07/12/2016 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – La rue Santeuil, entre rue Crébillon et rue Jean-Jacques Rousseau, est caractéristique, dans son évolution, de l’actuel hyper-centre nantais pensé conjointement par les petits satrapes municipaux et les promoteurs CAC 40.
Jusqu’à la fin du dernier siècle, elle menait une vie singulière avec comme hauts lieux la rédaction de Presse-Océan, logée à l’ancienne ; une petite cité universitaire, à son rez de chaussée une galerie d’art gérée par le C.R.O.U.S. et pratiquement gratuite ; une brasserie toujours pleine à craquer, Le Guingois (rien à voir avec l’actuel, du genre désolant) ; un café, Le Santeuil, abri discret des couples en émoi. Et puis, en vis-à-vis, le N’Guyet N’Ga tenu par un ancien « d’Indo », barbouze à ses heures perdues et Le Chat de gouttière où avait échoué un pied noir hors normes, repaire de jeunes « nationalistes » comme on disait en ces temps révolus. Tout a disparu, sauf le petit bistrot. On a éventré pour ouvrir une galerie conjointe au Passage Pommeraye. C’est froid, distingué, parfaitement « fillonesque », c’est-à-dire sans âme.
Il faut donc se consacrer au Song qui est là depuis neuf ans. A des années-lumière des gargotes asiatiques, une table de haute qualité. Madame Nhung Phung est une chef inventive et très douée, elle joue sur des variations qui transportent et épanouissent ses racines.
Tout ou presque est délicieux. Au choix : lap de poulet (une salade), travers de porc caramélisés ; agneau et foie gras à l’orientale, jacuzzi coco (Saint-Jacques et gambas), bœuf à la plancha ; religieuse exotique et pomme perdue. Carte des vins assez courte mais juste.
Le midi, comptez 18 euros avec le menu « tuk tuk » et le soir à partir de 33 euros. Boutiques pour emporter.
Le cadre fraîchement rénové est très réussi, sobre et raffiné.
Jean Heurtin
Le Song, 5, rue Santeuil, Nantes.
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine