Primaire de la droite. Alain Juppé à nouveau balayé par François Fillon au deuxième tour

29/11/2016 – 08h45 Rennes (Breizh-info.com) – François Fillon a réalisé une véritable razzia en Bretagne, comme dans le reste de la France, face à Alain Juppé, lors du second tour de la primaire des Républicains, dimanche 27 novembre 2016. Parmi toutes les communes bretonnes où les électeurs avaient la possibilité de voter, seules Cintré, en Ille et Vilaine, et Indre, en Loire-Atlantique, ont donné Alain Juppé gagnant .

Selon la centrale du parti Les Républicains, ce sont environ 4,4 millions d’électeurs qui se sont déplacés dans toute la France. Pour la Bretagne (B5) ils sont 66,7% des votants – venus nombreux – à avoir choisi François Fillon, ce qui constitue une véritable gifle pour les élus de la droite et du centre pro Juppé. Le département qui a le plus porté François Fillon est la Loire-Atlantique (70% des voix), devant les Côtes d’Armor (69%), le Morbihan (68%), le Finistère (65%) et l’Ille et Vilaine (64%).

Dans la ville de Roscoff, symbolique puisqu’il s’agit du « fief » de Maël de Calan, porte-parole d’Alain Juppé, François Fillon l’emporte avec 64,2% des voix. Il en est de même dans pratiquement tous les alentours de Morlaix. « Il serait définitivement suicidaire de donner une investiture politique aux élections législatives à M. de Calan au détriment de l’équipe d’Agnès Le Brun, maire de Morlaix« , souligne un analyste politique.

A Vannes, où le maire, David Robo, s’était également fortement engagé pour Alain Juppé, même punition : 68,45% des votants ont choisi François Fillon. A Vitré, malgré les appels de Pierre Méhaignerie à voter Juppé, là encore, 69,11% des votants ont préféré François Fillon. A Saint-Malo, ils ont été plus de 70% malgré l’engagement juppéiste du maire, Claude Renoult.
A Saint-Brieuc, en dépit des appels de Bruno Joncour à voter Juppé, 61,58% des Briochins ont choisi Fillon. A Rennes, c’est du 55-45 pour Fillon, qui n’avait pas le soutien de Bertrand Plouvier, chef de l’opposition municipale rennaise.

A noter que dans d’autres villes, où les leaders de droite s’étaient engagés pour François Fillon, ce dernier réalise 65,71% à Nantes, 59,11% à Quimper, 63,49% à Lorient.

Le plébiscite des électeurs pour François Fillon, qui prétend incarner une droite « libérale et décomplexée », tout en étant attaché à certaines valeurs sociétales, est un camouflet pour le « centre-droit» breton, aux manettes depuis plusieurs décennies à droite.

Contrairement à la Loire-Atlantique et aux Pays de la Loire, région que dirige désormais Bruno Retailleau, proche de François Fillon et ancien poulain de Philippe de Villiers, bon nombre d’élus de la droite et du centre en Bretagne semblent, pour une large partie d’entre eux, bloqués sur un logiciel dépassé, mélange entre l’héritage de Pierre Méhaignerie et celui de Josselin De Rohan, parfaitement incarné par un Maël de Calan ou un David Robo.

Les électeurs ont tranché ; c’est de cette droite molle et frileuse dont ils ne veulent plus. « Une bonne partie d’entre eux n’a pas vu que le monde change, que l’histoire s’accélère, que nous sommes au XXIème siècle » nous confie un membre des Jeunes Républicains, exaspéré : « ils raisonnent toujours comme si la Bretagne était à part, à l’abri de l’insécurité, du chômage de masse, de l’immigration . Ils se trompent complètement et là, c’est clairement le message que veulent faire passer nos électeurs ».

Ce dernier, bizarrement, se « félicite de la montée du FN en Bretagne ». « C’est une bonne chose, ça va les obliger à ouvrir les yeux et à agir. Juppé balayé alors qu’il a passé une partie de sa campagne notamment avec M. de Calan, à brandir la menace FN, c’est là encore une excellente nouvelle. Il faut se battre sur le réel, pas sur les fantasmes . ».

Reste désormais à Isabelle Le Callennec, à Marc le Fur, qui soutenaient François Fillon pour ce deuxième tour et qui sont parmi les piliers de la droite en Bretagne, à prendre acte du vote des électeurs. Sous peine d’être définitivement balayés, lors des prochaines échéances électorales, pris en tenaille entre un Front national qui perce de plus en plus en Bretagne et une gauche qui faiblit relativement peu.

Simple calcul mathématique : avec un Front national fort, la droite et le centre ne peuvent espérer aucun résultat en Bretagne. Ils pourraient même , en cas de triangulaires généralisées dans toutes les circonscriptions, n’avoir aucun député en Bretagne administrative en 2017. Les élus bretons ne pourraient alors que s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Photo : breizh-info.com
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