05/10/2016 – 06H15 France (Breizh-info.com) – La CCAS (Caisse Centrale d’Activités Sociales du personnel des industries électriques et gazières) d’EDF est un mastodonte financier. Elle était dotée d’un budget de 811 millions d’euros en 2008.
Lire par ailleurs : Le Journal de la CCAS
Récemment, elle a décidé de mettre plusieurs centres de vacances à disposition des migrants. Malgré l’unanimité affichée, les tensions ont été telles dans l’entreprise que la CCAS a été obligée de s’expliquer sur plusieurs dizaines de pages. Dans ses pages, publiées en exclusivité par Breizh-Info, on apprend le nombre exact de places mises à la disposition du gouvernement par la CCAS : 3 200. Pour l’heure, selon la direction nationale du CCAS jointe par téléphone, la répartition exacte n’a pas encore été annoncée, et devrait l’être en fin de semaine.
Une unanimité de façade ?
Dans le communiqué diffusé publiquement par la CCAS, son directeur, Michaël FIESCHI soulignait l’unanimité du Conseil d’Administration de la CCAS lors de la décision de mettre des logements à disposition. Un conseil d’administration « composé de syndicalistes solidaires » comme nous confie la direction, qui admet toutefois que des réticences « à la marge » ont eu lieu concernant cette demande d’accueil des migrants.
Les premières lignes de la note de « Questions/Réponses » sont d’ailleurs révélatrices d’une coupure entre le Conseil d’Administration et les agents. L’annonce de la mise à disposition de centres de vacances aux migrants a en effet été très mal perçue par beaucoup d’agents ERDF.
« Ce document a été réalisé à partir de commentaires publiés par certains sur les réseaux sociaux. Face à ces propos contraires aux valeurs des Activités Sociales, cette page propose quelques éléments de réponses. » C’est pour cela, qu’en plus de l’argumentaire « Questions/Réponses », la CCAS a produit une présentation dédiée.
Accueil des réfugiés : présentation du CCAS by Breizh Info on Scribd
Un argumentaire bancal
Le nombre d’erreurs ou d’approximations contenues dans cette présentation est tel qu’il convient de se focaliser sur les plus évidentes.
1/ Amalgame entre Syriens et migrants.
Les CCAS vont accueillir des migrants qui sont aujourd’hui à Calais. Parmi ceux-ci, il y a seulement 1 % de Syriens. Pour la direction du CCAS qui semblait gênée que nous soyons en possession de cette note, « il y ‘a sans doute eu une erreur sur cette note. Effectivement, il y a aussi des Soudanais, des Irakiens, des Afghans. 80% de la population de Calais peut prétendre au droit d’asile ».
2/ Invention sur les réfugiés
Les personnes présentes à Calais ne sont majoritairement pas des réfugiés mais des migrants économiques. 94 % d’entre eux sont des hommes. (voir l’étude « Still Waiting » de l’association Refugee Rights)
Quel réfugié fuyant une zone de guerre y laisserait sa femme, ses enfants, sa famille ?
Quel réfugié fuyant une zone de guerre ne demanderait pas l’asile dans le premier pays européens abordé mais poursuivrait sa route jusqu’en Angleterre car il estime qu’il a plus de chance d’y trouver du travail ?
Quel réfugié fuyant une zone de guerre repousserait les demandes pressantes de l’état et des associations qui le supplient de demander l’asile en France ?
3/ Les réunions locales, des tribunes pour militants « frontistes » et « xénophobes » ?
Plutôt que la peur des « frontistes », on pourrait presque penser que les dirigeants de la CCAS sont effrayés à l’idée d’assumer leur participation à l’imposition forcée de migrants dans des communes françaises, contre la volonté des populations. En tout cas, ne pas répondre aux questions légitimes des habitants en s’abritant derrière un paravent moral ne grandit pas cet organisme.
Pour la direction, les choses sont simples : « nous n’avons pas à participer au débat public avec des gens qui prônent l’inverse des idées que nous défendons au quotidien, qui sont celles de la solidarité, ce que porte d’ailleurs EDF au quotidien ou le Secours Populaire, qui nous soutient. C’est dans notre ADN . ». Pour le dialogue et le partage, on repassera. Quand au fait que chaque particulier contribue, via sa facture EDF, aux dépenses effectuées en faveur des migrants, sans forcément être d’accord avec cette politique, la direction rappelle : « c’est l’Etat qui finance, nous ne mettons à disposition que les locaux ». Certains particuliers envisagent toutefois déjà, par principe, de passer chez la concurrence.
