15/12/2016 – 06H30 Paris (Breizh-info.com) – Pendant plusieurs heures mercredi 14 décembre 2016, une trentaine de militants de Greenpeace ont bloqué le siège d’EDF, avenue de Wagram à Paris. Par ailleurs des militants sont montés sur le toit du bâtiment et ont descendu la façade en rappel pour déployer une banderole indiquant: « 74 milliards de dette et, avec le nucléaire, c’est pas fini », une phrase présentée comme une déclaration du PDG Jean-Bernard Levy.
Deux structures métalliques en forme d’arc de cercle ont ensuite été dressées devant l’entrée de l’immeuble et attachées l’une à l’autre formant un demi-cercle barré du slogan « Faillite » . Ces deux structures mises en place par des militants chevronnés ont empêché l’accès à l’immeuble où travaillent des centaines de salariés du groupe.
Les militants de GreenPeace France souhaitaient dénoncer « la stratégie nucléaire » mise en oeuvre par les dirigeants d’EDF et ayant abouti à « la faillite financière et technique » de l’entreprise. « Les militants de Greenpeace sont aujourd’hui là pour stopper cette fuite en avant. C’est la sécurité et le portefeuille des Français qui sont en jeu. EDF doit changer de cap industriel tant qu’il est encore temps.» explique les militants écologistes dans un communiqué.
« La situation d’EDF est absurde ! Et les responsables sont les dirigeants de l’entreprise ; Jean-Bernard Lévy en tête. En pratiquant la politique de l’autruche, JeanBernard Lévy tente de cacher la faillite financière du groupe et l’état déplorable du parc nucléaire », explique Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie à Greenpeace.
GreenPeace a commandé une étude (réalisée par le cabinet d’analyse financière AlphaValue – à lire ici en intégralité ) publiée en novembre 2016. Selon cette étude « EDF sous provisionne dans ses comptes les coûts de démantèlement et de gestion des déchets nucléaires, à hauteur de 50 milliards d’euros. De plus, les dirigeants annoncent pouvoir prolonger les réacteurs au-delà de 40 ans, mais la situation financière de l’entreprise ne le permet tout simplement pas. Ils transmettent donc des informations trompeuses aux investisseurs et aux Français. Le scandale des anomalies dans le nucléaire vient s’ajouter à la liste des difficultés rencontrées par l’entreprise, que les dirigeants tentent de cacher. Actuellement, 30 des 58 réacteurs du parc nucléaire français sont touchés par ces anomalies. » indique Greenpeace.
«Ces informations trompeuses sur la sûreté du parc nucléaire et sur les finances de l’entreprise visent à cacher qu’EDF n’a plus les moyens d’investir dans la sûreté du parc nucléaire français. C’est donc un scandale qui concerne tous les Français car cela remet en cause leur sécurité ! », ajoute Cyrille Cormier.
Greenpeace demande à Jean-Bernard Lévy « qu’il annonce sans attendre un revirement stratégique afin de redonner un avenir à l’entreprise et à ses salariés. Ce changement de cap industriel doit être rapide et passer par l’abandon définitif du programme nucléaire d’EDF. L’entreprise doit désormais s’engager dans des activités compatibles avec la lutte contre les dérèglements climatiques ainsi que la protection de l’environnement et des populations face aux risques nucléaires.»
De son côté, EDF estime avoir les moyens nécessaires. Selon l’entreprise, la valeur comptable des centrales nucléaires n’a pas diminué malgré la chute des prix de l’électricité en Europe. Concernant les moyens alloués au nucléaire, l’entreprise affirme que les investissements, évalués à environ 16 milliards d’euros annuels pour les dix prochaines années sont supérieurs à l’objectif de 10,5 milliards d’euros fixé par le PDG à l’horizon 2018.
Fin novembre, Greenpeace a déposé une plainte auprès du parquet national financier contre EDF et son PDG pour « délits boursiers », l’ONG accusant l’entreprise de largement sous-provisionner les coûts futurs des démantèlements des centrales et de traitement des déchets. EDF a contesté les évaluations de l’ONG et a annoncé le dépôt d’une plainte pénale pour diffusion « d’allégations mensongères ». Par ailleurs, EDF a annoncé vouloir à nouveau porter plainte suite à l’action menée par les militants écologistes . L’entreprise dénonce ainsi la violence de l’action de GreenPeace, qui s’en défend, arguant d’avoir toujours mené des actions pacifiques.
#EDF indique qu’il portera plainte contre #Greenpeace suite à cette action, en plus de la plainte pénale déjà annoncée le 24 novembre
— EDF Officiel (@EDFofficiel) 14 décembre 2016
Cette action s’inscrit dans les principes de la non-violence que Greenpeace pratique depuis ses origines @EDFofficiel. #EDF #nucléaire https://t.co/F57cSIOzNK
— Greenpeace France (@greenpeacefr) 14 décembre 2016
Depuis l’ouverture du marché de l’énergie à la concurrence, certaines entreprises proposent des prix plus bas qu’EDF pour le consommateur tout en garantissant que l’énergie ne provienne que d’énergies renouvelables : c’est le cas de la société qui monte nommée Ekwateur. L’entreprise propose de l’électricité 100% renouvelable issue d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques et de barrages hydrauliques (en 2016 issue 100% de l’hydraulique) ainsi que du gaz 5% ou 100% renouvelable à partir de biométhane, une première en France .
Plusieurs institutions d’Etat ont d’ailleurs choisi de changer d’opérateur énergétique et de passer chez Ekwateur en 2017 : 53 établissements publics, du musée Picasso à Météo France, en passant par l’Institut National de l’Audiovisuel, l’Agence de l’Environnement et Maitrise de l’Energie, et les Voies Navigables de France.
Photos : DR
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