30/11/2016 – 12H15, Paris (Breizh-info.com) – Né en 1958 en Algérie, de souche lorraine, Régis Chamagne est un ancien pilote de chasse, colonel de l’armée de l’air en retraite. Il est l’auteur du seul traité de stratégie aérienne publié en français, l’Art de la guerre aérienne. Ancien commandant de la BA de Mérignac, il a pris sa retraite de l’armée et s’est engagé en politique.
Il a d’abord milité au sein de l’UPR où il a été chargé des questions de défense et tête de liste aux européennes 2014 pour la circonscription sud-ouest, puis depuis septembre 2015 à l’Alliance pour une France libre qu’il a cofondée. Il donne aussi des conférences sur la défense, les institutions européennes ou encore la situation géopolitique internationale.
En 2016 il publie Relève-toi ! aux éditions Astrée. Il y dresse le constat des abandons de souveraineté faits par les politiciens français au bénéfice des Etats-Unis et de l’Union européenne – dont les structures ne sont, à son avis, qu’un instrument de la domination américaine sur ses vassaux ouest-européens, mais fait aussi état des causes structurelles qui permettront, selon lui, à la France de recouvrir son indépendance et aux Français de pouvoir exprimer à nouveau leur volonté. Parmi ces causes, il évoque la beauté et la diversité de la France, ainsi que son histoire millénaire, dont il fait l’éloge au début de son livre – même s’il avoue ignorer les guerres de Vendée. Rencontre avec un militaire engagé qui ne cache pas, par ailleurs, ses positions jacobines.
Breizh Info : Régis Chamagne, vous faites le constat, un peu déroutant, que le peuple français n’est pas raciste et qu’il assimile toujours les étrangers. Pouvez-vous l’expliquer ?
Régis Chamagne : Je ne suis pas nationaliste, je suis patriote. J’aime mon pays, je n’exclus personne. Il se trouve qu’en France il y a un taux de mariages mixtes de 20 à 25%, et que ce sont principalement des femmes d’origine étrangère qui épousent des Français. Notre société continue donc d’intégrer les étrangers, comme l’explique Emmanuel Todd, pour qui le peuple français est fondamentalement égalitaire et anti-communautariste, à la différence des Anglais et des Américains.
Breizh Info : Alors comment expliquez-vous les problèmes d’intégration des minorités d’origine étrangère, qui vont croissants ?
Régis Chamagne : Par un problème avant tout social, qui a trait à leur pauvreté.
Breizh Info : Pourtant il y a bien plus de pauvreté et d’enclavement dans des territoires ruraux délaissés, comme le sont la Lozère, l’Aveyron ou le Gers. Pourtant, rapportées en nombre de faits pour 1000 habitants, la criminalité et la délinquance y sont bien inférieures à la Seine-Saint-Denis, qui est un territoire bien irrigué par les voies de transport, bien équipé et très proche de la capitale…
Régis Chamagne : Oui, mais à la campagne il y a des systèmes d’entraide, des solidarités locales. Je maintiens qu’être pauvre en ville, c’est nettement plus dur.
Breizh Info : Vous affirmez dans votre livre que l’Union européenne s’est constituée comme un bras armé de la domination américaine sur ses vassaux du continent européen, à commencer par la France ?
Régis Chamagne : C’est clair. Il y a une stratégie ultra-libérale de l’UE, qui s’illustre notamment dans les GOPĒ (grandes orientations de politique économique) fixées en toute discrétion par l’UE et qui s’appliquent aux pouvoirs politiques de tous les pays européens. Par exemple elles prescrivent en France de diminuer le nombre de PME, jugé « improductif », ou de diminuer l’ampleur des services publics. L’objectif est simple : ramener toutes les richesses dans les mains d’un très petit nombre, et livrer ainsi le génie français aux multinationales.
Breizh Info : Pourtant la plupart des PME en France ce sont des petits commerces ou des artisans, comme le plombier-chauffagiste du quartier ou la boulangerie. Il apparaît difficile de les faire toutes fermer.
Régis Chamagne : Une pression étatique peut conduire les patrons de PME à jeter l’éponge, après avoir été pressurés par les impôts, les charges et les normes. Si on augmente les taxes sur les farines, le pain etc., les boulangers indépendants mettront la clé sous la porte et vous irez chercher votre pain au supermarché.
