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Nantes. Avec la mairie, collecter des jouets pour Noël n’est pas toujours simple

23/12/2016 – 09H00 Nantes (Breizh-info.com) – Le 10 décembre dernier, pour la deuxième année consécutive, l’ACQV (association des commerçants du quartier Viarme), qui regroupe une trentaine de commerces, organisait une collecte de jouets au profit des enfants les plus démunis. La manifestation – qui fut un franc succès – devait se tenir sous les bons auspices et avec l’aide de la municipalité nantaise. Au lieu de cela, ce fut une série de déconvenues.

Pierre Fautrat est le président de l’ACQV. « Nous avons travaillé en amont avec le pôle événementiel et Fabienne Padovani, adjointe au maire pour le quartier Hauts-Pavés St Félix [elle est aussi conseillère départementale PS du canton Nantes-1, NDLA]. On nous a promis une subvention de 400 euros », sur un budget total de 1500 €. Elle devait servir à payer les trois groupes de musique invités pour l’animation de la journée – une fanfare, un groupe de rock (Colfax) et un groupe de jazz (Rémy Hervo Trio). Première déconvenue : « quinze jours avant, on reçoit un coup de fil : la subvention, on n’en aura pas. On avait déjà tout commandé ». Coup de chance : les groupes acceptent de jouer bénévolement, pour la bonne cause. Autre coup de chance : deux entreprises de la place, Groupama et Domino’s Pizza, prennent en charge une partie des frais – l’une donne 500 euros, l’autre paie les flyers et les affiches, ainsi qu’une partie des lots de la tombola.

Ensuite, « on prend rendez-vous avec la mairie », poursuit Pierre Fautrat, « pour louer les barrières, les tables, les chaises, le matériel électrique, les ganivelles [barrières] et un podium. Ce sont les ateliers municipaux du Perray qui se chargent de la logistique, ils livrent en palettes le vendredi soir. Avec comme consigne de ne rien laisser sur la voie publique à cause des vols. Bon, on range dans ma cour jusqu’au lendemain matin, on fait notre collecte le samedi – un franc succès d’ailleurs – on re-range puisqu’ils viennent prendre lundi entre 9 et 10 ». Et le lundi matin, ce restaurateur ressort lui-même sur la place tout le matériel qui doit être repris, avant d’aller travailler.

Mais le soir du lundi à 16 heures, « rien n’a été repris. J’appelle à 16 heures, afin de les prévenir. On me répond que rendez-vous a été pris pour mercredi avec Pierre Fautrat, au téléphone. Je leur réponds que c’est impossible, c’est moi, Pierre Fautrat ». Il se fait répondre par le responsable des livraisons dudit matériel, que le matériel prêté par la mairie ne peut pas rester sur la voie publique deux jours de suite, « et que s’il y avait des vols, je serai facturé en conséquence ». Alors qu’il l’incite à reprendre le matériel public remis à disposition, M. Lemaître le « menace de ne plus jamais [lui] prêter du matériel ». Qui n’appartient pas en propre au responsable de la Ville en question, mais à l’ensemble des Nantais, puisqu’il est payé par les contribuables pour être mis à la disposition des habitants.

Assez énervé, Pierre Fautrat répond alors : « dans ce cas, je prends en photo le matériel sur la voie publique, et je vous envoie un mail avec la date et l’heure », ce qu’il fait dans la foulée. Il expédie aussi le mail à plusieurs élus, dont Mme Padovani et au chef de file de l’opposition, Laurence Garnier. Finalement, une équipe de la mairie se résout à récupérer ledit matériel le soir du lundi. Après quoi, la responsable du pôle événementiel de la mairie de Nantes le contacte pour « regretter [sa] réaction excessive » et l’adjurer d’être « compréhensif » par rapport à la sécurité du matériel. Elle n’hésite pas à lui affirmer que les commerçants « auraient dû se débrouiller » pour surveiller le matériel. « Comme si on n’a pas assez de travail comme ça ! », réagit Pierre Fautrat.

Finalement, son mail ayant provoqué quelques réactions parmi les élus, il reçoit une réponse du responsable du service « fêtes, manifestations et logistique » de la mairie. Par un mail, il lui transmets ses excuses, admet « l’erreur de ne pas avoir corrigé la date de la reprise du matériel – au 14 et non au 12 décembre », tout en avouant qu’il ne peut vérifier si ses services ont bien fait la diligence de prévenir l’association des commerçants du quartier Viarme, « et qu’il n’est évidemment pas question de ne plus vous prêter de matériel ».

Cependant, Pierre Fautrat se dit « lassé » d’un « certain état d’esprit propre aux ateliers municipaux de Nantes. On organise quatre à cinq événements par an sur la place Viarme, notamment des vide-greniers. Pour se faire livrer les tables, chaises etc. c’est au petit bonheur la chance, c’est vraiment selon leur bon vouloir. Souvent, à la veille des vide-greniers ils ne livrent pas, il faut aller chercher le matos soi-même. On y est ainsi allés en juin et en septembre, cette année. Et là on rentre dans les ateliers, et on en voit le tiers – à peine, qui travaille. Les autres fument – y compris pas loin de trucs inflammables voire boivent sur place, règlent les fourches de Manitous pour pouvoir s’asseoir confortablement, etc. ». Une fois, à la veille d’une manifestation, « le matériel nous a été livré, sauf la partie électrique – trois rallonges et quelques blocs multiprises.  On y est allés, il était 16 h 30, il y avait plein de monde dans l’atelier à boire, fumer etc. Ils nous on dit qu’il n’y avait plus de responsable sur le site, donc ils ne pouvaient rien nous donner, et que leur journée était finie ; on a du revenir le lendemain matin », remarque le restaurateur. Reste à savoir comment cela se fait que les chefs s’en vont avant 16 h 30, et pourquoi.

Enfin, « la mairie nous avait promis un article dans Nantes Passion, au sujet de notre manifestation. On n’a rien eu ! », se récrie Pierre Fautrat. « Curieusement, cette année, tout le monde nous a lâché ! ». A la mairie tout du moins, puisque la générosité des Nantais a, elle, été au rendez-vous : « subvention ou pas, l’année prochaine, on recommence. L’an dernier, on a collecté 300 jouets neufs, cette année, 450, et il y a de tout, de la peluche au VTT. Cela s’est fait dans un très bon état d’esprit, et c’est pour une bonne cause ! ».

Louis-Benoît Greffe

Photos : DR
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