04/01/2017 – 06H45 Florence (Breizh-Info.com) – Le 1er janvier 2017, tôt dans la matinée, une bombe a explosé devant « Le Bargello », une librairie militante proche de Casapound, mouvement culturel et politique italien dissident. Un démineur de la police, qui était sur place après qu’un colis suspect ait été signalé, a été grièvement blessé dans l’explosion.
L’équipe de déminage était intervenue à peine trente minutes après avoir bouclé la zone – via Leonardo da Vinci, dans le centre historique de Florence – suite à l’alerte concernant le colis suspect. En pleine intervention, la bombe a finalement explosé, blessant grièvement au visage et aux mains le démineur qui tentait de la désamorcer. Celui-ci pourrait perdre un œil, mais ses jours ne sont pas en danger.
Il s’agit du troisième attentat visant la librairie « Le Bargello », en à peine un an. En février 2016 déjà, une bombe avait explosé au même endroit. Une enquête est en cours, et des perquisitions ont été réalisées dans un quartier anarchiste de la ville.
Gianluca Iannone, leader charismatique de Casapound, explique : « Cette agression est clairement motivée par des intentions politiques, comme l’ont souligné les enquêteurs, ce qui devrait nous faire réfléchir sur ce que sont la raison et la justice, la volonté de faire ouvertement de la politique ». L’extrême gauche italienne, particulièrement virulente en Italie – et réputée pour mener des actions violentes, comme c’est le cas fréquemment en France à de moindres niveaux – est montrée du doigt : « la bêtise et l’aveuglement de ceux qui ne sont plus en mesure d’exprimer des idées sans être obligé de recourir à l’agression, s’en prenant à des lieux avec des paquets contenant des bombes » poursuit Gianluca Iannone.
La bombe – qui était programmée avec minuterie et avait été déposée devant la librairie – visait clairement à faire des dégâts, matériaux et humains, le quartier de la capitale de la Toscane étant particulièrement fréquenté.
« Nous attendons une intervention de l’État, visant à garantir le droit de tous à militer politiquement et culturellement sans devoir se soucier des bombes posées par ceux qui nient ce droit ». L’attaque d’une librairie – qui vend par définition des livres, symboles même de la culture et du dialogue – n’est pas anodine en effet, et laisse entrevoir une volonté d’empêcher toute possibilité de débat. Une volonté récurrente au sein de l’extrême gauche antifasciste ; en France, nombreuses sont les tentatives pour menacer, faire interdire, s’opposer à l’organisation de colloques, réunions, concerts, y compris à vocation culturelle.
Il Primato Nazionale, journal indépendant italien (en ligne) a d’ailleurs publié un article intitulé « l’extrême gauche et la bombe : une longue histoire d’amour » qui revient sur les dernières tentatives d’attentat menées ces dernières années par ces derniers.
Simone di Stefano, vice-président de Casapound Italie et ancien candidat à la mairie de Rome , a, quant à lui, déclaré dans la presse italienne, que « c’était le moment pour tous les partis politiques de montrer leur solidarité, à commencer par le Parti Démocrate (NDLR ; le parti de gauche de Matteo Renzi, premier ministre jusqu’à sa démission de décembre 2016 à la suite du référendum constitutionnel italien ) qui a reconnu que nous étions un mouvement politique légal ».
Farenheit 451
Le Bargello a toutefois tenu à réouvrir, immédiatement après l’attentat , comme pour ne pas céder à la peur et à l’intimidation : « Nous avons déjà rouvert, céder à la peur aurait voulu donner raison à ces personnes que nous n’hésitons pas à nommer des terroristes.» expliquent les responsables de la librairie. « Comme par le passé notre activité culturelle sera relancée, plus forte qu’avant. Pour commencer, nous allons le faire à notre manière, en proposant à tous la lecture de « Fahrenheit 451 », Un livre qui imagine un monde futuriste où règne l’ignorance et où l’information passe exclusivement par une télévision commerciale et anesthésiante.
Un livre dans lequel les livres sont interdits par la loi et où celui qui les possède s’expose à une répression sévère . Un livre où les pompiers sont rémunérés pour brûler tout texte écrit qui serait encore en circulation. Certains semblent vouloir passer du livre à la réalité, mais nous serons là pour empêcher cela, comme le fait Montag dans le livre ».
De l’attentat de Florence à Acca Larenzia
Casapound Italia fait – depuis sa création en 2003 – du soutien et de la priorité donnée à la population italienne, notamment la plus défavorisée (droit au logement prioritaire, droit à la propriété, soutien aux sinistrés..), de la lutte contre l’immigration, de la dénonciation de la politique bureaucratique de l’Union Européenne et de la lutte contre corruption en Italie ses principaux chevaux de bataille.
Menant en parallèle de nombreuses actions culturelles ( ouverture de maisons de quartiers, de foyers communautaires, organisation de concerts, librairies, bars) dans toute l’Italie, le mouvement séduit une partie croissante de la jeunesse – notamment à travers sa branche étudiante, le Blocco Studentesco , qui revendique plusieurs milliers d’adhérents et qui possède 40 élus étudiants rien qu’à Rome (plus de 15 000 voix).
De quoi susciter la colère et la violence d’une extrême gauche sur le déclin en terme d’idées – peinant à renouveler son logiciel politique et donc à produire des idées .
Dans toutes les têtes en Italie, la mémoire sanglante des « années de plomb » est encore présente. Des années qui auront vu se commettre plus de 600 attentats entre 1969 et 1989, attentats qui ont fait 362 morts et 172 blessés (lire à ce sujet la bibliographie de Gabriele Adinolfi, témoignage authentique de cette époque)
Parmi les victimes de ces années de plomb, de nombreux militants politiques, souvent très jeunes : exemple, en janvier 1978, deux jeunes militants nationalistes du MSI (Mouvement social italien – droite nationale) Franco Bigonzetti ( 20 ans) et Francesco Ciavatta (18 ans) sont assassinés devant la permanence romaine de leur parti, par des tirs d’armes automatiques émanant de militants communistes. Dans la foulée, et alors que les amis des victimes hurlent leur colère dans la rue, un carabinier tire dans la foule et touche Stefano Recchioni, membre du Fronte della Gioventu (Front de la Jeunesse) qui décédera 2 jours plus tard à l’hôpital.
C’est ce crime mais aussi tous les autres que commémorent chaque année, dans le recueillement le plus total et au terme d’un cérémonial chargé en émotion (voir le film réalisé à ce sujet en 2016 par Scaffy, vidéaste français) , des militants nationalistes venus de toute l’Italie et même de plusieurs pays d’Europe, lors du rassemblement d’Acca Larenzia, en souvenir de tous ces dissidents, souvent très jeunes, tombés pour leurs idées. Hasard du calendrier, la première semaine de l’année 2017, qui a débuté par l’attentat de Florence contre la librairie de Casapound, s’achèvera donc, ce samedi 7 janvier, par cette commémoration d’Acca Larenzia.
Photos: DR
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2 réponses à “Florence (Italie). Une bombe visant une librairie de Casapound explose : un blessé grave”
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