Breizh Info : À ce sujet, que pensez-vous de François Fillon, qui affiche ses préoccupations économiques, notamment vis-à-vis de la fiscalité supportée par les PME françaises ?
Régis Chamagne : Il porte lui aussi un projet ultralibéral. Et ce au moment même où les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont un modèle économique inégalitaire et libéral fondé sur leur modèle de famille nucléaire, rejettent justement leur modèle séculaire, la France se retrouve, à rebrousse-poil de l’Histoire, à s’en faire le héraut. Cependant, par ses racines, Fillon apparaît comme le plus apte à réorienter la France vers un autre modèle.
Breizh Info : Et Alain Juppé ?
Régis Chamagne : C’est une girouette.
Breizh Info : Vous expliquez aussi dans votre livre que le FN avait le rôle de « mauvais messager », chargé de discréditer les idées qu’il porte, et qu’à ce titre il était un collaborateur du système tout autant que les deux autres grands partis. Pourtant il arrive que le « mauvais messager » finisse par avoir la majorité, comme l’UKIP en Grande-Bretagne… ?
Régis Chamagne : On ne peut pas comparer UKIP et FN. Ce dernier n’a jamais dit qu’il voulait sortir de l’UE, seulement renégocier les traités, ce qui est impossible en vertu de l’article 48 du Traité sur le fonctionnement de l’UE.
Breizh Info : Dans votre livre, vous brocardez aussi la Charte régionale des Minorités, que vous accusez participer à la destruction de la France ?
Régis Chamagne : Effectivement, la France est prise dans une double mâchoire linguistique. Par le haut, c’est l’anglais qui devient la langue d’enseignement supérieur… y compris, et c’est le comble, dans les universités françaises pour les étudiants de langue française ! Et par le bas, la régionalisation est consubstantielle à cette entreprise de destruction de la France, même si elle ne fonctionne pas car il n’y a pas assez d’indépendantistes.
Breizh Info : Pour vous, le fait que les jeunes Bretons apprennent leur histoire locale, ou qu’il y ait des panneaux en breton sur les routes bretonnes, c’est donc une menace contre la France ?
Régis Chamagne : Je ne vois aucun inconvénient à ce que l’on apprend l’histoire de sa région et comment elle s’inscrit dans l’Histoire de France. En revanche, les panneaux routiers en langues régionales, c’est ridicule ! Autant qu’on mette les moyens qui y sont engagés dans la sauvegarde de la culture de ces régions.
Breizh Info : Vous expliquez que la Commission européenne détient une sorte de « dictature légale », car elle concentre tous les pouvoirs sans dépendre des électeurs européens, n’est-ce pas ?
Régis Chamagne : Elle centralise effectivement tous les pouvoirs, sans contre-pouvoirs, c’est une forme de dictature. Pendant ce temps là toute forme de démocratie locale est détruite ; la mairie était le dernier refuge, mais tout est fait pour que les pouvoirs locaux soient transférés à des groupements, intercommunalités, communes nouvelles ou agglomérations toujours plus loin du citoyen. Là encore la démocratie est détruite par le haut et par le bas.
Breizh Info : À propos de servitude subie, vous dénoncez la novlangue administrative, qui constitue un « carcan » pour la pensée. Comment s’en débarrasser ?
Régis Chamagne : Tout simplement en ayant le courage de prononcer les mots français. Par exemple ce n’est pas un SDF, c’est un clochard. Pas une GPA, mais une mère porteuse, pas un « black » mais un noir ou un nègre – ce qui n’est entre guillemets pas péjoratif pour les noirs eux-mêmes. Il ne faut pas avoir peur de dire les choses.
Breizh Info : Trouvez-vous que l’état actuel de la France est désespéré ?
Régis Chamagne : Oui et non. Oui la situation est grave, mais il y a des soubresauts positifs, les français en ont marre.
Breizh Info : Vous citez Alain Badiou, un philosophe français d’extrême gauche, communiste et maoïste, et reprenez sa théorie de la « trahison des élites », qui ne serait pas seulement intervenue en 1940, mais aussi lors de l’écrasement de la Commune et sous la Restauration. Le fait que la Révolution se soit traduite pour certaines parties de la France – notamment Nantes, qui y a perdu environ 10.000 de ses citoyens – par de sanglants massacres que la Restauration a essayé de réparer, à défaut de pouvoir les effacer, ne vous émeut-il-pas ?
