Comme on pouvait s’en douter, les studios d’Hollywood se sont vigoureusement opposés à Donald Trump. Sur le Hollywood Walk of Fame, son étoile a même été endommagée à coups de marteau.
Loin de son idéologie actuelle, le cinéma d’Hollywood à ses débuts était plutôt dominé par des réalisateurs conservateurs. Si les noms de D. W. Griffith ou Cecil B. DeMille sont restés célèbres, celui de Thomas Harper Ince est moins connu.
Thomas Harper Ince (1882-1924), acteur, réalisateur et producteur américain, est issu d’une famille d’acteurs de théâtre. Il révolutionne l’industrie cinématographique en créant le premier grand studio d’Hollywood et en inventant la production cinématographique. Créateur de plus de 800 films, Thomas H. Ince est considéré comme le père du genre western. Dès 1912, il tourne War on the plains, The Indian Massacre et Custer’s Lart Raid, prestigieuse reconstitution de la bataille de Little Big Horn. Dans Le Gondolier de Venise (The Italian), Ince oppose en 1915 une Italie pastorale et les bas-fonds de New-York. Avant l’intervention des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, il réalise en 1916 un film pacifiste (Civilization) dans lequel le Christ convainc le kaiser qu’il faut maintenant faire la paix. Parmi ses derniers films produits figure Déchéance humaine (Human Wreckage), dans lequel il dénonce en 1923 la drogue.
Deux films tournés en 1916 et produits par Thomas H. Ince ont obtenu un grand succès : Le justicier et Pour sauver sa race. Leur découverte met en lumière l’importante liberté scénaristique qui existait auparavant à Hollywood.
Le justicier (ou Les portes de l’enfer) est un western moraliste puisqu’une ville dépravée est brûlée par les flammes.
Le révérend Robert Henley (Jack Standing) et sa sœur Faith (Clara Williams) arrivent plein d’espoir à Hell’s Hinges, une ville dépravée, corrompue par le crime, l’alcool et la prostitution. Silk Miller (Alfred Hollingsworth), propriétaire du saloon, craint que l’arrivée du révérend ne nuise à son commerce. Il embauche Blaze Tracy (William S. Hart), un bandit, pour éliminer le révérend. Mais Blaze, pétrifié devant la pureté de Faith, en tombe amoureux et oublie toute méchanceté. Silk Miller va devoir tenir compte de Blaze reconverti au christianisme. Il invite au saloon le révérend. Mais après avoir bu de l’alcool et fumé, celui-ci perd la tête et se laisse séduire par Dolly (Louise Glaum), l’une des danseuses. Après avoir bu de nouveau, il attaque l’église avec les villageois. Le révérend est tué et l’église brûlée. Blaze Tracy devient alors justicier. Le visage impassible, il revient au saloon et annonce que « cette ville va rapidement retourner en enfer », avant d’y mettre le feu…
Le justicier (Hell’s Hinges) est un film muet américain réalisé en 1916 par Charles Swickard, William S. Hart et Clifford Smith. Ce western de 64 minutes est avant tout spirituel. Film moraliste, il insiste sur la lutte du bien contre le mal. Il montre que les personnages peuvent évoluer du mal vers le bien (Blaze Tracy) ou du bien vers le mal (le révérend). Mais Faith reste confiante en sa foi inébranlable. A la fin du film, comme un châtiment biblique, la ville corrompue brûle dans les flammes.
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Pour sauver sa race est un western exaltant « la suprématie de la race blanche sur les indiens et mexicains.».
Steve Denton (William S. Hart), chercheur d’or, est devenu riche après plusieurs années de prospection. Il prend avec lui son argent et va rendre visite à sa mère malade. Mais dans un saloon, il est victime d’une séduisante entraîneuse, Trixie (Louise Glaum), qui lui vole toute sa fortune et cache que sa mère est mourante. Apprenant que sa mère est morte, il kidnappe Trixie et devient hors-la-loi. Il tourne le dos à la « civilisation blanche ». Détestant tous les hommes blancs, il commande un groupe de bandits indiens et mexicains. Mais il accepte de porter secours à un groupe d’agriculteurs et il rencontre ainsi une jeune fille, Mary Jane Garth (Bessie Love), qui affronte courageusement les Indiens et les Mexicains. Elle va le ramener dans le droit chemin : participer au salut de la race blanche…
Pour sauver sa race (The Aryan) est un western de William S. Hart et Clifford Smith sorti en 1916. Ce western de 56 minutes montre de façon classique des bagarres et grands espaces. Mais comme ses titres français et anglais le soulignent, ce film insiste sur la préservation de la « civilisation blanche ». On ne sera pas surpris d’apprendre que, comme Naissance d’une Nation de Griffith, ce film est souvent cité comme un exemple de film raciste.
Kristol Séhec
Photo : DR
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