Par ailleurs, de nombreux agents liés à la CCAS sont très certainement électeurs du Front National. Cette politisation des débats n’est donc pas à proprement parler une démonstration de tolérance.
4/ Le fantasme de la guerre et des persécutions
Ces populations ne fuient pas toutes les zones de guerre comme nous avons pu le voir au point 2. Là encore, la CCAS procède à un amalgame entre minorité de réfugiés et majorité de migrants économiques.
Contacté par nos soins et confronté à ces documents, Nicolas Faure, porte-parole de l’association LiEn (www.libertes-entraide.fr) ne s’est pas montré étonné :
« Ces documents présentent un argumentaire fallacieux qu’il est facile de déconstruire. On peut par exemple observer que l’image du réfugié syrien fuyant la guerre est utilisée par la CCAS pour faire culpabiliser certains agents. C’est un chantage moral typique basé sur le principe de l’amalgame, pourtant copieusement décrié, sans doute, par les mêmes qui l’utilisent quand cela les arrange. Ils font de chaque migrant un Syrien fuyant la guerre alors que ce cas représente une fraction très faible du nombre de migrants.
La faiblesse de ce chantage moral explique d’ailleurs la volonté de la CCAS de fuir le débat public. Ce n’est pas la peur des propos « xénophobes » qui motive son refus de participer aux réunions publiques dans les communes. La véritable crainte de ces gens, c’est de débattre avec des personnes qui les mettraient face à leurs contradictions.
J’ajouterai qu’il est particulièrement lâche d’imposer à des Français la présence de migrants chez eux et de refuser, ensuite, de venir affronter leur colère. ».
Autre argument qui revient souvent dans la bouche des opposants à l’accueil des migrants, celui d’une « solidarité à deux vitesses », qui s’exprimerait d’une manière beaucoup plus rapide quand il s’agit de traiter le sort des migrants que celui des SDF français. Là dessus, la direction du CCAS explique : « nous accueillons des précaires et des personnes à la rue depuis de nombreuses années dans nos centres, à la demande de l’Etat ou d’associations comme le Secours populaire. Nous avons accueilli des sinistrés dans le Var, des SDF en Isère. Quand on est sollicité, on répond aux demandes ».
Les associations qui viennent en aide aux SDF en France le savent désormais : selon les affirmations de la direction du CCAS d’EDF, 3200 places seront à disposition de ces derniers pour les héberger en cas d’urgence, dans les prochaines années, il suffira de demander …
Photo : DR
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6 réponses à “[Exclusif] L’argumentaire de la CCAS d’EDF pour justifier la mise à disposition de 3 200 places pour les migrants”
Ne pas oublier que le CCAS d’EDF est financé par les prélèvements obligatoires sur nos factures de consommation d’énergie. Nous devrions avoir notre mot à dire sur le sujet non ?
Et nous payons les lieux de culte, aussi. Alors droit de regard aussi ?
Contrairement à la politique, les organismes sociaux de EDF ne sont pas regardant sur la sensibilité politique des agents. Ils ont tous le droit aux mêmes droits (liés à l’Histoire sociale de l’entreprise). De plus, les autorités administratives ont le devoir de trouver des solutions, si utiliser le socle d’hébergement d’un comité d’entreprise vous choque tant, que dire quand ce même comité d’entreprise offre l’accès à ses logements pour des organisations religieuses telle la venue du Pape à Lourdes? Ou bien des organisations salvatrices telle la mise à disposition de ces centres de vacances aux pompiers, ou simplement solidaire des champions sportifs français en les accueillant pour s’entraîner?
Et oui, la CCAS a tout plein d’arguments Franco-Français pour démontrer qu’en France il n’y a pas que des lâches & des barbelés
[…] Extrait de: Source et auteur […]
Au moment des élections syndicales tous les cocus d’EDF se feront un plaisir de reléguer ces fumistes au placard !!!