à 3h25. La préfecture a interdit de sortir les données, mais le journal local le Télégramme s’est adressé aux pompiers. Une vitrine a aussi été cassée rue Jean Jaurès. Des poubelles ont brûlé près de la place de Strasbourg.

Ille-et-Vilaine : 11 voitures et 3 scooters brûlés au moment du Réveillon

Le 29 décembre, les pompiers ont été appelés pour un feu d’arbustes cours Kennedy à Villejean. Ils arrivent sur place et constatent qu’il n’y a pas de feu. C’est en fait un guet-apens : les pompiers ont été les cibles de jets de bouteilles et d’autres projectiles.

Deux jours plus tard, la nuit du Réveillon a été agitée. Sept voitures et un scooter ont été incendiés dans la ZUP Sud, 3 voitures et deux poubelles à Maurepas – allée de Brno notamment, une autre voiture à Saint-Jacques et une dernière poubelle à Beauregard. Sans oublier deux autres scooters.

Par ailleurs un videur d’un bar rue Saint-Michel a reçu un coup de couteau de la part d’un de ses clients, un marocain âgé de 34 ans. La victime connaissait l’auteur du coup de couteau, qui s’était vengé après s’être fait refuser l’entrée. Le videur a été admis à l’hôpital pour une blessure sans gravité, l’auteur du coup de couteau s’est rendu à la police et est en garde à vue pour violence avec arme.

Loire-Atlantique : 28 voitures brûlées lors du Réveillon à Nantes, une vingtaine de plus les jours précédents

Le 24 décembre à Nantes, les délinquants du quartier sensible de Malakoff ont fêté Noël. A leur façon. Des détritus ont été brûlés vers 22h45 rue d’Angleterre, une voiture (C3 Picasso) rue de Suisse vers 23h30, un canapé rue d’Angleterre à nouveau à 0h20. Ce dernier feu de joie a été accompagné de jets de cocktails Molotov par une dizaine de jeunes. Des mortiers ont aussi été tirés sur les CRS qui couvraient l’intervention des pompiers. Personne n’a été interpellé.

A Saint-Sébastien sur Loire, dans la banlieue est de Nantes, 17 voitures ont brûlé sous le préau de la résidence parc des Chênes Blancs, le 26 décembre vers 6h20. La même nuit, une voiture brûlait à la cité du Château de Rezé. Le lendemain vers 2h15 deux voitures (une C2 et une Ford Fusion) ont brûlé dans un parking situé chemin Poisson, à Chantenay-lès-Nantes. Ensuite, dans la nuit du 27 au 28 décembre le local des jeunes de Treillères a été incendié après qu’une de ses fenêtres ait été cassée. Dans la nuit du 29 au 30 décembre, quatre voitures ont brûlé à Bellevue (côté Nantes), dont deux au bout d’un parking.

D’après les constatations des policiers, en tout 28 voitures ont brûlé sur l’ensemble de la circonscription de police, surtout à Nantes et Saint-Herblain ; huit d’entre elles l’ont été par propagation. On est loin des « quelques » voitures brûlées admises du bout des lèvres par la préfecture et Ouest-France !

Vingt-huit voitures brûlées au moment du Réveillon seulement. Cinquante-deux depuis le 26 décembre. Un chiffre tabou à Nantes, commente un policier : « il a toujours fallu planquer les chiffres à Nantes, à cause de Jean-Marc Ayrault. Une question d’image, Nantes est la ville où il fait bon vivre, comme le dit le slogan, et aussi une question politique ».

