17/10/2016 – 07H00 Bretagne (Breizh-info.com) – L’Europe tente de sauver sa population d’anguilles. Les études menées au sein du Cefas ( https://www.cefas.co.uk ), un centre pluridisciplinaire spécialisé dans les études marines, ont fait l’objet d’un article publié ce mois, montrant les caractères de l’extraordinaire migration des anguilles européennes.
Le trajet, des côtes européennes à la Mer des Sargasses, en fait une des plus grandes migrations connue d’animaux marins. Les précisions apportées sur leur migration permettra de mieux protéger cette espèce de poisson.
Plus de 8000 kilomètres séparent la Mer des Sargasses des côtes européennes : c’est le trajet emprunté par les anguilles européennes Anguilla anguilla L. , pour leur migration de frais. Les anguilles quittent les rivières et les estuaires de la façade atlantique et Ouest Méditerranéenne, entre Août et Décembre. Commence alors un éprouvant trajet vers les Sargasses : avançant entre 3 et 47 km/h, leur migration Est-Ouest s’accompagne d’une migration verticale.
En effet, l’équipe du Cefas a observé l’oscillation journalière de la profondeur des anguilles : elles cherchent une même température et sont obligées d’effectuer un cycle de remontées et de descentes pour jongler avec une température de 10°C. On peut donc retrouver des anguilles entre la surface et 1000 mètres de profondeur !
En investissant les couches profondes la journée et plus superficielles la nuit, Anguilla anguilla joue tout le long du trajet avec la température ambiante et avec la présence des prédateurs. Leur milieu final de reproduction est en pleine mer, vers 600 mètres de profondeur, sous les Sargasses.
En Bretagne
Ces poissons qui s’accomodent de toutes les salinités, rivières, estuaires, haute mer, souffrent pourtant dans le milieu qui leur permet de grossir : les côtes, lagunes et rivières d’europe, sont devenues un habitat pollué, dégradé et fragmenté. Ils sont donc en situation de stress permanent.
La Bretagne présente ces mêmes caractéristiques, et le nombre de pêcheurs en eau douce ne favorise pas la situation. L’étude du Cefas démontre que le niveau de prédation ne diminue pas en mer. La carte suivante explique les différents modes de prédation : thons, mammifères marins, requins et filets de pêche sont de sérieux obstacles dans leurs pérégrinations vitales. Par exemple, de nombreuses anguilles marquées dans les rivières de Loire Atlantique sont victimes de prédateurs au large des côtes bretonnes.
Depuis 2008, l’anguille est inscrite à l’annexe II de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces menacées. L’Europe initie avec beaucoup de retard des études sur l’écologie de leur milieux, sur le lien entre pollution, stérilité et faiblesse immunitaire et sur leurs trajets migratoires.
Cette étude du Cefas aura permis également de démontrer que les anguilles adoptent une stratégie migratoire mixte, avec des individus capables de réaliser une migration rapide, tandis que d’autres arrivent seulement à temps pour la saison de reproduction suivante. Leurs résultats auront des conséquences sur la future gestion de l’anguille, y compris en Manche et dans le Golfe de Biscaye.
Photo : Pixabay
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