Washington. Establishment contre establishment ?

Les derniers jours de la campagne présidentielle américaine sont désormais en vue. De l’avis général, cette campagne a révélé une crise profonde du système politique américain. Au soir des résultats, cette crise ne risque-t-elle pas de prendre une forme exacerbée?
Nous sommes en Europe directement concerné par la question, n’ayant pas su prendre assez d’indépendance vis-à-vis des États-Unis pour adopter à l’égard de la crise qui s’annonce le même détachement que celui que nous pourrions éprouver vis-à-vis d’une crise de cette nature se déroulant, disons, en Thaïlande.
Mais de quelle crise s’agit-il exactement aux États-Unis? Les interprétations sont évidemment diverses, en Amérique elle-même. De la lecture sur Internet d’une dizaines d’articles issus de la presse dite alternative, dont nous citons deux références en note, nous retenons une clef d’interprétation qui nous paraît hautement probable. Nous l’avions d’ailleurs évoquée en termes plus prudents dans nos articles précédents, commentant les dessous de la compétition Clinton-Trump.
Pour faire simple, nous pourrions dire qu’un élément clef de cette campagne, c’est-à-dire le refus du directeur du FBI James Comey de continuer à taire la culpabilité d’Hillary Clinton dans l’affaire de ses e-mails, au contraire de ce qu’il avait fait précédemment, révèle un profond conflit entre deux tendances politiques de l’État profond américain, autrement dit une opposition radicale entre deux forces entre lesquelles se partagerait l’establishment américain.Ceci serait plutôt une bonne nouvelle pour la vie politique, montrant que dans certains pays où demeure un minimum de libertés démocratiques, comme c’est indiscutablement le cas aux États-Unis, les forces dirigeantes ne sont pas nécessairement monolithiques. Elles ne s’affrontent pas clairement au niveau des institutions politiques visibles, mais leurs divergences n’en sont pas moins violentes et ne peuvent qu’entrainer des conséquences politiques visibles, dont l’électeur de la base pourrait profiter afin de se faire entendre.
 
Un contre-coup d’État

Or actuellement, pour reprendre un terme répandu depuis quelques jours dans la presse libérale américaine, une grande partie de l’establishment cherche, derrière une Hillary Clinton corrompue et le véritable gang qu’elle emmène avec elle, dont son mari Bill, a réaliser un véritable coup d’État. Celui-ci se traduirait, tout en conservant les apparences de la démocratie, à donner le pouvoir aux plus virulents des lobbies financiers et militaires. Parallèlement serait conduite une diplomatie agressive à l’égard de la Russie et de la Chine, courant sans hésiter le risque d’une guerre étendue. Une autre partie de l’establishment, comportant elle aussi des lobbies financiers et militaires, n’hésiterait pas pour protéger ses privilèges actuels et redresser le statut de l’Amérique, à engager des réformes sociales et entreprendre des investissements productifs sur le continent américain lui-même et non dans les pays émergents. Parallèlement, serait poursuivi un rapprochement avec la Russie visant à conjuguer au lieu de les opposer, les atouts des deux ensembles continentaux. Cette partie de l’establishment jouerait, à défaut d’autres, la carte Donald Trump. Mais pour imposer celui-ci en dépit du coup d’Etat en cours des premiers, elle n’a pas hésité à organiser ce qui pourrait s’apparenter à un contre coup d’État.

Le concept de coup d’État opposé à un contre coup d État s’est imposé de manière foudroyante dans une grande partie de l’opinion publique américaine, celle qui n’appartient pas aux actuels cercles dominants du pouvoir. L’affaire du FBI en a donné une illustration très médiatisée. Le Directeur Comey ayant initialement rallié les forces conduisant le premier coup d’État, en innocentant Hillary Clinton, s’est heurté au sein du FBI lui-même, à des éléments refusant le premier coup d’État et décidés à participer, en ce qui les concerne, à un contre-coup d’État visant à affaiblir le soutien des électeurs à Hillary Clinton et renforcer les soutiens à une présidence Trump. Comey a dû s’incliner.

Accessoirement, les seconds, sans doute d’accord avec des collègues au sein de la NSA refusant un coup d’État en faveur de Clinton, ont démenti les allégations selon lesquelles l’affaire des e-mails avait été révélée par la Russie. Selon eux, c’était au contraire l’Arabie Saoudite qui avait directement financé un complot contre Trump et en arrière plan contre la Russie.

Les jours à venir permettront au monde entier de juger lequel des deux coups d’État l’emportera finalement. Cela ne sera pas, comme il est aisé de le pronostiquer, sans une crise politique profonde aux Etats-Unis comme chez ses fidèles alliés. Nous essaierons pour notre part d’en tirer quelques observations.

Deux références à lire : Katehon et De Defensa

Jean Paul Baquiast
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Une réponse à “Washington. Establishment contre establishment ?”

  1. valynette dit :

    un fou et une voleuse !!!! vaste choix mais nous français n’avons pas le droit de juger si l’on regarde qui nous gouverne depuis bientot 5 ans

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