13/11/2016 – 07H00 Washington (Breizh-info.com) – L’échelle de Richter est un tableau indicatif de l’amplitude des séismes. Si l’on en croit la presse internationale qui, par principe idéologique, n’a pas vu venir l’élection, le 8 novembre dernier, de Donald Trump à la présidence des États-Unis, l’événement relèverait de la magnitude 9.
Pourquoi pas ? Mais rien de cela n’est vrai, ni vérifiable. Trump n’a pas pris le pouvoir par la force. Il l’a même pris par faiblesse, à partir de quelques légers glissements d’électorat que l’on peut tout juste assimiler à un séisme de magnitude 1, voire 2, mais pas plus, et certes pas de magnitude 9. En d’autres termes, l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche de Washington, le 20 janvier 2017, ne relèvera pas d’un tremblement de terre, mais d’un simple vacillement de voix.
Avant l’élection, les sondages donnaient Hillary Clinton en tête dans la plupart des États à incertitude relative. A une nuance près, relevée par Kellyanne Conway, la directrice de campagne de Trump, qui ne fut pas entendue par les Instituts spécialisés : le plafond de Trump étant très proche du plancher de Clinton, il suffisait de faibles glissements de voix, autour de 1 %, dans quelques États, pour que les rôles soient inversés et que le plancher de Clinton devienne celui de Trump. Les moyennes de sondages nationaux, deux jours avant le scrutin, donnaient 46,4 % à Clinton et 45,5 % à Trump. Un glissement de 0,46 % suffisait ainsi à inverser la donne. Et c’est ce qui advint, selon une marge qu’aucun sondeur ne peut contrôler. D’autant moins que la rétention aux réponses ‘Trump’ fonctionnait à plein, et que les Instituts américains n’ont pas, comme leurs confrères français à propos du FN, l’expérience des coefficients de correction à appliquer aux réponses masquées.
Un exemple, celui de la Floride. Les résultats donnent 49,10 % à Trump et 47,70 % à Clinton, soit un écart de 1,4 %. La balance est à 0,71 %, pour un gain de 29 grands électeurs. Même chose en Pennsylvanie : 48,8 % contre 47,7 % ; une balance à 0,6 %, pour un gain de 20 grands électeurs. Ces deux seuls États ont fait la différence, dans des fourchettes strictement imprédictibles par quelque Institut que ce soit. L’imprévisible, et c’est une leçon à retenir, n’est pas forcément irréel.
Ce que montre le retentissement ‘hénaurme’ de l’élection américaine, c’est l’extraordinaire fragilité informative de la caisse de résonance du système médiatique international. Un candidat élu légalement à la minorité des électeurs (26 % du corps électoral) et à la majorité des grand électeurs (279 contre 228) peut servir à faire trembler les opinions. Dans le cas Trump, l’ébahissement n’aura duré que quarante-huit heures durant lesquelles auront été déversées des tonnes de salive, d’images et de communiqués de presse. Pour aboutir à quoi ? A rien, ou presque rien.
Des renversements brutaux d’opinions peuvent certes apparaître dans des cas de guerre soudaine, de mousson diluvienne, de secousse sismique (une vraie), c’est-à-dire de catastrophes inattendues et à grande échelle, concernant des milliers ou des millions d’individus. L’accident de la centrale Lénine à Tchernobyl (URSS), en 1986, ou celui de la centrale de Fukushima (Japon), en mars 2011, ou la destruction des tours du World Trade Center (New York) en 2001, sont de cet ordre-là. Mais il y eut aussi de fausses alertes relayées par les médias, comme à la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie), en 1979, un incident suivi de quasi paniques, et de déferlements de bavardages sans aucune autre conséquence pratique sur l’environnement. Ainsi l’événement médiatique qui renverse les opinions peut-il être sans aucun rapport avec la réalité. Voilà qui fait peur, plus que la réalité.
Blaise Pascal, que la BNF célèbre en ce moment dans une exposition remarquable, qualifiait l’imagination de « partie dominante dans l’homme, maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours, car elle serait [une] règle infaillible de vérité si elle était infaillible [dans le] mensonge ». Encore Pascal ne parlait-il là que de l’imagination individuelle. L’élection américaine montre, comme le pseudo-incident de Three Mile Island, un mécanisme beaucoup plus inquiétant, détenu par le système général d’information, et par la machine médiatique en particulier : celui d’une prise de possession quasi immédiate des consciences, de leurs facultés de réflexion, et donc de leurs capacités de décision.
L’ère des libertés démocratiques, ou prétendues telles, notamment celle d’informer, se conjugue ainsi avec la mise en esclavage des opinions. Le journal Le Monde assurait, le 1er novembre, que le site de Breizh Info faisait partie des entreprises « déguisées en sites d’information ‘classiques’, mais en réalité des relais de la propagande d’extrême droite ». Pour un support qui pariait, la veille des élections américaines, sur la victoire d’Hillary Clinton, et qui a oublié l’article assurant, à propos de l’entrée dans Phnom Penh des Khmers rouges s’apprêtant à assassiner les populations cambodgiennes, que « la ville a été libérée… », la réflexion ne manque pas de sel. Mais ainsi va le marteau-pilon de l’information bien-pensante : son premier ennemi, c’est l’autonomie de jugement de ses allocutaires.
Jean-François Gautier
Photo : DR
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2 réponses à “Trump : séisme 9, ou séisme 1 à 2 ?”
La magnitude 9 c’est si il fait ce qu’il a dit alors là oui!!!!!!!!!
Le clan Kennedy, Bush, Clinton et maintenant, celui de Trump !
Installe sa petite famille dans le gouvernement de transition pour ses intérêts personnels ou alors pour ceux du peuple Américain qui a foi en lui ?
S’entoure de personnes de « l’establishment » donc, comme « les autres » ?
L’homme de la providence ne va t-il pas berner ses électeurs assez rapidement ?
Wait and see …