30/12/2017 – 08H00 Quimper (Breizh-info.com) – Il n’est pas certain que Jean-Jacques Urvoas (PS), ancien député de Quimper et présentement ministre de la Justice ait une vision cohérente du dossier lorsqu’il s’agit du développement de la Bretagne. En se posant en chaud partisan de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il joue manifestement contre les intérêts de la Bretagne occidentale : « Moi j’ai besoin, comme Breton, que cet aéroport se construise, il se construira ». « Le conseil régional de Bretagne a financé une grande partie du projet, donc j’en veux pour le développement de ma région, de mon Finistère, de ma ville de Quimper ». Pour cela, le garde des Sceaux a rappelé sa détermination à utiliser « les moyens forts pour que le droit passe » (Le Grand rendez vous d’Europe 1, dimanche 9 octobre 2016). Le souci de Urvoas de ne pas contrarier son collègue du gouvernement se comprend…
Mais il ferait mieux de se préoccuper de l’avenir de l’aéroport de Quimper. « A Quimper, tout est à rénover », annonce Gérard Lahellec, vice-président du conseil régional de Bretagne, en charge des transports. Si bien qu’un consortium dénommé Rein Lusk (« donner de l’élan », en breton) a été créé afin d’engager 46 millions d’euros dans les aéroports de Brest et de Quimper dans les vingt prochaines années. Ce groupement s’est fixé comme objectif de passer, à Quimper, de 87 000 passagers annuels en 2017 à 152 000 en 2036. Et à Brest, qui voit passer un million de voyageurs chaque année, de franchir le seuil de1,5 million (Le Télégramme, 27/09/2016).
Il semble difficile de pousser simultanément les feux à Notre-Dame-des-Landes et à Quimper. La construction d’un aéroport à prétention « internationale » au nord de Nantes accentuera évidemment le déséquilibre existant entre la haute et la basse Bretagne. Urvoas devrait se souvenir que le développement actuel de la Bretagne s’effectue principalement autour de l’axe nantes-Rennes. Et non pas Brest-Quimper. Par conséquent, un élu quimperois conscient et organisé ne peut qu’être hostile à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. A la fois pour des raisons d’aménagement du territoire et des considérations commerciales. Toutes choses qui semblent échapper au juriste Urvoas.
En politique, au-delà des mots, ce sont les actes qui comptent. Alors que l’équipe Ayrault se démène pour imposer Notre-Dame-des-Landes, le conseil régional de Bretagne – donc Le Drian – pilote l’opération «Rein Lusk» ; non seulement les élus bretons ne jouent pas le dépérissement des aéroports de Quimper et de Brest, mais encore oeuvrent à leur relance. Alors que la région Bretagne appartient au syndicat mixte aéroportuaire du « Grand Ouest » qui a pour objectif de construire NDDL. Allez comprendre !
B. M.
Photo : Wikipedia (cc)
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3 réponses à “Aéroports de Bretagne. Urvoas joue contre son camp”
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Urvoas joue peut etre contre son camp, mais pas forcement contre la Bretagne : un pays qui aspire a un certain degré d’autonomie, voire d’independance doit se doter d’un aeroport international. Et nous avons là une occasion unique, financée en grande partie par l’ Etat central qui ne se representera pas de sit tot…
Et les opposants actuels, ne defendent pas forcement les interets economiques d’une Bretagne future à 5 departements, mais plutot une vague ideologie pilotée de l’exterieur.
Mais il existe DEJA un aéroport international à Nantes Atlantique. Les promoteurs de Notre-Dame-des-Landes ne prétendent pas créer un aéroport, seulement transférer celui qui existe. Il n’est même pas question de créer un aéroport de prestige, comparable par exemple à celui de Barcelone (référence au « certain degré d’autonomie »), puisque les bâtiments prévus ne seraient pas plus grands que ceux de Nantes Atlantique. L’importance d’un aéroport ne dépend d’ailleurs pas de ses bâtiments mais de son trafic, qui dépend, lui, du marché — et c’est bien ce que dit l’article : si l’on veut vraiment développer Notre-Dame-des-Landes, il n’y a qu’une solution, fermer les autres aéroports bretons… (
Certains opposants au projet sont mus par des raisons idéologiques, c’est vrai. D’autres par des raisons pratiques : pourquoi artificialiser des centaines d’hectares supplémentaires et dépenser des centaines de millions quand on a déjà un aéroport qui fonctionne bien ? D’autres enfin, probablement, par des raisons morales : faute de justification pratique ou économique, et au vu de l’insistance disproportionnée de certains responsables locaux, il existe sûrement des justifications inavouables à ce projet.