16/12/2016 – 09h00 Nantes (Breizh-Info.com) – L’association A la Nantaise a été créée il y a plusieurs années maintenant. Son objectif : développer l’idée d’un actionnariat populaire afin que les amoureux du FC Nantes investissent au capital du club lorsqu’une telle opération sera possible.
Si l’actuelle présidence de Waldemar Kita ne permet pas l’aboutissement d’un tel projet, les membres de cette association savent que la revente du club est de plus en plus probable. Ils invitent donc tous les amoureux du FCN à signer un manifeste afin de faire pression sur les éventuels repreneurs en réaffirmant leur volonté d’entrer au capital.
Nous avons interrogé Florian Le Teuff, président de l’association A la Nantaise.
Breizh-Info : Quel est le but de ce manifeste ?
Florian Le Teuff : Le président-propriétaire du FC Nantes s’est récemment dit favorable, sous certaines conditions, à la vente du club. Aujourd’hui, le FCN est à la croisée des chemins. Alors que la coupure entre le club et le territoire n’a jamais été aussi forte, les amoureux du FC Nantes veulent passer un message fort : l’avenir du club ne s’écrira plus sans nous ! Le manifeste, dans la perspective d’une prochaine cession qui aura lieu tôt ou tard, met en exergue deux idées fortes. D’une part, nous souhaitons que l’arrivée de nouveaux investisseurs permette de placer au cœur du club jaune et vert les principes ayant fait son identité, sa force et sa renommée : jeu collectif, formation, transmission des valeurs, indépendance de la cellule sportive, stabilité et innovation. D’autre part, nous souhaitons que des acteurs du territoire (à la fois supporters et entreprises régionales) détiennent au moins une partie du capital du FC Nantes afin d’affirmer son ancrage local, sa responsabilité sociétale, sa transparence, sa durabilité et son éthique.
Breizh-Info : Peut-on le signer si l’on n’est pas Nantais ?
Florian Le Teuff : Le nouveau site d’A la nantaise permet de signer le document en ligne. En quelques jours, le cap des 3000 signataires a été franchi. Nous constatons que les signataires sont issus des quatre coins de la Bretagne, des quatre coins de la France et même bien au-delà. L’attachement au FC Nantes est international. Tous les Nantais qui voyagent ont constaté que le jeu si spécifique du FC Nantes, avec plus de cent matchs européens à la clé, a permis au club d’être connu et apprécié partout dans le monde.
Breizh-Info : Pour beaucoup d’observateurs le « jeu à la nantaise » existe toujours… mais à Barcelone. Paradoxalement, est-ce que votre projet en tant qu’association est d’aller vers une « gouvernance à la barcelonaise » pour Nantes ?
Florian Le Teuff : La fin du jeu à la nantaise, décidée au moment de la prise de contrôle du club par des investisseurs extérieurs au territoire (la Socpresse en 2001, puis Waldemar Kita en 2007), a entraîné la banalisation et la normalisation du FCN. Le club a perdu son identité et, par conséquent, a cessé d’obtenir des résultats. Les valeurs du jeu à la nantaise, qui avait permis à Nantes d’être champion de France au moins une fois au cours de chaque décennie depuis les années 60, ont été délaissées alors qu’elles sont parfaitement modernes. Ces valeurs, perpétuellement remises au goût du jour en fonction de l’évolution du football, permettaient au club d’avoir sans cesse un temps d’avance sur tous les autres… Nous voulons renouer avec cette aptitude à constamment innover en inventant le premier projet d’actionnariat populaire du football français.Ce mode de gouvernance existe en Espagne, et notamment à Barcelone avec le principe des socios ; il se développe beaucoup en Angleterre sous l’impulsion de nos amis de Supporters Direct Europe ; par ailleurs, nous observons beaucoup le championnat professionnel allemand où une obligation règlementaire impose aux clubs d »impliquer les acteurs du territoire dans la gouvernance.
Breizh-Info : Votre association a donc vocation à devenir actionnaire du FC Nantes ?
