19/12/2016 – 09H00 Rennes (Breizh-info.com) – Les élections législatives se dérouleront les 11 et 18 juin 2017, afin de renouveler les mandats de députés. En Bretagne administrative, ils sont actuellement 27 députés, et 8 en Loire-Atlantique. Actuellement en Loire-Atlantique, hormis la 7ème circonscription où M. Priou (LR) est élu, toutes les autres sont tenues par le Parti socialiste.
Dans le Finistère, les 8 députés sont apparentés PS ; dans le Morbihan, Philippe Le Ray est le seul député de droite (LR) ; dans les Côtes-d’Armor, Marc le Fur est l’unique représentant des Républicains face à 4 députés PS ; en Ile-et-Vilaine, on compte 5 députés PS , 2 LR ( Isabelle le Callennec et Gilles Lurton) et un UDI (Thierry Benoît).
Au total, la Bretagne compte 6 députés de droite sur 35. Large avantage à la gauche donc. Le scrutin à deux tours – est par ailleurs traditionnellement défavorables aux plus petits partis, qui peinent à atteindre le seuil de 12,5% des inscrits (et non pas des exprimés ce qui change largement la donne) ou à terminer aux deux premières places.
Avec la montée du Front national, à l’occasion des derniers scrutins électoraux, les affaires de la droite en Bretagne pourraient toutefois être loin de s’arranger lors des prochaines échéances électorales dans la région. D’autant plus que Marc le Fur – qui eut un boulevard il y a quelques années, entre contestation populaire et régionaliste des Bonnets rouges, et mouvement massif pour la défense de la famille et contre le mariage et l’adoption pour tous – est nettement rentré dans le rang depuis, ce qui n’a pas manqué de surprendre de nombreux observateurs de la vie politique bretonne.
Cela a également permis à Gilles Pennelle, à Pascal Gannat et au Front national, de toucher un électorat de droite inquiet sur les questions notamment d’identité, d’immigration, de crise économique et sociale, des questions auxquelles la droite bretonne ne parvient pas à répondre, comme si la jeune garde n’arrivait pas à mettre à jour le logiciel de la « démocratie chrétienne » façon Pierre Méhaignerie ou Josselin de Rohan, voire à changer de système d’exploitation. La Bretagne a en effet changé, sociologiquement, culturellement, économiquement ces dernières décennies, un fait que les responsables de la droite bretonne semblent avoir beaucoup de mal à assimiler.
A l’inverse, Bruno Retailleau et son équipe en Loire-Atlantique ont parfaitement su changer de logiciel et mener campagne sur des thèmes « de droite décomplexée », ce qui a permis le succès escompté. Mais nos contacts au sein des différentes sections de ces partis font état, notamment chez les plus jeunes, d’un statu quo : droitisation en Loire-Atlantique d’un côté et incapacité à comprendre l’évolution de la société, à voir le long terme et satisfaction d’être à son poste pour ceux qui sont déjà élus.
Quelques chiffres lors des récentes élections imposeraient pourtant un sérieux travail d’analyse :
Aux élections européennes de 2014, la liste Rassemblement Bleu Marine emmenée par Gilles Lebreton obtenait 17,09% des exprimés, contre 18,41% pour celle d’Alain Cadec (UMP) et 11,60% pour celle de François Bayrou, 2,96% pour Debout la France.
Aux élections départementales de 2015, le Front national avait déjà perturbé l’hégémonie des deux grosses centrales, en qualifiant plusieurs candidats pour le second tour, dans une élection réputée défavorable au parti de Marine le Pen. Ainsi, il y avait eu – dans les 5 départements bretons – 7 duels contre la droite au second tour, et 6 duels contre la gauche ainsi qu’une triangulaire, ce qui à l’époque, était déjà significatif d’une percée.
