01/10/2016 – 09H15 Dinard (Breizh-info.com) – Le festival du film britannique de Dinard a ouvert ses portes au public, mercredi 28 septembre et jusque dimanche 2 octobre. Une première journée traditionnellement plus calme que les quatre autres en terme de fréquentation, ce qui permet aux détenteurs de pass ou de tickets à l’unité d’avoir un peu plus de chance de voir les films désirés aux heures désirées.
Les détenteurs du pass leur permettant l’accès à une autre file d’attente nous ferons toutefois remarquer deux choses concernant ce « privilège » :
- le pass étant cette année à 80 euros (contre 6 euros le ticket à l’unité), il faut voir 14 films pour qu’il commence à être plus avantageux que le ticket à l’unité. La plupart des cinéphiles vont voir 3 ou 4 films dans la journée – après cela devient difficile d’avoir un avis objectif sur un film au risque de faire une indigestion cinématographique, donc pour rentabiliser le pass, il faut le faire sur les 5 journées du festival (le dimanche étant moitié moins fourni en film). Ce que quasiment personne ne fait aujourd’hui. Sur deux ou trois journées, le spectateur verra en réalité entre 9 et 12 films grand maximum. Il perd donc de l’argent.
- L’autre avantage de détenir la carte pass , c’est le fait de pouvoir avoir une place dans une file d »attente spéciale. Pour la plupart des films, cela garantit effectivement (et encore faut il arriver au moins trente minutes avant) une place. Mais nous nous sommes aperçus que les détenteurs de tickets « à l’unité » rentraient au même moment que les détenteurs de pass. Ce qui au final enlève une partie de ce « privilège ».
Pour revenir sur l’édition 2016 du festival, quelques premières remarques :
Nous avons pu voir 5 des 6 films en compétition. Et deux films ont particulièrement attiré notre attention : Moon Dogs et Prevenge, qui surpassent largement en qualité Sing Street, Away ou This Beautiful Fantastic.
Moon Dogs, c’est un film de Philipp John – que nous avons d’ailleurs eu le plaisir de voir présenter son film. Il raconte la virée – à la découverte de soi-même, de l’amour, de l’aventure, de Michael, et de son beau-frère Thor qui vivent sur une petite île des Shetland perdue au nord de l’Ecosse. Sans autre point commun que le mariage de leur parent respectif, les deux garçons se parlent à peine. Par la faute de Thor, Michael voit partir en fumée son projet d’aller à l’université avec sa petite amie Lucy; ils se lancent alors dans un road-trip effréné qui mettra à mal leur relation déjà tendue. En route vers Glasgow, ils rencontrent Caitlin, une jeune femme libre et singulière qui rêve d’être chanteuse…
Le film est porté par une musique extra, mais surtout, par des acteurs dont on devrait rapidement entendre parler. Jack Parry Jones, Christy O’Donnell et surtout la belle irlandaise Tara Lee, réalisent une prestation superbe. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce film, avec une histoire touchante, qui sonne juste, qui traite de rébellion et de quête personnelle . Un film qui permet aux spectateurs de découvrir par ailleurs de somptueux paysages provoquant l’envie de partir immédiatement en séjour randonnée sur les îles Shetland !
Jolie surprise enfin, à la fin de la projection, lorsque Jack Parry Jones et Tara Lee firent leur apparition pour présenter le film aux spectateurs !
L’ovni de ce festival – sûrement le meilleur des six films en compétition – restera toutefois « Prevenge » de Alice Lowe, avec Alice Lowe, Gemma Whelan, Kate Dickie, Jo Hartley. Le film raconte l’histoire tragique de Ruth, une femme enceinte ayant appris sa grossesse le jour du décès de son mari, dans un accident d’escalade. Sa petite fille (dans son ventre) lui intime alors l’ordre de se venger de tous ceux par qui l’accident est arrivé. Le film est loufoque, violent, sanglant, poignant, puisqu’il a comme fil conducteur ce dialogue totalement irréel entre une mère et son bébé qui n’est pas encore né.
Mais Prevenge est également une vraie réflexion sur le monde moderne, sur notre société de consommation, sur l’individualisme mais aussi sur la « libération » de la femme, sur son rôle de mère, sur son rapport à la famille. Alice Lowe joue à merveille, et fait passer le spectateur du rire à la tension, à l’écoeurement, à la tristesse même à certains moments. On finit par s’attacher, et même pas comprendre, celle qui est en réalité dans ses actes une tueuse en série…
La façon de filmer, la bande son, tout est fait par ailleurs pour nous angoisser, pour nous tendre jusqu’à la fin d’un film qui est tout simplement génial ! Et qui mériterait bien, selon nous, le prix du Jury ! A noter qu’Alice Lowe était réellement enceinte durant le tournage du film – qui a du être bouclé en un temps record de facto.
On pourra également parler de Sing Street, qui est un film qui se laisse voir mais qui n’a rien d’exceptionnel (on aurait préféré voir le prochain film sur les Clash sélectionné sur la thématique de la musique). Et pourtant, il semble que ce soit un des films qui ait séduit une bonne partie du public et du jury. Cela reste un film qui mélange histoire d’amour adolescente et musique, dont on ressort avec le sourire, et avec l’impression de ne pas avoir perdu son temps. A noter une bande annonce avec notamment Duran Duran, The Cure et The Jam.
Away n’est pas mal non plus. Le film, qui se passe à Blackpool, raconte l’histoire de Joseph et Ria, deux personnages à la dérive, n’ayant à priori rien en commun, mais qui vont apprendre à s’aimer, à rêver ensemble. Mais là encore, pas trop accroché… les goûts et les couleurs sans doute, et pourtant, le jeu d’acteur est bon, la musique se marie bien avec, mais il manque quelque chose.
Idem pour The Beautiful fantastic, dont il est difficile de faire une critique en n’ayant pas – dès le début du film – été intéressé par le sujet. Donc pas possible à juger.
Prochain volet de notre compte rendu du festival, avec les différentes avant-premières que nous avons pu visionner, comptant quelques pépites ! A suivre.
Yann Vallerie
Photo : DR et breizh-info.com
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