Régis Chamagne : Je n’étais pas au courant que la Révolution avait été sanglante pour la Bretagne et d’autres régions françaises.
Breizh Info : Pour finir, enfin, il est assez étonnant que dans tout votre livre où vous prenez la peine de retracer l’histoire de France, vous n’ayez pas un mot pour sa dimension religieuse et chrétienne. Saint-Louis, la France fille aînée de l’Église, Jeanne d’Arc, la consécration de la France à la Sainte Vierge par Louis XIII, seraient-ce des non-événements pour vous ?
Régis Chamagne : Mais si j’en parle ! Je parle des rois de France, dont le pouvoir symbolique est lié à leur onction par la Sainte Ampoule, mais aussi parce que les racines catholiques de la France lui ont donné une vocation universaliste, qui s’est traduite par une Révolution universaliste, après que son peuple ait été massivement alphabétisé et instruit au cours du XVIIIe siècle. Je fais aussi l’éloge de la laïcité, je l’assume, car c’est une sorte de « ruse » qui a permis au peuple français de s’unir malgré la diversité géographique et historique qui le divise.
Propos recueillis par L.B. Greffe
Photo : DR
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6 réponses à “Régis Chamagne : « Je n’étais pas au courant que la Révolution avait été sanglante pour la Bretagne et d’autres régions françaises.» [Interview]”
Fanatique jacobin.
Ces gens-là sont à classer avec les les communistes, les libéraux et autres monothéistes. Un danger pour l’Humanité.
Si un historien ou qui se prétend tel ignore la guerre de Vendée et les chouans de Bretagne et déclare qu’il n’en avait pas entendu parler, il faut d’urgence le renvoyer a ses études avant de le laisser donner des leçons aux autres. Il est ignare et le proclame La honte !
Il connait trop bien l’histoire pour en sélectionner ce qui l’arrange. Il est affirmatif quand ça l’arrange et flou quand il souhaite parler d’un autre sujet.
Fillon a fait la même chose chez Nolleau/Zemmour. Il écrit un livre et dit le contraire dans l’interview.
Tout cela a été théorisée depuis toujours, pour constituer une nation politique il faut enseigner une histoire nationale unifiée commune avec des héros et considérer les extérieurs comme des ennemis.
Les historiens scientifiques pourront travailler discrètement pour etre éventuellement récupérés et enseignés quand ça arrange politiquement.
Il a choisi les frontières France sur 2000 ans et il va refouler ce qui s’est passé à l’intérieur d’une zone géographique et désigner des ennemis dans tout les conflits autour.
Je suis stupéfait que ce Monsieur ignore les massacres de Vendée. J’ai arrêté la lecture de l’article en me disant qu’un personnage d’une telle inculture ne m’intéressait en aucune manière. Je m’étonne, d’ailleurs que Breizh, dont je loue le travail quotidien, ait donné la parole à ce monsieur.
Encore un parasite! de souche lorraine italienne? pour un ancien pilote de chasse cela vole haut!!! un jacobin débile! pléonasme! encore un ignare! décidément ça pullule! comme les migrants.
Un nul en histoire, nul en économie et xénophobe….
Franchement, vous avez été le chercher où cet oiseau?
Et il était pilote de Chasse…. ???
Si les Bretons n’ont pas le droit d’utiliser leur langue les Français n’ont pas plus de légitimité à utiliser la leur, qu’ils apprennent l’anglais ou mieux encore le chinois s’ils veulent s’exprimer dans une langue qui n’est pas ridicule!!!!
Qu’on réunisse la Bretagne et qu’on donne à la Bretagne le même pouvoir
démocratique qu’en Écosse ou en Catalogne et il verra s’il manque des
indépendantistes…! (Mais vu qu’il est nul en histoire, il ne doit pas
savoir que la Bretagne n’a pas besoin de référendum pour reprendre sa
liberté étant donné que c’est toujours officiellement son statut
international…! C’est dire si une fois la démocratie rétablie, cela
ira vite….!)
Et dire que les cancres racistes de ce genre qui pensent être quelque chose, il y en a plein les bureaux de l’Etat!!!
Pas besoin d’aller accuser l’Europe pour comprendre pourquoi leur pays va dans le mur!