Aux élections régionales de 2015, le FN réalisait un score global de 18,17% (9,02% des inscrits) contre 23,46% pour la droite (11,64% des inscrits) et 2,9% (1,44% des inscrits) pour Debout la France. Au second tour, 18,87% pour le FN (10,17% des inscrits) et 29,72% pour la droite (16,02% des inscrits) derrière la gauche (51,41% soit 27% des inscrits). En Loire Atlantique le FN réalisait un score global de 17,76% (8,6% des inscrits) contre 29,36% pour la droite (14,21% des inscrits) et 3,6% (1,74% des inscrits) pour Debout la France. Au second tour, 15,61% pour le FN (8,61% des inscrits) et 39,16% pour la droite (21,06% des inscrits).
Il faut se méfier des sondages – comme l’ont montré les fiascos concernant l’élection de Donald Trump, du Brexit ….la liste est longue. Toutefois, certaines analyses réalisées en vue des législatives de 2017 sont intéressantes. C’est le cas de l’étude réalisée après les élections régionales par Opinion Way et La lettre de l’opinion intitulée : Législatives 2017 : vers une recomposition inédite ?, étude qui essaie de prendre en compte les changements de rapports de force nés en France suite aux dernières échéances électorales.
Un bémol toutefois : il est toujours risqué d’effectuer des analyses alors que l’élection présidentielle n’est pas passée, étant donnée que cette dernière a une influence certaine sur le vote des électeurs aux législatives. Ainsi, en 2017, une qualification (pour le moment probable mais la route est encore très longue, surtout pour ceux qui sont partis haut et tôt) de Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle (suivie d’un échec quasi certain au second tour hormis à se retrouver face à Jean-Luc Mélenchon face à elle) aurait sans doute pour conséquence une hausse du score du Front national lors des législatives. Une élimination au premier tour de la candidate aurait également d’autres répercussions ( surtout que le parti semble traverser déjà à quelques mois du scrutin, une crise interne, notamment liée aux différences idéologiques et politiques fondamentales entre différentes tendances).
« Alors que jusqu’en 2012, la norme des affrontements de second tour consistait en des duels gauche / droite, on peut d’ores et déjà anticiper que cette configuration sera minoritaire en 2017, quelle que soit l’hypothèse de participation retenue.» écrivent les auteurs de l’étude. « Sur les 539 circonscriptions métropolitaines, nous n’obtenons au mieux que 169 cas de duels gauche / droite, alors que cela concernait 420 circonscriptions en 2012. Pour mémoire, sur 555 circonscriptions métropolitaines à l’époque, ce nombre était de 430 en 2007, de 451 en 2002 et de 399 en 1997. Dans l’hypothèse d’une participation basse (type régionales 2015), la configuration la plus fréquente (droite / FN) ne représenterait que 42% des cas et resterait donc minoritaire, contre 31% pour un duel gauche / droite et 22% de duels gauche / FN. Dans l’hypothèse d’une participation haute (type législatives 2012), la configuration la plus fréquente (toujours droite / FN) est encore plus minoritaire et ne représente que 30% des cas, contre 28% pour les triangulaires (gauche / droite / FN), 23% pour un duel gauche / droite et 16% de duels gauche / FN.»
La Bretagne ferait toutefois partie – selon cette étude – de la région où l’on retrouverait encore, majoritairement, des duels gauche-droite au second tour (entre 28 et 41 cas pour Bretagne et Pays de Loire confondus en fonction du taux de participation). En cas de faible participation (moyenne régionales 2015), cela donnerait un duel FN contre gauche dans la 8ème circonscription du Finistère (Quimperlé), dans le circonscription Lorient-Sud (5ème Morbihan), dans la 4ème circonscription du Morbihan (Ploërmel), dans la 4ème circonscription d’Ille et Vilaine (Bain de Bretagne) ainsi que dans la 8ème de Loire-Atlantique (Saint-nazaire).
