14/11/2016 – 08h00 Rivesaltes (Breizh-info.com via Lengadoc-info.com) – Ils étaient une quarantaine samedi dernier à Rivesaltes pour la première réunion de Resistència, un nouveau mouvement politique identitaire qui vient d’apparaître en Catalogne Nord. Lengadoc Info est allé à la rencontre de Llorenç Perrié Albanell, son fondateur.
Lengadoc Info : Vous avez lancé ce samedi 5 novembre un nouveau mouvement catalaniste qui s’appelle Resistència, en quoi consiste t-il ?
Llorenç Perrié Albanell : L’idée est de se positionner sur des thèmes où les autres partis catalanistes refusent de se positionner, celui de l’insécurité et de l’immigration galopante. On ne se base pas uniquement sur les partis catalanistes mais aussi on regarde du côté du parti qui fait le plus de votes dans notre département, le Front National, qui lui reste cantonné à des positions jacobines qui sont insoutenables en Pays Catalan. Nous voulons créer un centre identitaire qui pourrait réunir tout à la fois les personnes issues du catalanisme traditionnel mais conscientes du danger migratoire et les personnes qui ont pour habitude de voter populiste mais qui ne se retrouvent pas sur des positions jacobines.
Resistència c’est également une plateforme de contact et d’action identitaire qui met en relation le « grand Sud », les Pays d’Oc dans son ensemble et les mouvements identitaires catalans.
Lengadoc Info : Est-ce que l’affaire du nom de la région avec le refus des socialistes d’intégrer la notion de Pays Catalan, n’a pas relancé la dynamique catalaniste ?
Llorenç Perrié Albanell : Oui totalement. On a eu le premier round avec la Septimanie de George Frêche, le deuxième avec Carole Delga et la je pense qu’on va marquer l’essai. Là ça a vraiment réveillé les gens. Avec la Septimanie on était resté sur une victoire mais les catalanistes de l’époque étaient mous et n’ont pas su saisir l’opportunité qui leur était offerte. Là on a une dynamique qui est beaucoup plus forte, on a quand même eu dix milles personnes qui sont descendues dans la rue au mois de septembre.
On doit voir le positif dans cette affaire, grâce aux socialistes, ils ont relancé malgré eux la dynamique catalaniste. Par analogie on pourrait comparer ça avec l’arrivée des socialistes au pouvoir en France qui a réveillé le peuple de droite dans son ensemble avec, par exemple, la création de La Manif Pour Tous, les gens qui ont des valeurs traditionnelles et conservatrices sont redescendues dans la rue. C’est le point positif dans tout le malheur que les socialistes nous ont apporté.
Lengadoc Info : Le gouvernement français a fait savoir son inquiétude auprès de son homologue espagnol après le vote au parlement catalan réclamant que la Catalogne Nord fasse partie du processus d’autodétermination. Comment vous positionnez-vous par rapport à ce processus d’autodétermination en Catalogne du Sud ?
Llorenç Perrié Albanell : Resistència dans sa déclaration de principe soutient le processus d’autodétermination du Principat de Catalogne. Dans le nationalisme catalan traditionnel on parle de réunification des Pays Catalans, mais ça reste de la théorie parce que l’on sait que c’est compliqué. La Catalogne Nord est sous administration française et si demain il y a un vote pour l’autodétermination de la Catalogne du Nord dans un cadre indépendantiste, on sait très bien que ça ne passera jamais. Pour des raisons politiques, géo-stratégiques et de prestige international, la France ne laissera jamais faire la sécession de la Catalogne du Nord.
En revanche, ce qui nous semble plus réalisable c’est de réclamer un statut de collectivité territoriale unique, un statut qui, comme en Corse, sera tourné vers l’autonomie. Là nous pourrions ré-articuler les Pays Catalans en passant outre les états, en faisant de la collaboration trans-frontalière, de l’échange culturel, de la mutualisation des moyens sécuritaires et de santé. Mais la France n’a pas de raison de s’inquiéter, la démarche du gouvernement actuel est plutôt de faire un coup médiatique et montrer son opposition au processus d’autodétermination de la Catalogne du Sud.
Propos recueillis par Jordi Vives
Photos : DR