Le protectionnisme, un danger ou une opportunité ? Retour sur les échecs de François Hollande

03/12/2016 – 05H15 Paris (Breizh-info.com) –  Jeudi 1er décembre 2016 au soir, François Hollande a prouvé à quel point le courant idéologique qu’il représentait était coupé du réel. Les électeurs britanniques ont démontré leur volonté de sortir de l’Union européenne afin de défendre leurs intérêts. Les Américains ont eux choisi d’élire à la présidence du pays un homme qui a clairement fait campagne sur le thème du protectionnisme. Les élections autrichiennes approchent et le candidat protectionniste semble assez bien placé pour l’emporter.

Malgré tous ces signaux forts, François Hollande a décidé de tirer à boulets rouges sur le repli protectionniste. Peut-être faut-il chercher dans cet aveuglement idéologique l’explication de son incapacité à résorber le chômage…

Une trahison des travailleurs

En contradiction totale avec les derniers résultats électoraux au Royaume-Uni ou aux États-Unis, le président de la République s’est fendu d’une tirade révélatrice de la faillite des élites : « Quant à l’extrême-droite, elle nous appelle au repli. […] Le plus grand danger, c’est le protectionnisme, c’est l’enfermement. Et ce serait d’abord un désastre pour les travailleurs français. »

Est-il seulement nécessaire de rappeler que François Hollande se considère comme socialiste et qu’à ce titre il est censé s’opposer, au moins en apparence, à la doctrine libérale ? Une doctrine dont l’un des fondements est la recherche de la circulation la plus libre possible des biens, des capitaux et des hommes ?

Tout à fait logiquement, François Hollande devrait donc être un pourfendeur acharné de toutes les tentatives libérales de mettre à bas les frontières. Et son gouvernement à déjà été confronté à des tentations protectionnistes…

Quand Hollande flirtait dangereusement avec le protectionnisme

L’usine Alstom de Belfort

Le 4 octobre dernier, l’État annonçait l’achat de 20 locomotives et 21 TGV pour 500 millions d’euros afin de sauver le site de Belfort et éviter la mise au chômage de 480 employés. Certes, le site n’était pas menacé de délocalisation à l’étranger mais en Alsace. Cependant le principe du protectionnisme est là : si l’Etat n’intervient pas, les emplois s’en vont et le chômage s’installe.

Le centre d’appel du syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif)

Suite à un appel d’offre publique, c’est une société basée au Maroc qui emportait le contrat à 15 millions d’euros sur trois ans. En France : 80 personnes au chômage. Réaction immédiate d’Arnaud Montebourg, alors ministre de François Hollande, qui appelait la région Île-de-France (sous direction socialiste à l’époque) à privilégier la proposition française. Las, l’appel d’offres était déjà finalisé et le contentieux aurait été trop coûteux.

Cependant, à force de pressions politiques, l’État a réussi à obtenir le maintien d’une trentaine d’emplois en Île-de-France.

Un bel exemple de l’intérêt du protectionnisme pour les travailleurs français.

En Bretagne comme ailleurs, sans protectionnisme, le chômage augmente

Les abattoirs Gad

Avant d’être fermés à cause de la concurrence internationale, notamment allemande (pour rappel, en Allemagne, il n’y a pas de SMIC et le recours à la main d’œuvre des pays d’Europe de l’est est très forte), les abattoirs bretons de Gad ont vu une centaine de Roumains venir travailler sur leur site. Pourquoi ? Tout simplement car ils acceptaient des conditions salariales et sociales minimum tout en permettant de ne payer quasiment aucune charge patronale grâce au statut de travailleurs détachés.

Les camionneurs des pays de l’est

En mars 2015, des camions immatriculés dans les pays de l’est avaient été tagués en Bretagne. Pontivy, Marzan, Loudéac, Guingamp, Quimper… La grogne des camionneurs bretons est évidente.
Il faut dire que le milieu des transports routiers est soumis à une très rude concurrence des conducteurs de l’est.

L’usine SEITA du Pays Nantais

Cette usine productrice de cigarettes était largement bénéficiaire. Pourtant elle avait fermé en 2015 malgré un combat acharné des employés de ce site industriel de Carquefou. Il y a deux jours, ce sont les derniers sites français (Riom et Fleury-les-Abrets) dont la direction a annoncé la fermeture. En tout, plus de 650 emplois français sont concernés. Les usines seront délocalisées en Pologne et en Allemagne.

L’INSEE contredit Hollande

Nombreuses sont les délocalisations, causées par le manque de protection contre la concurrence internationale. Selon une étude de l’INSEE parue en mai 2015, elles détruisent 36.000 emplois par an.
Pour Henri Sterdyniak, directeur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : « En France, où le chômage est important parmi les personnes non qualifiées, les pertes d’emplois dues aux délocalisations, qui concernent en priorité ces personnes, sont catastrophiques. »

Aux États-Unis, les premiers effets de l’élection de Donald Trump

François Hollande pointe du doigt la fascination du Front national pour « ce qui vient de se produire aux États-Unis ». Il est intéressant de  noter que, pendant que président de la République français bat tous les records d’impopularité, Donald Trump, lui, sauve déjà des emplois américains, alors même qu’il n’est pas encore au pouvoir.Le président élu a régulièrement promis d’augmenter drastiquement les taxes sur les produits fabriqués à l’étranger après délocalisation. Et cela semble payer.

L’entreprise Carrier (fabricant de climatiseurs) a annoncé jeudi 1er décembre avoir conclu un accord avec Donald Trump pour que la délocalisation au Mexique initialement prévue soit annulée et que 1 000 emplois américains soient donc préservés.

Le 18 novembre dernier, Trump avait annoncé que le groupe Ford renonçait à délocaliser une entreprise au Mexique grâce à son intervention. Cette politique agressive à l’encontre des entreprises souhaitant délocaliser a beaucoup joué en sa faveur dans sa campagne électorale, lui permettant de gagner de nombreux comtés populaires.

Nicolas Serrand

Crédit photo : DR
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