Dans le cadre d’une participation haute (type législatives 2012), le FN serait présent au second tour dans tout le Morbihan hormis la 1ère circonscription (Vannes) avec des triangulaires partout sauf Hennebont (gauche vs FN) et Lorient Sud (idem) ; dans la circonscription de Dinan pour les Côtes d’Armor (triangulaire), dans la 1ère (Rennes sud), 4ème (Bain de Bretagne – duel FN-PS), 6ème (Dol) et 7ème (Saint-Malo) d’Ille et Vilaine, et en Loire-Atlantique dans les 9ème, 8ème, 7ème, 6ème, et 2ème avec des triangulaires, hormis un duel dans la circonscription de Saint-Nazaire contre la gauche.
Selon ces prévisions – qui ne prennent pas en compte les campagnes locales qui n’ont pas encore débutées, ainsi que l’accélération de l’Histoire que nous connaissons ces dernières années , ni le résultat de l’élection présidentielle – la droite devrait encore pouvoir conserver quelques postes de députés en Bretagne, voir en gagner quelques uns par rapport à 2012. Mais il s’agirait d’un nouveau sursis, et d’un trompe l’oeil, après celui des élections régionales 2015, qui a vu le retour d’un groupe FN à la région, et qui talonne de près la droite en terme électoral, tout en étant, sur le terrain de l’opposition et de l’image anti-système PS en Bretagne, nettement plus actif.
Yann Vallerie
Photos : DR
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9 réponses à “Législatives 2017. La droite bretonne face à l’ascension du Front national”
[…] il y a 34 minutes 0 Commentaire […]
SELL TA ! SETU AN NEVEZAMZER E BREIZH ?
(Regarde donc ! Voici le printemps en Bretagne ?)
Après « À l’Ouest, rien de nouveau » (titre original : en allemand : Im Westen nichts Neues), roman de Erich Maria Remarque paru en 1929 et de non moins ‘’remarquables’’ BD du style « Ouest terne » ; pourra-t-on bientôt et enfin tourner la page et lire dans un tout autre registre :
« À L’OUEST, ENFIN UN PEU DE RENOUVEAU ! » …
Je n’ai rien contre le Front National (qui est notre allié en Italie –du nord- de par son amitié avec ma Lega Nord), mais il est bien dommage qu’il ne soit pas plus question des scores potentiels de l’excellent mouvement “Adsav! Strollad pobl vreizh”.
Le FN n’ a rien à espérer des législatives en Bretagne. Marine Le Pen ne sera pas élue aux présidentielles, son entourage fait tout pour cela. Dans toutes les élections ayant suivi une présidentielle le FN accuse un recul de 4 à 6 points. Le résultat des législatives est lié au tavail du terrain. A ce niveau très peu est fait. Aucun enracinement des candidats qui changent à chaque élection, exceptions Pennelle à Fougères et Blanchard à Saint-Nazaire mais l’intéressé qui a une solide implantation ne se représentera sans doute pas.
Les candidates ou candidats qui se présentent sous l’étiquette FN aux législatives ne seront là uniquement que pour récupérer des voix nécessaires pour constituer la cagnotte pour 5 ans.
Nullement pour gagner un siège de député.
Trop de travail.
1 voix = 1,70 euros par an pendant 5 ans, à vos calculettes.
Et après ces abrutis vous chantent la chanson : nous ne sommes pas un parti du Système ! ben voyons !
Fred, Je suppose que vous allez surement voter Fillon ou voire même à gôche ?
Décidément quand certains bretons se faisaient traiter de ‘’ploucs indécrottables’’ … ce n’était surement pas sans raisons :
https://thumbs.dreamstime.com/z/plouc-affam-55905523.jpg
Erreur, je vais voter FN bien sûr !
[…] http://www.breizh-info.com/2016/12/19/55330/legislatives-2017-droite-bretagne-front-national […]
Votre titre sur » la Droite bretonne face à l’ascension du FN » m’a fait rêver un court instant… Vous parlez de Droite bretonne alors qu’il s’agit tout bonnement de la Droite française en Bretagne. C’est totalement différent. Attention au vocabulaire, SVP ! Sinon, les titres vont ressembler à ceux des actualités de la page d’ ORANGE. Ce serait dommage…