Depuis quelques semaines, les abonnés à Netflix peuvent découvrir une nouvelle (et excellente) série intitulée 3%. Il s’agit d’une série brésilienne réalisé par César Charlone (La cité des hommes) et tirée d’une mini série diffusée dès 2011 sur Youtube.
Au total de la première saison, 8 épisodes qui racontent « le Processus », un évènement annuel auquel tous les jeunes (Brésiliens même si le pays n’est pas directement cité dans le film) de 20 ans peuvent participer pour avoir une chance d’échapper à des conditions de vie misérables. Ils n’ont qu’un seul essai possible. Il s’agit en effet de gagner son billet pour « l’autre Rive », une société décrite par ses promoteurs comme riche, apaisée, au milieu de l’océan. « Le Processus » est en effet devenu une religion dans la cité pauvre, religion combattue par « la Cause » un groupe rebelle qui tente (sans que l’on comprenne d’ailleurs vraiment pourquoi, et c’est l’un des rares aspects négatifs de la série) d’infiltrer et de détruire la « société idéale ».
Le scénario – se déroulant dans le futur – est particulièrement bien trouvé. Les amateurs de Black Mirror pourraient même se dire qu’il s’agit d’un très long épisode de cette autre excellente série d’anticipation.
La série suit une poignée de personnages (incarnés par des jeunes acteurs brésiliens) tentant tous de quitter à tout prix la société des favelas, de la violence et de la pauvreté, pour un monde meilleur. Durant des journées entières, ils vont devoir se soumettre à des tests opérés par une équipe appartenant à « l’autre Rive » et chargée de sélectionnée qui mérite de faire partie intégrante des 3%. Des tests de personnalité, de cohésion, de sociabilité, mais surtout des tests destinés – pour les promoteurs de cette société utopique – à contrôler totalement le prétendant , à le connaitre sur le bout des doigts, à en faire une sorte de citoyen contrôlable à souhait, docile, et s’intégrant parfaitement dans une société où il ne faut pas – contrairement au quotidien de la ville misérable – de vagues.
La question centrale que pose la série est : quel choix et quelles actions aurions nous fait et serions nous prêts à faire pour vivre dans un monde prétendument meilleur ? Mais, série brésilienne oblige, les réalisateurs posent également la question de l’échec d’une société qui fût présentée un temps comme société modèle, en raison notamment d’un multiculturalisme qui fonctionnerait à la perfection ; la réalité du Brésil aujourd’hui, ce sont pourtant des favelas à perte de vue, des villes où l’insécurité est reine, une pauvreté record, une corruption généralisée dans les hautes sphères politiques, et même la volonté de certains Etats de faire sécession pour ne pas avoir à supporter « toute la misère du Brésil ».
La question que l’on peut également se poser en regardant la série est également la suivante : est-on vraiment obligé de choisir entre une société pauvre, sale, sans mémoire ni futur, dans laquelle les êtres les plus vils et les plus violents dominent, et une société aseptisée, constituée uniquement d’une élite faisant dans l’entre-soi permanent, et dirigée par des Frankenstein souhaitant contrôler l’existence humaine dans son intégralité ? A cette question, la série n’apporte néanmoins pas de réponse.
3% est une excellente découverte cinématographique, et l’on ne s’ennuie pas tout au long des 8 épisodes proposés ; le succès de la série, au Brésil comme à l’international, fait qu’une deuxième saison a été annoncée, à une date qui reste à déterminer.
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “3% : la série futuriste qui découpe à la hache le « modèle » brésilien .”
Mais qu’appelez-vous donc « modèle brésilien » ? Comme dans l’article que vous citez en lien, l’expression « modèle brésilien » renvoie toujours à un modèle économique, et le plus souvent avec un point d’interrogation, tant ce pays est paradoxal. Considéré comme très riche au début du 20ème siècle et très pauvre au début du 21ème, il a connu de courtes périodes d’expansion due à l’intervention de l’Etat (aussi bien sous la dictature militaire que sous le socialisme), suivie par les contrecoups négatifs de cette intervention. Et il bénéficie toujours du dynamisme de sa bourgeoisie et de sa richesse en matières premières.
Sur les plans social, politique et culturel, en revanche, qui prétendrait qu’il existe un « modèle brésilien » ? Le multiculturalisme, en particulier, est une illusion de touriste occidental. Au contraire des Etats-Unis, le Brésil ne classe pas ses citoyens selon leur origine ethnique (« Black » quand on a une ascendance noire, « Native » pour les descendants des Indiens, « Latino », etc.) et ses recensements ne notent plus la couleur de peau depuis, je crois, les années 1970. Au Brésil, les races n’existent plus — mais les pauvres n’en ont pas moins la peau noire.
Sans avoir mis les pieds au Brésil, j’y ai des contacts surs. En pratique le Brésil a une séparation ethnique bien plus forte qu’aux Etat-Unis.
Oui, le sud à majorité germanique est en tête du processus de sécession, un vote du genre 95% pour !
Ce pays démontre que le multiculturalisme est violent et qu’il n’y a pas besoin de l’islam pour cela. Il faut rappeller que des pays comme le Brésil, Mexique, autrefois Colombie sont en tête pour le nombre de meurtres par habitant. Et devant l’Irak. Une société multiculturelle fervente chrétienne est dont la plus violente du monde.
Le Brésil est un pays où les sectes chrétiennes fleurissent, les membres versent 10% à des pasteurs qui brassent des richesses énormes. Lors d’une réunion, un stade loué, on peut voir ces stars arriver en hélicoptère.
En 1 siècle le Brésil passe de 10 millions à 200 millions d’habitants. Même si le Brésil est béni des dieux en ressource naturelle, autant que la Norvège, il faut diviser le gateau … en parts inégales.