Naïveté et amateurisme sont les deux mamelles du Mouvement breton. C’était ainsi hier, c’est toujours vrai aujourd’hui. Le récent tract distribué par l’association « Bretagne réunie » afin d’appeler à une manifestation en faveur de la réunification ce samedi 24 septembre à Nantes, confirme ce grave défaut. On peut ainsi lire qu’«en 2014, à l’occasion de la réforme territoriale, grâce à la mobilisation des citoyens, nous avons empêché la disparition de la Bretagne dans un « Grand Ouest mais la Bretagne reste amputée. »
Donc, si on comprend bien, des manifestations à 10 ou 15 000 participants auraient fait reculer le gouvernement et empêcher que la Bretagne soit noyée dans le « Grand Ouest ». Breizh-info a eu à plusieurs reprises l’occasion de rappeler comment les choses se sont passées. Un bref rappel s’impose. Tout s’est joué un fameux lundi ; le principe de la fusion Bretagne (4) – Pays de la Loire était acquis par l’Élysée et le projet de loi rédigé en conséquence. Mais c’était compter sans l’intervention d’un poids lourd du gouvernement, Jean-Yves Le Drian – le copain de Hollande. Rentré de voyage à Paris dans la journée, le ministre de la Défense se précipite à l’Élysée, met les pieds dans le plat, utilise pressions, voire menaces. Si bien qu’il arrache au président de la République le maintien de la Bretagne dans les quatre départements. Solution moins pire que la dissolution dans le « grand ouest ». Faute de disposer d’un leader possédant l’oreille du Président, l’Alsace, elle, a été noyée dans le « Grand Est ».
Le rapport de force se trouvant à la base de la politique, il en faudrait d’avantage que 10 ou 15 000 manifestants pour impressionner Paris ou Jean-Marc Ayrault. 100 000 serait un minimum. N’oublions pas qu’il s’agit de « donner à manger » au 20 heures de TF 1 et de France 2 pour donner à réfléchir au gouvernement en place (droite ou gauche).
En attendant, cette petite armée, qui gagnerait à s’étoffer d’année en année, présente l’avantage de maintenir vivante l’idée bretonne et de montrer que le dossier « réunification » demeure ouvert. Et comme l’avenir n’est écrit nulle part…
Jusqu’à nouvel ordre, il faut se contenter de ce qu’indique le Code général des collectivités territoriales dans son article L. 4122-1-1, après la modification introduite par la « loi relative à la délimitation des régions » dans son article 3-1-2 (16 janvier 2015). Il s’agit du fameux droit d’option : « Un département et deux régions contiguës peuvent demander, par délibérations concordantes de leurs assemblées délibératives, adoptées à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, une modification des limites régionales visant à inclure le département dans le territoire d’une région qui lui est limitrophe.
La modification des limites territoriales des régions concernées est décidée par décret en Conseil d’État. »
Autant dire que rien ne pourra bouger tant qu’une loi n’impose pas un redécoupage prenant en compte les « vraies régions ». Actionner le « droit d’option » semble impossible : on voit mal les conseillers régionaux des Pays de la Loire voter à la majorité qualifiée des « trois cinquièmes » leur suicide. Même si les 35 de Loire-Atlantique votaient en faveur du rattachement à la Bretagne, les 68 représentant le Maine-et-Loire, la Mayenne, la Sarthe et la Vendée s’y opposeraient tellement ils craignent de devenir orphelins avec la désintégration de leur « région ». Quant au conseil départemental de Loire-Atlantique, il est solidement tenu par les gens de Jean-Marc Ayrault. Par conséquent, obtenir des « délibérations concordantes » des Pays de la Loire, de la Loire-Atlantique et de la Bretagne (4) n’est pas pour demain.
Certes le gouvernement a organisé une consultation de la population de Loire-Atlantique pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne prendra pas ce risque pour la réunification. Tout simplement parce que les sondages montrent que le sentiment d’appartenance à la Bretagne y demeure majoritaire. Et puis on imagine mal François Hollande se fâchant avec son ministre des Affaires étrangères… Lequel n’est que le porte-parole des milieux d’affaires nantais qui rêvent de voir leur ville jouer dans la cour des grandes « métropoles » européennes. Pour ce faire, Nantes a besoin d’un hinterland qui dépasse largement le cadre breton. Tout cela n’a évidemment rien à voir avec le nouveau refrain de « Bretagne réunie » portant sur la « démocratie », les «principes démocratiques», l’«exigence démocratique». Des paroles verbales qui ne créent ni un rapport de force, ni une dynamique. Lancer le slogan «Nantes, capitale de la Bretagne» aurait d’avantage d’impact et perturberait les élites locales.
Philippe Le Guern
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8 réponses à “Bretagne. La réunification n’est pas pour demain…(malheureusement)”
Le slogan « Nantes, capitale de la Bretagne » aurait quand même l’inconvénient de réactiver l’antagonisme multiséculaire entre Nantes et Rennes. Est-il indispensable à une grande ville d’être une capitale administrative ? Ce n’est pas si sûr, à voir le nombre de pays où la capitale politique n’est pas la même que la capitale économique. « Nantes, capitale économique de la Bretagne », ou « Nantes, première ville de Bretagne » pourrait suffire. Les Nantais sont victimes de l’expansion de leur ville, qui impose d’énormes travaux publics et un dérapage des impôts locaux au nom de travaux encore plus énormes dans l’avenir, donc encore plus de nuisances pour attirer encore plus d’habitants qui imposeront toujours plus d’aménagements. Débarrasser Nantes d’une partie de ses administrations serait un grand progrès ! Nantes n’était pas la capitale de la Bretagne lors de sa période de grande prospérité au 18e s. Elle n’était que le chef lieu de la Loire-Inférieure lors de son autre grande période prospère à la fin du 19e siècle et au début du 20e.
