Il n’est pas sûr que le candidat à la primaire puisse aller jusqu’au bout.
Pour le moment Nicolas Sarkozy se sort de tout. Il a même convaincu son camp qu’il était victime d’un acharnement qui prouve qu’il est le plus apte à en finir avec Hollande. Cependant il pourrait finir par heurter un récif.
Le livre de Buisson dont il continue en fait à suivre la ligne politique se veut terrible. En fait il montre que les ministres de l’intérieur se servent des casseurs. On le savait depuis toujours. Et ce n’est pas parce qu’on les a laissés faire que les racailles des banlieues sont exonérées de leur racisme anti blanc aux invalides. Les propos acides et injurieux de Sarkozy sur des personnalités politiques ne surprendront personne. Quand on est en confiance on se lâche et on en fait des tonnes. Le problème c’est que Buisson a tout noté et tout enregistré ce qui le disqualifie tout de même largement non pas au niveau de l’intelligence mais au moins à celui du comportement.
Sur la compagne du candidat, Patrick Buisson écrit : « [Carla] a eu un rôle politique considérable, et un rôle sur Nicolas Sarkozy, car l’intime a privatisé la fonction. » À son propre sujet, il confie : « Si j’ai tout enregistré, c’est donc que ce que je dis est vrai. » Dès le prologue, l’auteur justifie ses agissements dans un plaidoyer interminable de onze pages : « Le fait d’enregistrer certaines réunions importantes était pour moi la garantie de pouvoir disposer d’un verbatim fidèle et d’accomplir mon travail en fournissant les arguments et les éléments de langage les plus appropriés. […] Et, s’il y avait bien réfléchi, Nicolas Sarkozy aurait eu d’autant moins de raisons de s’en formaliser que de notre collaboration je n’avais pas tiré la matière d’un ouvrage à chaud, comme il en alla d’un grand nombre de ses conseillers et de ses ministres dans l’année qui suivit sa défaite. »
«Qu’est-ce qu’il raconte, Fillon ? Bien sûr que nous avons des valeurs communes avec le FN»
Patrick Buisson revient aussi sur « les accointances de Nicolas Sarkozy avec le Front national ». Du début à la fin de leur collaboration, l’historien affirme que la position de son ex-mentor à l’égard du FN n’a pas évolué. « Les valeurs du Front national sont celles de tous les Français ; c’est la manière dont le FN les exprime qui est choquante. Les Français n’aiment pas les plats trop pimentés qui emportent la gueule », aurait lancé l’ancien président lors d’une réunion en 2005. Puis, en 2012, s’emportant contre François Fillon qui évoque « l’incompatibilité des valeurs » entre le FN et la droite républicaine, le président-candidat questionne : «Qu’est-ce qu’il raconte, Fillon ? Bien sûr que nous avons des valeurs communes avec le FN».
Cela nuira-t-il à Sarkozy, on peut en douter. Car rien ne tombe sous le coup de la loi.
En revanche le financement libyen reste d’une autre gravité quand on sait le rôle du président français dans la guerre contre ce pays et celui de la France dans la fin ignominieuse du colonel Kadhafi. Le fait d’avoir déclenché une guerre dont profite encore aujourd’hui le terrorisme islamique devrait à lui seul empêcher Sarkozy d’oser se représenter. Mais il trouve, lui et les Juppé de guerre qu’il a eu raison. Mais le financement de sa campagne par l’ancien rais de Tripoli est sur le plan juridique une menace plus grave que le missile Buisson.
Selon Médiapart, site de presse trotskyste mais ayant de bons informateurs engagés, la justice française détient un carnet rédigé par un dignitaire libyen qui évoque dès 2007 un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le montant dépasserait les 6,5 millions d’euros.
Le carnet appartenait à Choukri Ghanem. Il avait occupé le poste de ministre du Pétrole entre 2006 et mai 2011, avant de rompre avec le dictateur et de s’installer à Vienne. Son corps a été retrouvé dans le Danube le 29 avril 2012. La police a conclu à une mort accidentelle, mais « plusieurs proches de la victime n’hésitent pas à évoquer en privé des soupçons persistants de meurtre », souligne Mediapart.
Le carnet de Chourki Ghanem est très détaillé. A la date du 29 avril 2007, le dignitaire rédige le compte-rendu d’une réunion avec Bachir Saleh, à l’époque directeur de cabinet de Kadhafi. Selon Ghanem, Saleh aurait affirmé avoir donné 1,5 millions d’euros au candidat de l’UMP. Le carnet énumère d’autres montants et responsables du régime lybien: «3 millions envoyés par Saïf al-Islam Kadhafi et 2 millions par Abdallah Senoussi, chef des services secrets intérieurs libyens et beau-frère de Kadhafi», indique Médiapart. Une information judiciaire a été ouverte en 2013 sur ces accusations de financement libyen, formulées par l’homme d’affaires Ziad Takieddine et d’anciens dignitaires du régime.
De tout ce qui menace Sarkozy et qui se trouve dans les mains de juges dont certains veulent sa peau par idéologie, c’est sans doute ce qu’il y a de plus grave. Car si le financement est avéré, le retournement contre Kadhafi, traité comme un émir un temps puis comme un criminel de l’humanité et la guerre française aux conséquences catastrophiques qui suivit, prend une tournure totalement nauséabonde.
Le portrait d’un Sarkozy prêt à tout pour le pouvoir, sans conviction aucune, en serait considérablement renforcé. Définitivement peut être.
Raoul Fougax
Source : Metamag
Une réponse à “Sarkozy : les vengeances de Buisson et Kadhafi”
Rien de ce que dénonce Buisson ne tombe sous le coup de la loi ? Même d’avoir laissé faire des pillages ?