Florian Le Teuff : En effet, l’objectif d’A la nantaise est de participer au tour de table lors du prochain changement de propriétaire du FC Nantes pour monter au capital du club afin de désigner des représentants dans les organes de décision et contribuer ainsi à la gestion du FCN. Ce mode de gouvernance – qui peut paraître un peu fou en France aux yeux de ceux qui refusent de voir plus loin que le bout de leur nez – a pourtant démontré sa pertinence dans tous les grands championnats européens, que ce soit sur le plan de la promotion des valeurs du club ou sur le plan de l’efficacité économique.
Breizh-Info : Quel est le regard de la mairie de Nantes sur votre projet ?
Florian Le Teuff : Il s’agit justement d’un point stratégique majeur. A la nantaise est soutenue par l’intergroupe sports du Parlement européen. Les échanges avec le ministère des sports sont très encourageants. Mais ce sont surtout les élus locaux qui peuvent jouer un rôle déterminant. Nantes Métropole, en tant que propriétaire des infrastructures du centre de formation et du stade de la Beaujoire, est liée au FCN par des conventions qui lui permettront d’avoir son mot à dire au moment du changement d’actionnaire de référence. Or, l’actionnariat populaire est soutenu par l’ensemble des sensibilités du Conseil Municipal de Nantes depuis un vœu voté à l’unanimité en mars 2012. Par ailleurs, l’actionnariat populaire est inscrit dans le programme électoral de Johanna Rolland, Maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole depuis 2014. Toutes les conditions sont donc réunies.
Breizh-Info : Les relations avec la direction du FC Nantes se sont-elles normalisées avec le temps ? Un dialogue constructif a-t-il lieu ?
Florian Le Teuff : Au moment de son lancement en 2010, notre association avait été reçue à la Jonelière par la direction. Franck Kita, Directeur Général et fils du Président-propriétaire Waldemar Kita, avait déclaré par voie de presse qu’il jugeait notre projet particulièrement intéressant. Puis, plus A la nantaise a grandi, plus les dirigeants se sont refermés sur eux-mêmes et ont refusé toute forme de dialogue. Par conséquent, l’actionnariat populaire ne se fera pas sous l’ère Kita, il ne pourra se faire qu’avec le futur actionnaire de référence du club, au moment de la prochaine cession qui arrivera tôt ou tard. Nous sommes d’ores et déjà prêts, dans les starting-blocks pour entrer au capital et contribuer ainsi à la gestion du FC Nantes. S’appuyant sur un travail académique réalisé par des experts reconnus, l’association profite d’une notoriété grandissante et s’est imposée comme un interlocuteur de référence auprès des pouvoirs publics et des médias nationaux.
Breizh-Info : Votre association a désormais quelques kilomètres au compteur, quelle est votre plus belle victoire et votre plus grand regret ?
Florian Le Teuff : Notre plus grand regret, c’est qu’il aura fallu que le club soit au plus mal pour que notre projet voie le jour… Nous sommes impliqués dans des réseaux européens et on nous a expliqué que c’est ainsi : les projets d’actionnariat populaire se concrétisent généralement lorsque les clubs sont en crise… Notre plus grande satisfaction, c’est que nous sommes prêts. Notre travail, durant ces dernières années, a payé. A la nantaise a créé une Société par Actions Simplifiée qui a déjà récolté auprès des membres de l’association l’équivalent de 7% du montant actuel du capital du Club. Une étude indépendante réalisée par l’Université de Nantes a démontré que le potentiel économique d’un projet d’actionnariat populaire au FCN est de 1,7 million d’euros, soit plus de trois fois le montant actuel du capital du Club. Grâce à nos soutiens, grâce à notre capacité à fédérer des compétences, grâce à un lourd travail de fond, notre projet est désormais considéré comme sérieux et notre association est devenue incontournable. Pour le plus grand rayonnement de notre ville, et avec les valeurs du FCN chevillées au cœur !
Propos recueillis par Nicolas Serrand
Crédit Photos : Florian Le Teuff / A la Nantaise
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