Par ailleurs, parler des « gens de Jean-Marc Ayrault » me paraît peu conforme à la réalité. Jean-Marc Ayrault n’a eu de « gens » en Loire-Atlantique que tant qu’il y détenait du pouvoir, mais il n’a jamais bénéficié d’un clan d’inconditionnel dévoué à sa personne comme peut en avoir M. Le Drian. Sans mandat local et sans l’appareil d’une collectivité locale ou d’un parti à sa disposition, il ne représente plus grand chose localement (sinon des souvenirs et des obligés — souvent oublieux) et son rôle calamiteux comme premier ministre n’arrange rien. Et s’il redevient député l’an prochain, il n’aura à 67 ans ni l’énergie ni probablement la capacité de constituer un mouvement autour de lui. Et hormis Ayrault, qui en Loire-Atlantique côté socialistes ? Personne ! Les patrons de Nantes, du département et du groupe PS à la région sont tous des apparatchiks sans le moindre prestige personnel. A droite, personne ne se distingue vraiment, hormis Bruno Retailleau, qui n’est pas du département. Le moment n’a jamais été si favorable pour que Nantes cesse d’être capitale de région.
Pour clore le débat on pourrait peut être transférer le château des Ducs de Bretagne de Nantes à Rennes par exemple, non ?
Je ne suis pas certain que le Maine-et-Loire, la Mayenne, la Sarthe et la Vendée s’opposeraient à un démembrement des Pays-de-la-Loire. Historiquement la Vendée, c’est le Bas Poitou ; les autres départements constituaient le Maine. Pour en avoir discuté avec des Vendéens, ils ne sont pas très fanas des Nantais (c’est un peu les Parisiens du coin…) et Angers ou Le Mans ne cracherait pas sur un éventuel statut de capitale régionale.
Mais tant que Le Drian sera « le prince de Bretagne » comme le moquaient des affiches durant les régionales, on peut toujours courir pour avoir une réunification. Ça permettra à certains de nous continuer à nous chanter leur éternelle gwerz sur l’oppression française, Vichy etc…alors qu’ainsi que le démontre chaque jour la Corse, le problème (et donc sa solution) est local.
En 2014 il y avait eu 40 000 manifestants : c’est déjà pas mal, non ?
Par contre ce qui est sur c’est qu’il faudrait casser… si possible une
maison d’un ex-premier ministre, qui a, en outre activement contribué à
mettre la France à genoux, au début du sinistre mandat Hollande, avec
quelques lois scélérates, dont celle du redécoupage territorial ! DEOMP
‘TA, TAN BA’N TI !!! (Ar Bonnedoù Ruz, ganeomp !)
Nantes-Rennes6Brest ont très bien vécues ensemble pendant 1 000 ans (!)…aussi à l’époque
de la Souveraineté Bretonne (851- 1532)..Prospère donc,..et française, donc appauvries pour
finir smicardes !
Les dissentions entre Nantes et Rennes sont créés par ces français accapareurs qui divisent
pour mieux règner, et les gens tombent dans le panneau depuis , et foutent
chez nous le bazar..
..Vannes d’ailleurs a aussi été Capitale !
Tous à Nantes-Naoned le 24/09 pour la Réunification Bretonne, que cette france
castratrice et ethnocidaire (destruction du Gallo et Breton !!) a insinueusement
mise en place pour ne pas que notre Breizh soit trop puissante, comme elle l’a été
telle des Pays-bas (!!)…
Breizh e-unan..Frankiz.
..
Si les Bretons ne parviennent pas à faire aboutir une
revendication dont la portée est somme toute minuscule (les régions
administratives ayant des compétences très limitées), c’est qu’il n’y a pas de
véritable enthousiasme populaire susceptible de la porter. Certes, une majorité
est favorable à cette réforme mais combien sont prêts à oeuvrer pour qu’elle
ait lieu ? Très peu, en fait. La portée symbolique d’une telle réforme serait
importante mais ce que nous sommes contraints d’admettre c’est que ce symbole
n’a pas beaucoup d’importance pour les Bretons (si c’était le cas, ils seraient
des centaines de milliers à défiler).
1916 : difficultés Anglaises (troupes engagées dans la Somme )..Opportunités Irlandaises !! (soulèvement)
2016 : difficultées Françaises..(sociétales, économiques..) Opportunités Corses, Bretonnes,Catalanes, Basques,
Alsaciennes, Occitanes, Savoyardes, Kanaks, Martiniquaise (gouvt.Autonomiste !)…
;;
Si l’on excepte l’Alsace, la réforme territoriale a eu d’heureux résultats : Normandie réunifiée, Bourgogne et Franche-Comté réunifiée comme au temps des ducs de Bourgogne, Midi-Pyrénées et Languedoc unifiés dans un grand ensemble qui est un début de collectivité occitane.