Ainsi, le 31 décembre à Nantes une poubelle a été incendiée au Breil-Malville, une voiture et une poubelle au Chêne des Anglais, « ça a brûlé dans tous les quartiers sensibles nantais », résume un policier. Des pétards ont été lancés contre des policiers à Malakoff. Parmi les divers incendies du réveillon, à Orvault-Ferrière trois voitures et une moto sont parties en fumée, et de très jeunes délinquants ont érigé une barricade enflammée sur une avenue, en détruisant au passage un abribus. Réaction des pouvoirs publics ? « Quelques violences urbaines, mais rien de marquant », selon Laurent Buchaillat, directeur de cabinet du préfet. « Ça a été assez calme. Même si cette nuit est toujours un peu plus agitée qu’une nuit normale, ce qui est tout à fait regrettable », a-t-il assuré à nos confrères de Presse-Océan. Faudra-t-il attendre que les délinquants – enfin les « sauvageons » – mettent à sac la ville ou brûlent la cathédrale pour que la Préfecture reconnaisse que la nuit a été un peu agitée ?

Enfin dans la nuit du 1 au 2 janvier trois voitures (deux Citroën, une Peugeot) ont été volées aux abords de Saint-Julien de Concelles, puis incendiées avec une quatrième à Ancenis. D’autres tentatives de vols de voiture ont eu lieu dans le secteur de Blain. Les gendarmes ont pu identifier les auteurs des vols et des destructions volontaires, il s’agit d’un jeune majeur et d’un mineur qui habitent dans les environs du Loroux-Bottereau. L’un d’eux sera jugé en comparution immédiate, l’autre présenté à un juge pour enfants.

La même nuit, le local du club des Métallos à Chantenay (500 adhérents, situé sur la plaine de jeux de la Durantière), à l’ouest de Nantes, a été détruit par un incendie très probablement volontaire : 50 ballons, 300 dossards, 100 plots, des socles et des cerceaux sont partis en fumée ; le club a lancé un appel aux dons pour récupérer du matériel sportif. Toujours dans la nuit du 1er au 2 janvier, des inconnus ont visité les locaux techniques du stade Léo Lagrange à Saint-Nazaire. Ils ont jeté des extincteurs sur une porte vitrée sous l’escalier des tribunes, deux fenêtres de la cuisine et de la salle de réunion situées au 1er étage, cassé des dalles de plafond et des portes intérieures. On ignore s’il y a eu des objets volés.

Les voitures brûlées ne sont pas la totalité de la délinquance sur voie publique du département. Celle-ci a commencé en fanfare avec le braquage – à main armée – d’un bus à Saint-André des Eaux, près de Saint-Nazaire. Deux braqueurs aux visages cachés par des écharpes et capuches, dont un armé d’un pistolet, ont braqué la conductrice et pris 40 € ainsi que des tickets de bus, avant de prendre la fuite. Le 28 décembre vers 10 h un homme qui remplissait les distributeurs de friandises de la gare de Nantes a été agressé par deux jeunes, dont un armé d’un couteau. Ceux-ci l’ont forcé à ouvrir la réserve et sont repartis avec des bonbons. Le même jour vers 18h30 la police intervenait à Saint-Nazaire pour interrompre une rixe entre une vingtaine de jeunes issus des quartiers sensibles de la ville et des forains. Enfin le 31 décembre une rave-party illégale a du être évacuée en pleine ville (boulevard de la Prairie aux Ducs) par les CRS ; l’un d’eux a été sévèrement bousculé par un jeune complètement drogué aux amphétamines. Il y avait sur les lieux – un hangar abandonné – environ une centaine de fêtards.

Morbihan : à Vannes, les « quartiers » ont pris feu au Réveillon

A Vannes le 31 décembre un scooter et trois voitures ont brûlé entre 22h30 et deux heures du matin. Des feux de poubelle ont aussi eu lieu dans les quartiers sensibles de Kercado, Ménimur et Le Bris. Les pompiers ont été pris à partie avec des jets de cailloux et de pétards dans le quartier sensible de Kercado, où il y avait par ailleurs beaucoup d’habitants du quartier dans les rues – ce qui arrangeait nettement les jeunes délinquants. Par ailleurs une personne a été placée en garde à vue pour un vol de voiture dans la cité de Ménimur, le second auteur du vol est recherché.

Louis Moulin

 Photos : DR
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