05/10/2016 – 06H45 Nantes (Breizh-info.com) – Aux dernières élections régionales (décembre 2015), le choix de la locomotive pour la liste de droite avait donné lieu à une belle bagarre dans les Pays de la Loire. L’investiture du Vendéen Bruno Retailleau (UMP-LR) était une façon de trancher le duel qui opposait le député angevin Mar Laffineur (UMP-LR) au conseiller régional breton Franck Louvrier (UMP-LR) ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy à l’Elysée.
Ce dernier ayant échoué à se faire réélire (6 mai 2012), Franck Louvrier s’était reconverti dans la publicité ; il préside l’agence Publicis Events, une filiale du groupe de communication français spécialisé dans l’événementiel. A-t-il tiré un trait sur la politique ? « Oui, c’est terminé. Je vis aujourd’hui une autre aventure professionnelle formidable et cet engagement est total. Évidemment, l’expérience que j’ai eue est très utile, mais c’est du passé » (Le Figaro Economie, 12-13/01/2013). Il faut croire que ses patrons sont satisfaits de ses services puisqu’il devient, en outre, vice-président de Publicis consultants, responsable du pôle « influence ». Soit 80 professionnels spécialisés en relations médias, e-réputation, communication financière, affaires publiques et gestion de crise. Avec des budgets comme L’Oréal, Coca-Cola…(Les Échos, 5-6/07/13).
Résumons l’affaire : en janvier 2013, Franck Louvrier ne veut plus entendre parler de la politique, mais en 2015, il se démène pour prendre la tête de la liste de droite dans les Pays de la Loire. Il fonctionne comme Nicolas Sarkozy : blanc le lundi et noir le mardi. « La mobilisation a profité à l’union de la droite et du centre », déclare M. Louvrier qui a l’ambition de jouer un rôle majeur au sein du futur conseil régional. « Bruno Retailleau est l’homme de la situation, il va changer la dimension de la région. On a parlé vrai, on a été entendus. Il faut agir vite, on est attendus. Trois sujets prioritaires : la chasse au gaspillage, le Grenelle de l’apprentissage et l’évacuation de la ZAD pour l’aéroport. » (Presse-Océan, 14/12/2015).
Bien entendu, on retrouve l’homme qui ne voulait plus faire de la politique sur la liste de la droite officielle aux élections municipales de La Baule (« Unis pour La baule-Escoublac », Yves Métaireau). Placé en quinzième position, Franck Louvrier ne courrait qu’un risque : celui d’être élu. Tout se passe dans la facilité puisqu’Yves Métaireau l’emporte dès le premier tour avec 53,25% des suffrages exprimés (23 mars 2014). Comme le maire engage son quatrième mandat, à coup sûr, M. Louvrier compte bien lui succéder en 2020…
En attendant ce jour heureux, l’ancien assistant parlementaire d’Élisabeth Hubert, député de nantes et ministre de la santé à l’époque Chirac, est vice-président du conseil régional des Pays de la Loire, chargé du tourisme, président du comité régional du tourisme des Pays de la Loire, conseiller municipal de La Baule-Escoublac et administrateur d’Atlantia, palais des congrès de la ville. Pour quelqu’un qui ne voulait plus entendre parler de la politique, c’est une assez belle carte de visite. D’autant plus qu’il est le successeur désigné de Christophe Priou (UMP-LR), député de Guérande. A-t-il encore le temps de s’occuper de Publicis Events et de Publicis Consultants ?
Autre Breton sortant de l’ordinaire au conseil régional des Pays de la Loire : Sébastien Pilard ; ce dernier s’était fait connaitre avec La Manif Pour Tous dont il était l’animateur nantais.
Comme il se doit, certains dirigeants de La Manif Pour Tous ont trouvé le gîte et le couvert chez Les Républicains, en donnant naissance au courant « Sens commun ». Battre le pavé, c’est bien mais ça ne nourrit pas son homme. Alors qu’un mandat, ce sont des indemnités assurées chaque mois. Reste à choisir le bon cheval : « l’histoire du ralliement de Sens commun à François Fillon est aussi celle d’une lutte interne entre jeunes ambitieux. « C’était un combat entre trois ou quatre personnes. Le reste des troupes n’a fait que suivre », raconte aujourd’hui un témoin du premier cercle (…) Mais le président de Sens commun, Sébastien Pilard, ne l’entend pas de cette oreille. Ce nouveau conseiller régional des Pays de la Loire juge que le mouvement n’a pas vocation à devenir une « chapelle » au service d’un candidat. Encore moins quand celui-ci n’est pas le sien ! Son champion à lui, c’est Nicolas Sarkozy, auquel il doit son investiture LR en Loire-Atlantique aux prochaines législatives dans la 2ème circonscription. En ce mois de mai, le président Pilard, désormais en froid avec son ex-acolyte Madeleine bazin de Jessay, sent les choses lui échapper. Plutôt que de risquer d’être mis en minorité, il préfère quitter la présidence de Sens commun et la cède le 8 juin à Christophe Billan, ancien fonctionnaire au ministère de la Défense. Après tout n’a-t-il pas déjà obtenu l’essentiel, son investiture ? « Depuis qu’il est conseiller régional, il ne passe plus les portes. Il se voit déjà secrétaire d’État à la Famille », ricane un cadre de La Manif Pour Tous. »(L’Obs, 15/09/2016).
Certains n’ont pas manqué de remarquer que le ralliement de Sébastien Pilard à Sarkozy est curieux puisque ce dernier a opéré un revirement complet sur le sujet du mariage gay, en expliquant dans son livre La France pour la vie qu’il ne reviendrait pas dessus, contrairement à l’engagement public qu’il avait pris devant les militants de Sens commun un an auparavant. Mais Pilard, qui s’est fait remarquer au conseil régional par sa tendance à faire des concessions sur ses principes, a évidemment le droit de donner la préférence au casse-croûte, sans lequel il n’y a pas de carrière politique possible.
Et que se passera-t-il pour Louvrier et Pilard, si Alain Juppé sortait vainqueur de la primaire de la droite (27 novembre) ? L’équipe Juppé maintiendra-t-elle l’investiture accordée aux sarkozystes ? « Plic (Louvrier) et Ploc (Pilard) auraient intérêt à se rendre en pèlerinage à Lourdes…Ils pourraient faire du covoiturage ! », remarque, peu charitable, un de leurs « amis ».
Bernard Morvan
Crédit photos : DR et Lucamascaro/Flickr (cc)
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